samedi 31 décembre 2011

Meilleurs voeux pour cette nouvelle année 2012.



En cette fin d’année, il est de coutume de faire un bilan et de prendre de bonnes résolutions (généralement celles  de l’année écoulées qui n’ont pu être tenues !). Pour ne pas déroger à cette tradition tout en étant succinct, je vous livre 4 coups de coeur qui ont émaillé l'année 2011. Pas de panégyrique, ni de diatribe mais un simple best of qui n’a aucun caractère exhaustif et est totalement subjectif.

© Glénat 2011 - Pelet/Vicomte
La bonne surprise de l’année est sans aucun doute le Sasmira de Vicomte & Pellet, souvent annoncé... autant de fois reporté,  il aura  fallu attendre près de 14 ans pour connaitre la suite des aventures de Stanislas et Bertille. L’album n’est pas exceptionnel mais il est l’occasion de retrouver le dessin superbe de Laurent Vicomte et  de remercier Claude Pellet !
© Futuropolis 2011 - Bonin
En ces temps où le genre fantastique se cherche dans une surenchère d’effets, la Belle image, album au surréalisme désuet, est une véritable bouffée d’air frais. Un album tout en finesse et en subtilité, littéralement porté par le graphisme fin et élancé de Cyrille Bonin.
© Dargaud 2011  - Munuera
/Díaz Canales
Autre coup de cœur pour le diptyque de Juan Díaz Canales et José-Luis  Munuera : Fraternity. Coté scénario, ces deux albums  possèdent l’intensité et la fluidité des beaux récits. Graphiquement Munuera sait parfaitement allier expressivité et intensité ! Deux albums superbes tout en délicatesse et en non dit !
© Glénat 2011 - Vincent/Pelinq
Je complèterai la liste par le Chimère(s) 1887 de Pelinq, Melanÿn et Vincent pour la richesse de son graphisme et la trame historique dans laquelle l’album s’inscrit.
Enfin, un petit coup de griffe pour les deux premiers albums des Dieux et des Hommes… vintages à souhait, à la limite du kitch et sans finalité apparente. Un bel exemple de marketing !
J’aurai pu également parler de Car l’Enfer est ici, Urban, Vies à contre-jour, Sambre T6, l’Héritage du diable T2, Succubes T2, Reconquête T1, les enfants de Jessica, Frenchman, Dorian Gray, Zombillémiun T2, Okko T7, Stalingrad Khronika T1, Il était une fois T5…. Mais il faut savoir se limiter.
Sur ces quelques mots, je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d’année.

vendredi 30 décembre 2011

Les bienfaits de la vie à la campagne...

Billet sur l'opus 1 des Innocents coupables : 1 - Fuite

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En 1912, il n'y a guère de différence entre une colonie agricole et le bagne si ce n'est l'âge des pensionnaires. Dans ce microcosme où l'humiliation et la brutalité ont force de loi, Honoré, Adrien, Miguel et Jean découvriront que, face à l'adversité, l'union peut-être une force.

© Bamboo 2011 Anlor/Galandon
Sujet pour le moins inhabituel et méconnu que celui des colonies agricoles dans lesquelles les jeunes délinquants (mais pas seulement) du début du siècle dernier étaient enfermés. Et même si aujourd'hui, nous pouvons difficilement appréhender ce que pouvait être quotidiennement la vie dans ce type d'établissement, Laurent Galandon  évite de tomber dans le cliché. En effet, une rapide recherche sur Internet permet de reconnaître sous le dessin d'Anlor, l'une des plus célèbres colonie agricole de France, celle de Mettray en Indre-et-Loire qui entre 1839 et 1939 vit passer plus de 17000 colons dont un certain Jean Genet.
L'univers carcéral  suscite toujours une certaine fascination et il n'y a qu'à regarder certaines séries télévisées pour s'en convaincre. Toutefois, la réalité est toute autre comme l'écrivait un certain Alexis Violet à propos de Mettray « Cela tenait du cloître, de la prison, du collège, du régiment. On a dit de Mettray, ce bagne d’enfants, que c’était une prison dont les murs étaient des buissons de roses. On pouvait s’en évader très facilement, mais on était vite repris, chaque paysan recevant à cette époque une prime de cinquante francs par colon évadé qu’il ramenait ; la chasse à l’enfant avec fourches, fusils et chiens devint une véritable industrie dans la campagne alentour. ».
Les Innocents coupables utilise ce contexte historique particulier pour mieux mettre en valeur la dimension humaine de l'aventure de ces 4 adolescents qui pour faire face à l'adversité feront appel à la solidarité et l'amitié. Le message est volontairement positif... Il aurait pu être plus contrasté mais en 3 albums il faut savoir être synthétique ! Au delà  d'un scénario qui ne sombre pas dans le misérabilisme, le graphisme semi-réaliste d'Anlor apparaît, malgré toutes ses qualités, trop … juvénile par rapport à l’âpreté du contexte. Mais il convient de noter que pour un premier album, l'essentiel est là et de belle manière malgré un traitement (informatique?) de la couleur qui ôte beaucoup de puissance au dessin et à l'histoire.

Quoiqu'il en soit, nous n'aurons pas beaucoup à attendre pour découvrir la suite des aventures des jeunes fugitifs puisque le deuxième opus est promis pour début 2012 et que le story-board du troisième serait terminé !


vendredi 23 décembre 2011

Entre Jolanne et Mylène, il vous faudra choisir !

