samedi 31 décembre 2011

Meilleurs voeux pour cette nouvelle année 2012.



En cette fin d’année, il est de coutume de faire un bilan et de prendre de bonnes résolutions (généralement celles  de l’année écoulées qui n’ont pu être tenues !). Pour ne pas déroger à cette tradition tout en étant succinct, je vous livre 4 coups de coeur qui ont émaillé l'année 2011. Pas de panégyrique, ni de diatribe mais un simple best of qui n’a aucun caractère exhaustif et est totalement subjectif.

© Glénat 2011 - Pelet/Vicomte
La bonne surprise de l’année est sans aucun doute le Sasmira de Vicomte & Pellet, souvent annoncé... autant de fois reporté,  il aura  fallu attendre près de 14 ans pour connaitre la suite des aventures de Stanislas et Bertille. L’album n’est pas exceptionnel mais il est l’occasion de retrouver le dessin superbe de Laurent Vicomte et  de remercier Claude Pellet !
© Futuropolis 2011 - Bonin
En ces temps où le genre fantastique se cherche dans une surenchère d’effets, la Belle image, album au surréalisme désuet, est une véritable bouffée d’air frais. Un album tout en finesse et en subtilité, littéralement porté par le graphisme fin et élancé de Cyrille Bonin.
© Dargaud 2011  - Munuera
/Díaz Canales
Autre coup de cœur pour le diptyque de Juan Díaz Canales et José-Luis  Munuera : Fraternity. Coté scénario, ces deux albums  possèdent l’intensité et la fluidité des beaux récits. Graphiquement Munuera sait parfaitement allier expressivité et intensité ! Deux albums superbes tout en délicatesse et en non dit !
© Glénat 2011 - Vincent/Pelinq
Je complèterai la liste par le Chimère(s) 1887 de Pelinq, Melanÿn et Vincent pour la richesse de son graphisme et la trame historique dans laquelle l’album s’inscrit.
Enfin, un petit coup de griffe pour les deux premiers albums des Dieux et des Hommes… vintages à souhait, à la limite du kitch et sans finalité apparente. Un bel exemple de marketing !
J’aurai pu également parler de Car l’Enfer est ici, Urban, Vies à contre-jour, Sambre T6, l’Héritage du diable T2, Succubes T2, Reconquête T1, les enfants de Jessica, Frenchman, Dorian Gray, Zombillémiun T2, Okko T7, Stalingrad Khronika T1, Il était une fois T5…. Mais il faut savoir se limiter.
Sur ces quelques mots, je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d’année.

vendredi 30 décembre 2011

Les bienfaits de la vie à la campagne...

Billet sur l'opus 1 des Innocents coupables : 1 - Fuite

Lien avec le site BDGest et le site Planète BD


En 1912, il n'y a guère de différence entre une colonie agricole et le bagne si ce n'est l'âge des pensionnaires. Dans ce microcosme où l'humiliation et la brutalité ont force de loi, Honoré, Adrien, Miguel et Jean découvriront que, face à l'adversité, l'union peut-être une force.

© Bamboo 2011 Anlor/Galandon
Sujet pour le moins inhabituel et méconnu que celui des colonies agricoles dans lesquelles les jeunes délinquants (mais pas seulement) du début du siècle dernier étaient enfermés. Et même si aujourd'hui, nous pouvons difficilement appréhender ce que pouvait être quotidiennement la vie dans ce type d'établissement, Laurent Galandon  évite de tomber dans le cliché. En effet, une rapide recherche sur Internet permet de reconnaître sous le dessin d'Anlor, l'une des plus célèbres colonie agricole de France, celle de Mettray en Indre-et-Loire qui entre 1839 et 1939 vit passer plus de 17000 colons dont un certain Jean Genet.
L'univers carcéral  suscite toujours une certaine fascination et il n'y a qu'à regarder certaines séries télévisées pour s'en convaincre. Toutefois, la réalité est toute autre comme l'écrivait un certain Alexis Violet à propos de Mettray « Cela tenait du cloître, de la prison, du collège, du régiment. On a dit de Mettray, ce bagne d’enfants, que c’était une prison dont les murs étaient des buissons de roses. On pouvait s’en évader très facilement, mais on était vite repris, chaque paysan recevant à cette époque une prime de cinquante francs par colon évadé qu’il ramenait ; la chasse à l’enfant avec fourches, fusils et chiens devint une véritable industrie dans la campagne alentour. ».
Les Innocents coupables utilise ce contexte historique particulier pour mieux mettre en valeur la dimension humaine de l'aventure de ces 4 adolescents qui pour faire face à l'adversité feront appel à la solidarité et l'amitié. Le message est volontairement positif... Il aurait pu être plus contrasté mais en 3 albums il faut savoir être synthétique ! Au delà  d'un scénario qui ne sombre pas dans le misérabilisme, le graphisme semi-réaliste d'Anlor apparaît, malgré toutes ses qualités, trop … juvénile par rapport à l’âpreté du contexte. Mais il convient de noter que pour un premier album, l'essentiel est là et de belle manière malgré un traitement (informatique?) de la couleur qui ôte beaucoup de puissance au dessin et à l'histoire.

