lundi 8 octobre 2012

Les Blondes peuvent induirent une dépendance !

Chronique sur l'opus 3 de NicoFemmes fatales

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© Dargaud 2012 : Berthet & Duval
Depuis qu’en 1947 les vestiges de deux vaisseaux extra-terrestres furent retrouvés au Nouveau Mexique et en Sibérie, l’Est comme l’Ouest connaissent une évolution technologique sans précédent. Toutefois, que deviendrait ce fragile équilibre si l’un des deux blocs venait à disposer de ceux qui inventèrent ces techniques ? Après s’être fait piégée à Paris dans Atomium-express et avoir finalement sauvé le monde d’une troisième guerre nucléaire dans Opération caraïbes, Nico part à la recherche de sa mère et tentera, au passage, de préserver l’un des secrets les mieux gardés des États-Unis. Ainsi, Femmes fatales clôture t-il cette série qui, en trois albums, a su imposer son style, sa marque.

Tout d’abord, il y a ces silhouettes élégantes que Philippe Berthet stylise mieux que quiconque. S’inscrivant dans la lignée de Pin-up et largement inspirée de l’égérie homonyme du Velvet Underground, Nico est l’archétype féminin de la fin des années soixante – celui de Bardot ou de Courrèges - en opposition aux canons du cinéma hollywoodien des années cinquante dont Oca - mélange d’Ava Gardner et de Grace Kelly - est la divine représentante. Mais au-delà des formes sculpturales de ses héroïnes, le trait du dessinateur fait merveille. Épuré, pour ne retenir que l’essentiel, son graphisme apporte sobriété aux décors et expressivité aux personnages, condensant en soixante-deux planches tout ce qu’il est possible de faire aujourd'hui en matière de ligne claire. Cependant, le travail de Philippe Berthet ne peut être totalement dissocié de celui d’Hubert qui, par un choix judicieux et totalement approprié des couleurs, travaillées en aplats, renforce le côté sixties de l’ensemble et contribue pleinement à l’identité visuelle de la série.

Familier du genre avec Jour J, Fred Duval inscrit son récit dans un univers uchronique crédible. En effet, Nico revisite les coulisses de la Guerre froide, prenant bien soin d’en adoucir les rigueurs en installant, en parallèle, un récit centré sur la quête identitaire de la jeune recrue de la CIA. Ainsi, cet opus arrive à maintenir un subtil équilibre qui permet de creuser la personnalité de Nico, sans sacrifier ni au rythme, ni à l’action. De plus, en mêlant protagonistes fictifs et personnalités ou évènements ayant réellement marqués cette période, l’album s’inscrit dans un univers rétro-futuriste familier.

Très travaillé, simple et épuré, sans toutefois être simpliste ou superficiel, Femmes fatales - graphiquement irréprochable - constitue un divertissement des plus agréables… et si Vadim créa la femme, Berthet est l’un de ceux qui la dessine le mieux !

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