Cet été, l'adaptation TV de l'Epervier de Patrice Pellerin sur France 2 m'avait laissé pour le moins circonspect et après réflexions, j'étais arrivé aux trois conclusions suivantes :

·     derrière chaque téléspectateur ne se cache pas forcément un Bédéphile averti ; 
·     le relatif succès de l'Epervier, dans sa version TV, est surtout le fait d'une adaptation qui a su... adapter la BD aux règles de l'Audimat ;
·     mieux vaut considérer BD et  série TV comme deux produits différents ne répondant pas aux mêmes critères afin de couper court  à toute comparaison inutile.

Credit photo : © Le Médiateurteaseur.fr
Aussi pour la nouvelle série de France 2 qui sévit le mercredi soir, il convient d'appliquer les 3 principes énoncés ci-avant afin d'éviter toute déconvenue surtout que dans le cas présent, la BD constitue l'adaptation d'un scénario originel de Van Hamme.

Sur le papier, l'histoire  de Jolanne de Valcourt  est cousue de fil blanc. Sexe, amour et trahison forment un triptyque d'une banalité convenue que l’élégance du dessin de Françis Vallès ne peut faire oublier même lorsqu’il s’attache aux courbes de notre jeune rebelle. 

Sur l'écran, les choses sont encore plus convenues et cèderaient même à la facilité en jouant (trop) sur la plastique de Jolanne de Valcourt  et sur sa sensualité aussi exacerbée que faussement naïve. Presque 50 après, France 2 réinvente Angélique  Marquise des Anges, en remplaçant une Michèle par une Mylène, mais avec le panache en moins… dommage !

Une question demeure cependant : que reste-t-il aux amateurs des aventures papier de notre jolie héroïne si tout est divulgué sur France 2 ? A espérer qu'ils n'ont pas la télévision ou qu'ils regardent d'autres programmes sur d'autres chaînes... à moins qu'ils profitent de l'occasion pour lire quelques BD !

samedi 17 décembre 2011

Compte à rebours pour les Archontes

Billet sur l'opus 24 de L'histoire secrète : La guerre inconnue

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En 1983, des côtes du Liban aux faubourgs de Berlin, des hautes vallées d’Afghanistan aux ruelles de Peshawar, Erlin et Reka se (re)trouvent confrontés à un ennemi jusqu’ici inconnu. Palpitant ! 

Plus la fin des Archontes semble imminente, plus la série se densifie et se bonifie. Jean-Pierre Pécau maîtrise parfaitement les rouages de notre histoire contemporaine et sait en donner une lecture différente et des plus ésotériques. Avec un brio consommé, il traverse les lieux et les époques avec une facilité déconcertante. Ce tango spatial et temporel - à l’image des Archontes présents de tous temps et en tous lieux - constitue un élément structurant et récurrent des scénarii de Jean-Pierre Pécau et s’avère indispensable à la compréhension générale de chaque album. Montées comme dans une série télé, les séquences s’enchaînent à un rythme effréné et ne laissent que peu de répit au lecteur. Coté graphisme, un petit bémol toutefois concernant le dessin d'Igor Kordey qui perd quelque peu de sa précision : à vouloir trop dessiner et trop vite (2 albums par an pour cette série) la qualité en pâtit quelque peu ! Mais les amateurs d’Histoire secrète ne lui tiendront pas rigueur de ces quelques imprécisions qui finissent par caractériser son dessin.

Un album dense qui donne une lecture pour le moins particulière de cette année 1983.

dimanche 11 décembre 2011

Bigeard... vous avez dit Bigeard !

Billet sur l'opus 5 du Grand Jeu : Le roi dragon

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Sur les hauts plateaux du Tonkin, au pays des papillons carnivores, Serge Nestor et le capitaine Bigeard sont sur les traces d’un hypothétique passage vers un monde souterrain aussi dangereux qu’inconnu. Déconcertant !

Issu de la collection Série B de chez Delcourt, Le Grand Jeu mélange allègrement cadre historique divergeant, fantastique ésotérique et épopée guerrière en une uchronie sans prétention qui se joue des situations et des personnages historiques avec désinvolture. Tout l’art de la bonne uchronie consiste à rendre un passé improbable…. plausible et à cet exercice Jean-Pierre Pécau excelle. Le Roi Dragon comme Indochine s’ancrent dans une Cochinchine de cinéma avec ses claques, ses fumeries d’opium, son Viet-minh et sa Légion … le tout rehaussé d’une petite pointe de fantastique pour pimenter l’ensemble : c’est délicieusement 50’s. Mais la force des grands scénaristes est de savoir choisir les dessinateurs capables de valoriser leur histoire. Tel est le cas ici avec Léo Pilipovic dont le graphisme  réaliste entérine le scénario de Jean-Pierre Pécau et donne à l’album la touche de concret - de rationnel oserait-on dire - qui rend cette uchronie crédible.

Encore un album qui relève la limite ténue entre pure fiction et uchronie … ici cela tient à quelques références historiques et à diverses figures du Panthéon politique français d’après guerre.

mardi 6 décembre 2011

Vols de Stryges...