Quoiqu'il en soit, nous n'aurons pas beaucoup à attendre pour découvrir la suite des aventures des jeunes fugitifs puisque le deuxième opus est promis pour début 2012 et que le story-board du troisième serait terminé !


vendredi 23 décembre 2011

Entre Jolanne et Mylène, il vous faudra choisir !

Cet été, l'adaptation TV de l'Epervier de Patrice Pellerin sur France 2 m'avait laissé pour le moins circonspect et après réflexions, j'étais arrivé aux trois conclusions suivantes :

·     derrière chaque téléspectateur ne se cache pas forcément un Bédéphile averti ; 
·     le relatif succès de l'Epervier, dans sa version TV, est surtout le fait d'une adaptation qui a su... adapter la BD aux règles de l'Audimat ;
·     mieux vaut considérer BD et  série TV comme deux produits différents ne répondant pas aux mêmes critères afin de couper court  à toute comparaison inutile.

Credit photo : © Le Médiateurteaseur.fr
Aussi pour la nouvelle série de France 2 qui sévit le mercredi soir, il convient d'appliquer les 3 principes énoncés ci-avant afin d'éviter toute déconvenue surtout que dans le cas présent, la BD constitue l'adaptation d'un scénario originel de Van Hamme.

Sur le papier, l'histoire  de Jolanne de Valcourt  est cousue de fil blanc. Sexe, amour et trahison forment un triptyque d'une banalité convenue que l’élégance du dessin de Françis Vallès ne peut faire oublier même lorsqu’il s’attache aux courbes de notre jeune rebelle. 

Sur l'écran, les choses sont encore plus convenues et cèderaient même à la facilité en jouant (trop) sur la plastique de Jolanne de Valcourt  et sur sa sensualité aussi exacerbée que faussement naïve. Presque 50 après, France 2 réinvente Angélique  Marquise des Anges, en remplaçant une Michèle par une Mylène, mais avec le panache en moins… dommage !

Une question demeure cependant : que reste-t-il aux amateurs des aventures papier de notre jolie héroïne si tout est divulgué sur France 2 ? A espérer qu'ils n'ont pas la télévision ou qu'ils regardent d'autres programmes sur d'autres chaînes... à moins qu'ils profitent de l'occasion pour lire quelques BD !

samedi 17 décembre 2011

Compte à rebours pour les Archontes

Billet sur l'opus 24 de L'histoire secrète : La guerre inconnue

Lien avec le site BDGest et le site Planète BD (à paraître)


En 1983, des côtes du Liban aux faubourgs de Berlin, des hautes vallées d’Afghanistan aux ruelles de Peshawar, Erlin et Reka se (re)trouvent confrontés à un ennemi jusqu’ici inconnu. Palpitant ! 

Plus la fin des Archontes semble imminente, plus la série se densifie et se bonifie. Jean-Pierre Pécau maîtrise parfaitement les rouages de notre histoire contemporaine et sait en donner une lecture différente et des plus ésotériques. Avec un brio consommé, il traverse les lieux et les époques avec une facilité déconcertante. Ce tango spatial et temporel - à l’image des Archontes présents de tous temps et en tous lieux - constitue un élément structurant et récurrent des scénarii de Jean-Pierre Pécau et s’avère indispensable à la compréhension générale de chaque album. Montées comme dans une série télé, les séquences s’enchaînent à un rythme effréné et ne laissent que peu de répit au lecteur. Coté graphisme, un petit bémol toutefois concernant le dessin d'Igor Kordey qui perd quelque peu de sa précision : à vouloir trop dessiner et trop vite (2 albums par an pour cette série) la qualité en pâtit quelque peu ! Mais les amateurs d’Histoire secrète ne lui tiendront pas rigueur de ces quelques imprécisions qui finissent par caractériser son dessin.

Un album dense qui donne une lecture pour le moins particulière de cette année 1983.

dimanche 11 décembre 2011

Bigeard... vous avez dit Bigeard !

Billet sur l'opus 5 du Grand Jeu : Le roi dragon

Lien avec le site BDGest et le site Planète BD (à paraître)


Sur les hauts plateaux du Tonkin, au pays des papillons carnivores, Serge Nestor et le capitaine Bigeard sont sur les traces d’un hypothétique passage vers un monde souterrain aussi dangereux qu’inconnu. Déconcertant !

