jeudi 1 novembre 2012

La fin de Joseph Joanovici

Chronique sur l'opus 6 de Il était une fois en France : La terre promise

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© Glénat 2012 - Vallée & Nury

Certains titres s’illustrent une année. Beaucoup plus rares sont les séries qui marquent les esprits sur une décennie, voire au-delà. Il était une fois en France appartient vraisemblablement à cette catégorie, même s’il est peut-être un peu tôt pour l’affirmer. Quoiqu’il en soit, personne ne pourra contester la qualité et la constance des six albums parus depuis l’automne 2007.

Voici donc le dernier volet des aventures de Joseph Joanovici qui doit désormais solder ses comptes. Même s’il possède un carnet d’adresses fourni et cette capacité à toujours rebondir, le vide qu'il fait progressivement autour de lui en sacrifiant un à un ses compagnons de route (même les plus dévoués) et l’acharnement obsessionnel du petit juge de Melun auront raison du ferrailleur. Seule Lucie, qui paradoxalement, le trahira par amour, lui restera fidèle.

Plus que l’ambiguïté de l’homme et des années qui furent le théâtre de son ascension fulgurante puis de son inexorable descente aux enfers, c’est la manière dont Fabien Nury et Sylvain Vallée mettent en scène sa vie qu’il convient de souligner. La grande force des auteurs est de ne pas avoir cédé à la facilité d’un récit à charge ou à décharge, sur un individu ou une époque, et de montrer comment ceci fut possible sans pour autant porter de jugement, laissant ce soin à leurs lecteurs.

Parallèlement, scénariste et dessinateur ont su très judicieusement faire évoluer leurs personnages, ne serait-ce qu’en les faisant vieillir, et donner une dimension cinématographique à leur fiction, lui conférant ainsi encore plus de crédibilité et de réalisme. Pour s'en convaincre, il suffit de plonger dans ces zooms capturant avec efficacité la moindre expression, d'écouter ces silences si lourds de sens, de regarder ces enchaînements quasi parfaits ou d'admirer ces plans larges qui permettent d’en embrasser toute la subtilité grâce à une composition d’image parfaitement pensée et maîtrisée. De fait, Terre promise se regarde autant qu’il se lit, précipitant le lecteur, devenu spectateur, au cœur d’un drame superbement scénarisé, dessiné et mis en couleurs.¨
 
Dans l’émotion et la retenue, cet ultime opus clôt magistralement Il était une fois en France et s’il est question d’une adaptation sur grand écran, ce n’est qu’un juste retour des choses pour une série qui s'inspira du cinéma pour la formulation de son titre ! 

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