Billet sur l'opus 14 du Chant des Stryges : 14 - Enlèvements

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Debrah ne veut pas décider seule du sort des Stryges et souhaite avoir l’avis des Hybrides. Mais cet élan démocratique pourrait être fatal aux mythiques êtres ailés, c’est du moins ce que pensent Abeau et Cylinia. Un nouvel album aussi sombre que captivant.
14ème album, 2ème épisode de la 3ème saison (comme les séries TV !) et toujours autant de suspens ! Si l’essentiel est désormais connu, il reste encore à donner un sens à l’existence des Hybrides, un destin aux Stryges… et à expliciter les liens qui semblent unir les humains et ces créatures surgies dont ne sait où ! Donc pas de soucis pour Eric Corbeyran, qui ainsi possède toute la matière nécessaire pour les 4 prochains albums. Avec Enlèvement, l’homme qui scénarise plus vite que son ombre (déjà plus de 200 albums !) assemble sous nos yeux - violemment mais efficacement - les différentes pièces d’un puzzle qui devrait trouver son épilogue lors du 6ème et dernier opus du cycle.  A noter la performance qui consiste à livrer, à chaque album, une part d’explications tout en arrivant à faire surgir de nouvelles situations et donc… de nouvelles questions !
Parallèlement, Richard Guérineau soutient la cadence sans céder à aucune facilité. Cadrage, rythme et dessin sont totalement maîtrisés et sauf à ne pas accrocher à son graphisme, il n’y a pas grand-chose à reprocher à ses planches.

Un album efficace qui vient compléter une série déjà riche et qui sait s’auto-renouveler intelligemment.

samedi 3 décembre 2011

Joli concert de louanges pour une "Fausse note"

Billet sur l'opus 2 de SasmiraFausse note

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Alors que Bertille est sujette à de mystérieux malaises, Stanislas succombe aux charmes de Sasmira. Entre l’amour de l’une et sa fascination pour l’autre, le jeune pianiste devra choisir. 14 ans après l’émotion est toujours au rendez-vous.
Future consécration grand public ou simple succès d’estime pour initiés, le tome 2 de Sasmira est enfin sorti ! 14 ans que certains attendaient cet album maintes fois annoncé, autant de fois reporté ! Les Humanoïdes Associés ayant jeté l’éponge  face aux états d’âme autodestructeurs de Laurent Vicomte, Glénat a repris le flambeau. Sans trahir de secrets, la sortie de ce deuxième opus s’est réalisée dans la douleur et aura laissé quelques séquelles … Gageons qu’ils n’hypothéqueront pas  la sortie du troisième et dernier volet de cette ensorcelante histoire. 
Visuellement, l’album est superbe et tout particulièrement somptueux dans ses 19 premières planches. Ce n’est pas faire injure au talent de  Claude Pelet que de reconnaître une différence entre son dessin et celui de Laurent Vicomte. Il y a dans l’approche graphique de ce dernier une élégance, une émotion  et une puissance que peu de dessinateurs maîtrisent. Dès lors, il devient difficile - voire impossible - de soutenir la comparaison surtout sur un même album. Cependant, dans sa tentative de faire à la manière de, Claude Pelet se sort de ce périlleux exercice avec les honneurs et il faut lui reconnaître le mérite d’arriver à nous faire – presque - oublier Laurent Vicomte.
Une fois parlé du dessin – et de la mise en couleur toute aussi réussie - il faut également aborder l’histoire qui n’est pas sans présenter certaines similitudes avec La ballade du bout du monde. Même réalité contemporaine plongée dans un passé qui la dépasse mais qui lui permettra de se trouver un sens. Autour de Bertille, sublime de candeur amoureuse,  et  de Sasmira à la divine beauté, Laurent Vicomte nous tissent une histoire où réalité et temps passés s’entremêlent en un délicat écheveau d’où ils tirent subtilement le fil d’un scénario terriblement prenant…

Même s’il n’est pas exempt de certains défauts, il ne faut retenir de cet album que le plaisir de retrouver l’espace de quelques planches Laurent Vicomte et d’avoir en Claude Pelet quelqu’un qui pourrait terminer cette histoire…. commencée il y a 14 ans !

mardi 29 novembre 2011

Sens en effervescence à Agra...

Billet sur l'opus 1 de Muraqqa' : 1 - Vétue par le ciel

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Priti aime être habillée par le ciel et dessiner. Son talent lui vaut l’attention de l’impératrice Nur Mahal qui exige qu’elle réalise un Muraqqa’ sur la vie du harem de l’empereur Jahangir. Dans ce huis clos aux mille et unes actrices, la réalité est cependant bien différente de celle fantasmée par ceux qui ne peuvent y pénétrer. En découvrant ce microcosme sensuel et coloré où vices et vertus se côtoient quotidiennement, Priti ira de surprise en surprise…

Muraqqa’ s’apparente plus au conte romanesque qu’au récit d’aventure et les amateurs d’actions trouveront donc le scénario d’Emilio Ruiz bien linéaire et sans grande surprise. Mais l’important est ailleurs et cet album est l’occasion de faire une incursion dans un monde aux antipodes géographiques, sociaux  et moraux de notre vieille Europe : celui de l’Inde et du palais d’Agra.
Dans ce 1er album, Emilio Ruiz installe donc ses personnages et nous livre les premières clefs du fonctionnement du Zenana, écrin au sein duquel la série  (4 albums) se déroulera. Toutefois, la pléthore du casting de cet opus le rend quelque peu confus et peut, à la longue, nuire à la lisibilité d’une histoire qui apparaît  à l’unisson du harem : tout en profusion, subtilité et  complexité !
Parallèlement, le trait d’Anna Miralles est d’une grande sensibilité et se prête toujours aussi bien aux univers féminins. Cependant, la comparaison avec le Pavillon des plaisirs est inévitable et à ce petit jeu, Muraqqa’ apparait graphiquement en retrait. En effet, Anna Miralles développe sciemment un trait plus simple, moins réaliste - voire parfois caricatural notamment au niveau de l’expressivité de certains personnages - et un dessin moins riche et luxuriant que dans Djinn. Ce choix permet d’équilibrer l’album puisque la relative sobriété de son approche graphique tempère la sophistication toute orientale du scénario.
Muraqqa’ est un album qui s’intellectualise, tout comme l’univers qu’il décrit… Bien que pour les nombreuses pensionnaires du Zenana, les sens peuvent parfois primer sur l’Essence !

dimanche 27 novembre 2011

L'immortalité n'est pas éternelle !