Issu de la collection Série B de chez Delcourt, Le Grand Jeu mélange allègrement cadre historique divergeant, fantastique ésotérique et épopée guerrière en une uchronie sans prétention qui se joue des situations et des personnages historiques avec désinvolture. Tout l’art de la bonne uchronie consiste à rendre un passé improbable…. plausible et à cet exercice Jean-Pierre Pécau excelle. Le Roi Dragon comme Indochine s’ancrent dans une Cochinchine de cinéma avec ses claques, ses fumeries d’opium, son Viet-minh et sa Légion … le tout rehaussé d’une petite pointe de fantastique pour pimenter l’ensemble : c’est délicieusement 50’s. Mais la force des grands scénaristes est de savoir choisir les dessinateurs capables de valoriser leur histoire. Tel est le cas ici avec Léo Pilipovic dont le graphisme  réaliste entérine le scénario de Jean-Pierre Pécau et donne à l’album la touche de concret - de rationnel oserait-on dire - qui rend cette uchronie crédible.

Encore un album qui relève la limite ténue entre pure fiction et uchronie … ici cela tient à quelques références historiques et à diverses figures du Panthéon politique français d’après guerre.

mardi 6 décembre 2011

Vols de Stryges...

Billet sur l'opus 14 du Chant des Stryges : 14 - Enlèvements

Lien avec le site BDGest et le site Planète BD  


Debrah ne veut pas décider seule du sort des Stryges et souhaite avoir l’avis des Hybrides. Mais cet élan démocratique pourrait être fatal aux mythiques êtres ailés, c’est du moins ce que pensent Abeau et Cylinia. Un nouvel album aussi sombre que captivant.
14ème album, 2ème épisode de la 3ème saison (comme les séries TV !) et toujours autant de suspens ! Si l’essentiel est désormais connu, il reste encore à donner un sens à l’existence des Hybrides, un destin aux Stryges… et à expliciter les liens qui semblent unir les humains et ces créatures surgies dont ne sait où ! Donc pas de soucis pour Eric Corbeyran, qui ainsi possède toute la matière nécessaire pour les 4 prochains albums. Avec Enlèvement, l’homme qui scénarise plus vite que son ombre (déjà plus de 200 albums !) assemble sous nos yeux - violemment mais efficacement - les différentes pièces d’un puzzle qui devrait trouver son épilogue lors du 6ème et dernier opus du cycle.  A noter la performance qui consiste à livrer, à chaque album, une part d’explications tout en arrivant à faire surgir de nouvelles situations et donc… de nouvelles questions !
Parallèlement, Richard Guérineau soutient la cadence sans céder à aucune facilité. Cadrage, rythme et dessin sont totalement maîtrisés et sauf à ne pas accrocher à son graphisme, il n’y a pas grand-chose à reprocher à ses planches.

Un album efficace qui vient compléter une série déjà riche et qui sait s’auto-renouveler intelligemment.

samedi 3 décembre 2011

Joli concert de louanges pour une "Fausse note"

Billet sur l'opus 2 de SasmiraFausse note

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Alors que Bertille est sujette à de mystérieux malaises, Stanislas succombe aux charmes de Sasmira. Entre l’amour de l’une et sa fascination pour l’autre, le jeune pianiste devra choisir. 14 ans après l’émotion est toujours au rendez-vous.
Future consécration grand public ou simple succès d’estime pour initiés, le tome 2 de Sasmira est enfin sorti ! 14 ans que certains attendaient cet album maintes fois annoncé, autant de fois reporté ! Les Humanoïdes Associés ayant jeté l’éponge  face aux états d’âme autodestructeurs de Laurent Vicomte, Glénat a repris le flambeau. Sans trahir de secrets, la sortie de ce deuxième opus s’est réalisée dans la douleur et aura laissé quelques séquelles … Gageons qu’ils n’hypothéqueront pas  la sortie du troisième et dernier volet de cette ensorcelante histoire. 
Visuellement, l’album est superbe et tout particulièrement somptueux dans ses 19 premières planches. Ce n’est pas faire injure au talent de  Claude Pelet que de reconnaître une différence entre son dessin et celui de Laurent Vicomte. Il y a dans l’approche graphique de ce dernier une élégance, une émotion  et une puissance que peu de dessinateurs maîtrisent. Dès lors, il devient difficile - voire impossible - de soutenir la comparaison surtout sur un même album. Cependant, dans sa tentative de faire à la manière de, Claude Pelet se sort de ce périlleux exercice avec les honneurs et il faut lui reconnaître le mérite d’arriver à nous faire – presque - oublier Laurent Vicomte.
Une fois parlé du dessin – et de la mise en couleur toute aussi réussie - il faut également aborder l’histoire qui n’est pas sans présenter certaines similitudes avec La ballade du bout du monde. Même réalité contemporaine plongée dans un passé qui la dépasse mais qui lui permettra de se trouver un sens. Autour de Bertille, sublime de candeur amoureuse,  et  de Sasmira à la divine beauté, Laurent Vicomte nous tissent une histoire où réalité et temps passés s’entremêlent en un délicat écheveau d’où ils tirent subtilement le fil d’un scénario terriblement prenant…

Même s’il n’est pas exempt de certains défauts, il ne faut retenir de cet album que le plaisir de retrouver l’espace de quelques planches Laurent Vicomte et d’avoir en Claude Pelet quelqu’un qui pourrait terminer cette histoire…. commencée il y a 14 ans !