Billet sur l'opus 2 de U-Boot : Herr Himmel

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Quel lien peut-il exister entre un ancien U-Boot échoué sur les rives de l’Amazonie en 1945 et une série de meurtres à Venise en 2059 ? Rien ! Sauf peut-être un homme qui semble défier le temps.

Impression mitigée pour le  2ème tome (et dernier) tome d’U-Boot. En premier lieu la structure de l’album : Jean-Yves Delitte prend le parti pris de développer son histoire selon 3 pas de temps différents et  ce sur autant de lieux géographiques … Progressivement, le lecteur comprend que l’action principale se déroule 2059 et que les flashbacks récurrents doivent lui permettre de mieux comprendre les raisons qui poussent une jeune femme blonde à éliminer froidement plus de 5 personnes. Cependant, ce procédé rend la lecture saccadée et parfois déroutante même si le découpage reste globalement cohérent. En second lieu, l’histoire : le scénario de Jean-Yves Delitte présente dans sa 2ème moitié quelques faiblesses pour ne pas dire quelques facilités dans l’usage de l’ellipse qui surprennent et donnent à l’album des airs de patchwork.  En troisième et dernier lieu, le graphisme  : le dessin de Jean-Yves Delitte présente une hétérogénéité troublante. Ainsi certaines planches semblent bénéficier d’une approche graphique différente du reste de l’album.   Une telle distinction de traitement apparaît d’autant plus nettement que la plus part des planches sont d’une précision et d’un réalisme qui fait la spécificité du dessin de Jean-Yves Delitte. Tout juste peut-on regretter le manque de féminité de la gent …. féminine !

En résumé, un triptyque aurait permis de (mieux) développer certaines séquences et de donner, ainsi, plus de profondeur à un récit par trop elliptique.

dimanche 20 novembre 2011

(BD) Boum, j’ai le cœur qui fait (BD) Boum... (air connu !)

Petite journée incontournable en cette fin novembre par Blois où le plateau était, comme chaque année, de qualité.  

BD Boum arrive à garder ce fragile équilibre qui fait qu’il demeure encore un festival à taille humaine et convivial. Au-delà des inévitables et incontournables files pour certaines pointures, il y a une kyrielle d’auteurs peut-être moins en vogue mais tout aussi intéressants. Ainsi, sans aucun parti pris si ce n’est celui du temps, voici quelques potins glanés ci et là :
  • Patrick Prugne prépare une suite à Frenchman qui se déroulerait en 1812,
  • Jean-Denis Pendanx est près à s’atteler aux 8 ou 9 tomes (mais ais-je bien compris) de Svoboda ! et ce à un rythme de 2 albums par an (Stakhanov quitte le corps de Jean-Denis Pendanx !), 
  • David Nouhaud a déménagé et a laissé tombé (momentanément) le boulot d’opticien pour se consacrer entièrement au tome 2 de Car l’enfer c’est ici,
  • Agnès Maupré a finalement bouclé le tome 2 de Milady de Winter dans les temps et a, du coup, évacué toute la pression. Parution confirmée en janvier 2012,
  • - - - - - - -  veut (amicalement) casser les doigts (sans préciser combien et de quelle main) à - - - - - - -  car "Il est trop fort", 
  • Anlor et Laurent Galandon prévoient donc 3 tomes aux Innocents coupables dans lesquels amour et gente féminine seront (beaucoup) plus présents.
  • Miceal O’Griafa est toujours aussi volubile  et David Charrier a déjà story-boardé  le tome 2 (aucune relation de cause à effet !),
  • Enrique Corominas à réaliser son rêve : mettre en dessin son œuvre préférée. Après un petit break pour revenir à l’illustration, il aurait un nouveau projet…
  •  Les performances en live de Frank Pé sont toujours à tomber,
  • ...

Bref un festival où curieux d’un jour et chasseurs de dédicaces peuvent trouver leur compte, alors que demander de mieux !

NB : L’année prochaine, c’est promis : une journée consacrée aux dédicaces et une autre aux expositions !


vendredi 18 novembre 2011

Spyder se prend les pied dans la Toile...

Billet sur l'opus 4 de Spyder : Chasse à l'homme

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A Macao, les secrets des services de renseignements  sont mis en jeu… Un traitement spécial cependant pour un agent du HK3 dont le sort dépendra d’une main chanceuse au poker ! Voilà de quoi rendre nerveux toutes les officines de la planète.
Après 4 albums, Spyder apparaît comme une série passée à coté de son sujet. Il y a quelque chose de surprenant et de déroutant dans l’entêtement dont semble faire preuve Sébastien Latour… Pourquoi refuser de plonger ses albums dans le registre de l’anticipation alors même que l’idée de base abordée dans Ombres chinoises ouvrait  des perspectives des plus intéressantes. Mais dès Dragon céleste  (le 2ème album)  la rupture est définitivement consommée et la série s’oriente résolument vers l’espionnage… de mémoire, seule la planche 19 d’Old school laissera entrevoir le fameux vaisseau. Inutile donc de pleurer sur ce que cette série n’est pas et concentrons nous sur ce quelle ! Survitaminée, commercialement très bien calibrée mais classique (à la limite du convenu), Spyder utilise habilement tous les codes du genre avec une réelle efficacité graphique et ce quelque soit les 3 dessinateurs (Mr Fab, Afif Khaled et Sébastien Vastra,) qui se sont relayés sur les 4 albums. Mais in fine, le lecteur ne retient que peu de chose des aventures du talentueux Jonah Bao et de le belle Meilin.

Un goût d’inachevé donc pour cette série dont le quatrième album pourrait fort bien constituer la fin d’un 1er cycle…

mardi 15 novembre 2011

Laura, Mary, Emma, Susanna ... et les autres

Billet sur l'album Vies à contre-jour

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L’histoire de Laura, Mary, Emma, Susanna et de quelques  autres offrent un moment de lecture intense et captivant à la fois.
Album surprenant s’il en est, Vies à contre-jour nous montre une tout autre facette du duo espagnol Raule/Roger, à cent mille lieux des faubourgs de Barcelone et de sa violence. Bien que précédant de quelques années la parution des aventures du trompettiste barcelonais, le trait si caractéristique de Roger est déjà en place et même s’il lui manque encore la finesse, la précision et l’impact atteint dans Jazz Maynard, l’essentiel est déjà là. Organisées en 2 parties Amores muertos et Cabos sueltos,  toutes les nouvelles possèdent cependant un dénominateur commun : la puissance des scénarii de Raule. En seulement 2, 3, 6, 7 ou 8 planches, il résume  la vie de ses personnages avec une sobriété, une justesse et une précision impressionnantes : à ce titre Susanna et Inconnus intimes sont de petits bijoux de concision pour lesquels la complémentarité des deux auteurs est une évidence. La puissance narrative de ces instant(ané)s de vie tient autant dans  la sensibilité du dessin de Roger que dans les non-dits ou les silences que Raule distille savamment.   

Album qui pourrait-être qualifié de "jeunesse",  Vies à contre-jour laisse déjà deviner toutes les qualités que nous retrouverons quelques années plus tard sur Jazz Maynard.

dimanche 13 novembre 2011

Aux frontières de l'Empire... Rome n'est pas éternelle !

Billet sur l'opus 3 des Aigles de RomeLivre III

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Les terres de Germanie font peur à Rome et le préfet Varus est là pour imposer définitivement la puissance romaine. Telle n’est pas la vision d’Arminius qui devenu roi des Chérusques, se rêve désormais en chef de guerre germain plutôt qu’en préfet romain… Arminius veut défier Rome !

Enrico Marini est un dessinateur de talent et « Les Aigles de Rome » constitue certainement sa série la plus aboutie car au delà de l’indéniable qualité graphique de son dessin, l’approche des personnages est totalement différente de celle que l’on ne retrouve sur « le Scorpion ». Amitié, sexe, passion et trahison prennent ici une toute autre dimension et  s’inscrivent non seulement dans une trame historique (plus) forte et moins esthétisée mais également dans un graphisme plus réaliste. Gageons que le fait de passer de 3 albums à 5 (voire 6) permettra à Enrico Marini de complexifier encore plus ses personnages et de densifier son scénario afin d’aller au-delà des stéréotypes.
Rome est décidément à la mode. Avec « Murena »,  nous avons actuellement deux séries de choix qui prennent pour décors la même période historique. Mais si duo Delaby/Dufaux restent dans une Rome intra muros et très historique, Enrico Marini n’hésite pas à aller aux frontières de l’Empire là où la civilisation romaine avait le plus de mal à s’exprimer. A l’évidence, Enrico Marini s’appuie sur de sévères références bibliographiques mais son album n’en est pas pour autant historique et là réside toute sa différence et son intérêt !

Ce troisième opus des Aigles de Rome est un vrai plaisir pour les amateurs de scénarii qui se tiennent. Ajoutons à cela une approche graphique qui évite les pudibonderies inutiles et sait mettre en exergue les subtilités des guerres de conquête et l’on obtient un bon album, dense et solide.

jeudi 10 novembre 2011

Les enfants d'Emeraude

Billet sur l'opus 1 des Chevaliers d'Emeraude : 1 - Les enfants magiques

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Après des années de paix, le royaume d’Emeraude est de nouveau menacé. Mais cette fois si, plus d’armée pour repousser l’invasion d'Irianeth, seulement 7 chevaliers !

Anne Robillard auteur(e) de la success story  Les Chevaliers d'Émeraude scénarise  l’adaptation BD de son univers littéraire. Un produit dérivé pourrait-on croire ? Peut-être ! Mais il s’agit ici d’une histoire inédite : l’occasion rêvée pour les jeunes fans de la romancière de découvrir le monde de la BD. Pour transcrire cet univers riche et foisonnant de mille et un sortilèges, l’écrivain(e) a jeté son dévolu sur Tiburge Oger. Choix judicieux s’il en est puisque le dessinateur charentais possède un dessin délié et enluminé qui sait parfaitement donner forme et vie à l’univers médiéval et fantastique d’Anne Robillard. Pour les plus âgés, cet album pourra paraître quelque peu linéaire et de peu de consistance mais il n’est pas forcément fait pour eux ( Quoique ! Puisqu’il faudra bien écouler les 90.000  exemplaires du 1er tirage ….).

Un premier album riche et coloré qui ravira les amateurs de monde imaginaires remplis de fééries, de sorts et d’enchantements de toute nature….

dimanche 6 novembre 2011

Je suis libertine ... (air connu)

Billet sur l'opus 2 de La guerre des Sambre : Automne 1768 - La messe rouge

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En cet automne 1768, entre parties de chasse ou de cartes, les pulsions amoureuses des un(e)s répondent aux passions des autres et la comtesse Jeanne-Sophie de Sambre en est la grande ordonnatrice.
La guerre des Sambre est de ces albums qu’il faut prendre le temps de lire et de regarder. Tout d’abord, il y a le dessin superbe de précision, de finesse et d’élégance de Marc-Antoine Boidin qui sait parfaitement mettre en images et en mouvements des personnages tout droit sortis des « Liaisons dangereuses » de Pierre Choderlos de Laclos ou « Barry Lyndon » de Stanley Kubrick. Les intrigues et les libertinages des personnages prennent une dimension (presque) esthétique mais au delà de l’apparence, tous les sentiments de la comédie humaine sont là et Marc-Antoine Boidin est de ceux qui savent leur donner forme humaine : Jeanne-Sophie est remarquable de cynisme et de machiavélisme, Charlotte est émouvante de naïveté et de fragilité. De plus, la mise en couleur est superbe notamment dans les ombres et les maquillages qui renforcent la théâtralité des personnages. Toutefois, l’habileté seule d’un dessinateur ne saurait faire d’un bel album… un très bon album. Il faut que le scénariste puisse donner à l’ensemble cohérence et cohésion et à ce jeu Yslaire fait preuve d’une parfaite maîtrise. Il sait donner à son récit le rythme et la profondeur qu’il convient. L’emploi du récitatif pose les scènes dans lesquelles les personnages n’ont plus qu’à évoluer, l’ensemble s’enchaîne avec fluidité et évidence.

Une série superbement racontée et merveilleusement illustrée.

samedi 5 novembre 2011

Valérian.... sors de ce corps immédiatement !

Billet sur le one shoot : L'armure de Jakolass

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Par la faute de l’infââââââme Jesperiank de Jakolass, Valérian est désormais prisonnier dans le corps de René, alcoolique anonyme et pilier de comptoir notoire... Les chemins de l’Espace sont parfois sinueux, voire un brin tortueux !

Nous pensions tous que les Portes de L’Ouvre Temps s’étaient définitivement refermées et que Valérian et Laureline vivaient désormais une adolescence heureuse loin de foudres d'Hypsis ou des pays sans étoile. Erreur ! Surgissant des limites connues de la Grande Nébuleuse Dargaud, Manu Larcenet nous rappelle que les vrais héros ne meurent jamais.
Exercice délicat que de reprendre une série comme Valérian sans tomber dans le pastiche (pour René ce sera  un Pastis !), le spin-off ou la mauvaise copie. Il faut reconnaître que Manu Larcenet s’en tire plutôt bien puisqu’il sait donner le juste équilibre à cet album en développant sa propre interprétation de l’Univers imaginé par Jean-Claude Mézière et Pierre Christin.
Sans être un chef d’œuvre inoubliable, l’armure de Jakolass est à prendre comme un bon moment de détente, un tantinet déroutant et  un rien jouissif. Et cerise sur le gâteau, en faisant de René Perouillaud le véritable héro de cet album – merci les Shingouzs - Manu Larcenet donne à l’ensemble cette petite pointe d’irrévérence somme toute (très) respectueuse qu’il sied d’avoir pour se démarquer de l’œuvre originelle.

Ceci dit, ceux qui voudront également s’essayer à l’exercice vont souffrir…   

mardi 1 novembre 2011

Tournez... Général !

Billet sur l'opus 1 de Stalingrad Khronika  : Première partie

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Le camarade Staline veut un film à la gloire de la mère patrie, exaltant le courage des troupes soviétiques lors de la bataille de Stalingrad. Pour cela Kazimir, Yaroslav, Simon et Igor doivent coopérer mais tout les sépare sauf peut-être le camp de rééducation qui les guète s’ils échouent !
Sur fond de totalitarisme et de Deuxième Guerre mondiale, Franck Bourgereon et Sylvain Ricard nous livrent un bel album qui réussit à mettre la guerre en arrière plan pour privilégier une approche plus personnelle centrée sur les rapports que sont tenus de lier 4 hommes le temps d’un tournage et ce malgré leurs différences et leur l’aversion réciproque. Nulle considération stratégique ou militaire donc mais simplement les ravages et l’omniprésence de la pensée unique qu’imposa Staline … sans oublier la vodka, compagne indispensable au soldat qui lui permet de s’endormir et d’éviter de penser dans cet enfer de glace. L’ensemble est justement et sobrement mis en valeur  par le dessin de Franck Bourgeron qui possède toute l’expressivité requise pour traduire les tensions entre les personnages et mettre en évidence la dimension tragiquement théâtrale de ce champ de bataille.

Un joli album en vérité qui en appelle un autre… normal pour un diptyque !

lundi 31 octobre 2011

Pour l'Empire ... et le meilleur !

Billet sur l'opus 7 de Jour J : Vive l'Empereur

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1925, radié de l’armée française à la suite d’une altercation avec son supérieur, l’ex-capitaine Nerval est de retour dans un Paris qui s’affaire autour des préparatifs du sacre impérial. Malgré lui, l’ancien officier se retrouve au centre d’une machination qui vise à déstabiliser l’Empire français.
Avec « Vive, l’Empereur » Jean-Pierre Pécau et Fred Blanchard développent certainement leur uchronie la plus ambitieuse. Ainsi, l’Empire français est européen, le Royaume-Uni domine les mers du globe et la Chine observe les deux puissances en rêvant de prendre leur place ; la technologie de l’Empire est entièrement basée sur l’électricité, le pétrole est une découverte récente et l’énergie atomique n’en est qu’à ses balbutiements et tout cela dans un Paris architecturalement réinventé et survolé en permanence par une flotte de dirigeables. Si l’univers graphique est riche, le scénario flirte cependant avec les limites du genre. En effet, le principe  veut qu’à partir d’une variation d’un fait historique l’histoire soit différente : ici l’uchronie  a lieu en 1812 et l’action se passe en 1925… soit 100 ans après, dans un univers totalement recomposé. Dès lors, il devient problématique d’imaginer un Pétain se battant contre les anglais, une Mata Hari quinquagénaire mais encore terriblement attirante ou un certain Adolph Hitler manipulé, assassinant le roi d’Angleterre et déclenchant de fait une 1ère guerre mondiale. Le cartésianisme de certains aura peut-être du mal à assimiler cet univers improbable qui n’est pas exempt d’une relative démesure, en effet que dire de l’avènement d’un culte à Mithra ou d’une culture scientifique rétro-futuriste aux choix technologiques curieusement binaires. Il y aurait eu matière à faire au moins deux albums comme pour Septembre rouge/Octobre noir ce qui aurait permis aux scénaristes de mieux cerner les tenants et les aboutissants de leurs choix historiques et de ne pas se contenter de présupposés rapidement survolés malgré quelques longueurs inutiles.
Quoiqu’il en soit, si le sénario n'est pas sans reproche,  le graphisme de Gess (avec ses qualités et ses défauts !) permet de rattraper certaines ellipses par trop rapides. Initialement prévue en 6 albums, la série s’incrémenterait de 3 nouveaux opus…. attention à ne pas faire l’album de trop !

dimanche 30 octobre 2011

A l'abordage !


Sacrifiant à mes principes (il faut parfois !), j’ai profité de ce week-end pour aller (enfin) faire un petit tour à St Malo, moment désormais incontournable dans la saison d’un festivalier. Angoulême, St Malo, Blois … telle pourrait être la sainte trilogie de l’aficionado de BD du grand Ouest !

Tout d’abord, félicitations aux organisateurs car malgré ce que peuvent dire les visiteurs trop bousculés ou les festivaliers déçus de ne pas avoir eu toutes les dédicaces  qu’ils souhaitaient, il faut reconnaître que l’organisation d’un festival de cette ampleur relève du tour de force. Bravo donc !

Au-delà de ce satisfecit, je voudrais attirer l’attention sur le comportement d’une poignée d’individus. La chasse à la dédicace est une occupation comme une autre qui vaut bien la cococéphalophilie ou la glacophilie! Là où les choses dégénèrent, c’est lorsque certains s’organisent pour littéralement verrouiller certains auteurs. Lors du festival, il a ainsi été possible d’assister à la création de files officieuses  pour Lauffray ou  Vallée notamment… Qui ne s’inscrit pas dans cette file ne peut accéder à l’auteur, sauf en nième  position (n étant supérieur à 10) et sur une séance de dédicaces de 2 heures…. Je sais que c‘est une pratique couramment utilisée mais elle ne laisse aucune chance à ceux et celles qui ne connaissent pas le système… et attendent benoitement. Dans le même ordre idée, halte aux sacs mis en attente dans les files (officielles celles-là) alors que leurs propriétaires sont à l’autre bout du festival dans une autre file. Messieurs les organisateurs ne tolérez plus les files de sacs et veillez à ce que des files noires ne se constituent. Car petit à petit les BDphiles d’un jour finiront par se lasser et ce sont eux qui constituent la masse des acheteurs anonymes qui finalement font tourner la machine.

Mis à part le comportement discutables de certains, un grand « merci » aux auteurs qui durant 3 jours (moins pour certains !) ont aligné dédicaces sur dédicaces… du stakhanovisme à l’état pur ! Merci également aux maisons d’édition qui acceptaient les dédicaces à leur stand sans obligation d’achat. Je sais que la location du m² est relativement onéreuse mais quand l’album est  déjà acheté, il est difficile de concevoir qu’il faille en faire l’acquisition  de nouveau (ou en acheter un autre) pour le dédicacer !
Ceci étant dit, St Malo est une très jolie ville et le plateau de cette année était somptueux. Toutefois, je ne reviendrai pas car je préfère les petits festivals à taille plus humaine… ce qui n’enlève rien aux qualités de ce festival.

dimanche 23 octobre 2011

Le rêve déchu

Billet sur l'opus 2 de Fraternity : Livre 2/2

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En ces temps de famine et de guerre, la nature humaine reprend ses droits sur les idéaux et ce qui n’était qu’un doux rêve devient dès lors un véritable cauchemar. L’Utopie qu’est New Fraternity a vécu…

José-Luis Munuera et Juan Diaz Canalès nous avaient fortement impressionnés avec le tome 1 de Fraternity. Ce deuxième album s’inscrit dans la même veine mais dans un registre beaucoup plus sombre et désenchanté. Alors que le 1er opus laissait entrevoir une lueur d’espoir sur la pérennité du rêve de Robert Mc Corman, il est clair désormais que son Utopie ne lui survivra pas. Cet album nous plonge au cœur même des tensions de cette société improbable. Couleurs, cadrage, découpage, dialogues concourent à nous décrire la lente déliquescence de New Fraternity, symbolisée par le naufrage de Josiah - jadis pilier de cette  communauté et  aujourd’hui fossoyeur de celle-ci. Un album tourmenté dans lequel seules la fragile innocence d’Emile et la force de Fanny apportent une note d’amour et d’espoir. Un album qui sait mettre en images et en bulles toute une palette d’émotions humaines surtout les pires et ce en faisant preuve d’une grande maîtrise graphique et scénaristique  - voir la planche 33 ou le superbe double-pages (46/47) pour s’en convaincre !

Un très bel album qui se structure autour d’une question toute simple : la Bête est-elle celle qui vit au fond de la forêt ou celle qui est tapie au fond de chacun  d’entre-nous ?

Aloha, monsieur Simon Combaud

Billet sur l'opus 1 de Papeete 1914 : Rouge Tahiti

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A Tahiti, en cette année 1914, la guerre a quelque chose d’irréel. Et dans un Papeete qui se prépare au pire sans trop y croire, Simon Combaud pourrait croiser le mystérieux meurtrier qui s’attaque aux belles vahinés de la capitale polynésienne !
Rythmée par des cachets postaux, cette histoire policière possède cette nonchalance - toute polynésienne - qui consiste à vous faire lentement patienter afin de mieux vous faire apprécier les choses.  Didier Quella-Guyot prend donc le temps de poser son scénario en s’attachant à nous décrire les différents protagonistes tout en insistant sur le cadre historique dans lequel ils évoluent. S’étirant comme une chronique, Rouge Tahiti est avant tout une galerie de portraits ayant en toile de fond un évènement totalement méconnu de la Première Guerre mondiale : le bombardement de Papeete en septembre 1914 par 2 cuirassés de l'escadre allemande du Pacifique. Au regard de l’histoire, le découpage très classique tout comme le dessin Sébastien Morice s’inscrivent dans les tonalités de l’époque. Tout juste peut-on regretter le recours omniprésent de l’informatique … une mise en couleurs à l’aquarelle aurait, peut-être, été plus en harmonie avec le sujet et les lieux… Mais pour son second album, Sébastien Morice fait preuve de talent et son trait  qui oscille entre réalisme et approche plus stylisée possède ce rien de désuétude  qui sied parfaitement à l’époque.
Un album qui tarde - peut-être -  à monter en puissance mais qui sort quelque peu des sentiers battus en mêlant adroitement fiction et histoire. La guerre a quelque chose d’incongru à Tahiti, n’est-il pas ?

samedi 22 octobre 2011

Billet sur l'opus 7 de Okko : Le cycle du Feu - I

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L’union entre les familles Pajan et Yommo induira un nouvel équilibre dans l’Empire de Pajan qui obligera les familles Bashimon et Akutu à porter allégeance à un nouveau maître. Okko est la 101ème lames de la Garde Blanche qui assure la sécurité et le bon déroulement des cérémonies.

Hub poursuit sa saga avec une maturité et un brio qui force l’admiration. Les aventures du Samouraï déchu prennent une dimension épique qui en fait une (très) grande série. Ainsi, ce 4ème cycle – celui du Feu – est tout simplement superbe de précision, de richesses des couleurs, d’expressivité des personnages et de beauté des décors : un véritable régal pour les yeux. Parallèlement, le scénario tout en faux-semblants est complexe mais reste très lisible et d’une belle intensité.

Un album passionnant… à relire en attendant le 2ème tome du cycle !

mardi 18 octobre 2011

Il est des plaies qui jamais ne se referment...

Billet sur l'opus 2 de Barracuda : Cicatrices

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Sur l’île de Puerto Blanco, les années se sont écoulées et Maria comme Emilio ont grandi. Mais l’arrivée du Capitaine Morkam va raviver certaines plaies qui peinaient à se refermer. Dès lors, la toute relative quiétude qui prévalait jusqu’alors sur l’île pourrait-être remise en cause…
Il est des auteurs qui bénéficient pour leur premier album d’un contexte favorable… Jeremy est de ceux-ci puisque Jean Dufaux a pris en main l’écriture du scénario de « Barracuda ». L’expérience partagée sur Murena ou La complainte des Landes Perdues  a certainement permis au scénariste belge de prendre la mesure du potentiel de son jeune protégé en tant que dessinateur… Avec un 1er album réussi, ce dernier était (très) attendu sur ce deuxième opus… et en cette époque éminemment rugbystique, il est aisé de dire que l’essai est transformé. Au gré des 54 planches, Jeremy maîtrise parfaitement son dessin et ses cadrages. Son graphisme réaliste, au trait fin et précis, est emprunt d’une belle élégance qui manque encore toutefois de la fluidité que seule l’expérience lui donnera. Coté scénario, le choix de Jean Dufaux de raconter une histoire de pirates en huis-clos… sur une île de surcroit est pour le moins inattendu et n’est pas exempt de risques. Mais l’expérience est là et l’art du maître lui permet d’éviter les écueils sur lesquels d’autres se seraient échoués. Ainsi Jean Dufaux sait entrecroiser la destinée de ces jeunes protagonistes, louvoyer sur l’ambigüité des sentiments (et des genres…) ou pimenter l’ensemble avec des considérations historiques et politiques quelques peu visionnaires. Quoiqu’il en soit, si les ressorts de l’intrigue restent sur le fond très classiques, la manière de les traiter sort des sentiers battus.
Cicatrices est un bel et bon album d’Aventure qui devrait pouvoir dépasser le cadre du simple triptyque.