lundi 31 octobre 2011

Pour l'Empire ... et le meilleur !

Billet sur l'opus 7 de Jour J : Vive l'Empereur

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1925, radié de l’armée française à la suite d’une altercation avec son supérieur, l’ex-capitaine Nerval est de retour dans un Paris qui s’affaire autour des préparatifs du sacre impérial. Malgré lui, l’ancien officier se retrouve au centre d’une machination qui vise à déstabiliser l’Empire français.
Avec « Vive, l’Empereur » Jean-Pierre Pécau et Fred Blanchard développent certainement leur uchronie la plus ambitieuse. Ainsi, l’Empire français est européen, le Royaume-Uni domine les mers du globe et la Chine observe les deux puissances en rêvant de prendre leur place ; la technologie de l’Empire est entièrement basée sur l’électricité, le pétrole est une découverte récente et l’énergie atomique n’en est qu’à ses balbutiements et tout cela dans un Paris architecturalement réinventé et survolé en permanence par une flotte de dirigeables. Si l’univers graphique est riche, le scénario flirte cependant avec les limites du genre. En effet, le principe  veut qu’à partir d’une variation d’un fait historique l’histoire soit différente : ici l’uchronie  a lieu en 1812 et l’action se passe en 1925… soit 100 ans après, dans un univers totalement recomposé. Dès lors, il devient problématique d’imaginer un Pétain se battant contre les anglais, une Mata Hari quinquagénaire mais encore terriblement attirante ou un certain Adolph Hitler manipulé, assassinant le roi d’Angleterre et déclenchant de fait une 1ère guerre mondiale. Le cartésianisme de certains aura peut-être du mal à assimiler cet univers improbable qui n’est pas exempt d’une relative démesure, en effet que dire de l’avènement d’un culte à Mithra ou d’une culture scientifique rétro-futuriste aux choix technologiques curieusement binaires. Il y aurait eu matière à faire au moins deux albums comme pour Septembre rouge/Octobre noir ce qui aurait permis aux scénaristes de mieux cerner les tenants et les aboutissants de leurs choix historiques et de ne pas se contenter de présupposés rapidement survolés malgré quelques longueurs inutiles.
Quoiqu’il en soit, si le sénario n'est pas sans reproche,  le graphisme de Gess (avec ses qualités et ses défauts !) permet de rattraper certaines ellipses par trop rapides. Initialement prévue en 6 albums, la série s’incrémenterait de 3 nouveaux opus…. attention à ne pas faire l’album de trop !

dimanche 30 octobre 2011

A l'abordage !


Sacrifiant à mes principes (il faut parfois !), j’ai profité de ce week-end pour aller (enfin) faire un petit tour à St Malo, moment désormais incontournable dans la saison d’un festivalier. Angoulême, St Malo, Blois … telle pourrait être la sainte trilogie de l’aficionado de BD du grand Ouest !

Tout d’abord, félicitations aux organisateurs car malgré ce que peuvent dire les visiteurs trop bousculés ou les festivaliers déçus de ne pas avoir eu toutes les dédicaces  qu’ils souhaitaient, il faut reconnaître que l’organisation d’un festival de cette ampleur relève du tour de force. Bravo donc !

Au-delà de ce satisfecit, je voudrais attirer l’attention sur le comportement d’une poignée d’individus. La chasse à la dédicace est une occupation comme une autre qui vaut bien la cococéphalophilie ou la glacophilie! Là où les choses dégénèrent, c’est lorsque certains s’organisent pour littéralement verrouiller certains auteurs. Lors du festival, il a ainsi été possible d’assister à la création de files officieuses  pour Lauffray ou  Vallée notamment… Qui ne s’inscrit pas dans cette file ne peut accéder à l’auteur, sauf en nième  position (n étant supérieur à 10) et sur une séance de dédicaces de 2 heures…. Je sais que c‘est une pratique couramment utilisée mais elle ne laisse aucune chance à ceux et celles qui ne connaissent pas le système… et attendent benoitement. Dans le même ordre idée, halte aux sacs mis en attente dans les files (officielles celles-là) alors que leurs propriétaires sont à l’autre bout du festival dans une autre file. Messieurs les organisateurs ne tolérez plus les files de sacs et veillez à ce que des files noires ne se constituent. Car petit à petit les BDphiles d’un jour finiront par se lasser et ce sont eux qui constituent la masse des acheteurs anonymes qui finalement font tourner la machine.

Mis à part le comportement discutables de certains, un grand « merci » aux auteurs qui durant 3 jours (moins pour certains !) ont aligné dédicaces sur dédicaces… du stakhanovisme à l’état pur ! Merci également aux maisons d’édition qui acceptaient les dédicaces à leur stand sans obligation d’achat. Je sais que la location du m² est relativement onéreuse mais quand l’album est  déjà acheté, il est difficile de concevoir qu’il faille en faire l’acquisition  de nouveau (ou en acheter un autre) pour le dédicacer !
Ceci étant dit, St Malo est une très jolie ville et le plateau de cette année était somptueux. Toutefois, je ne reviendrai pas car je préfère les petits festivals à taille plus humaine… ce qui n’enlève rien aux qualités de ce festival.

dimanche 23 octobre 2011

Le rêve déchu

Billet sur l'opus 2 de Fraternity : Livre 2/2

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En ces temps de famine et de guerre, la nature humaine reprend ses droits sur les idéaux et ce qui n’était qu’un doux rêve devient dès lors un véritable cauchemar. L’Utopie qu’est New Fraternity a vécu…

José-Luis Munuera et Juan Diaz Canalès nous avaient fortement impressionnés avec le tome 1 de Fraternity. Ce deuxième album s’inscrit dans la même veine mais dans un registre beaucoup plus sombre et désenchanté. Alors que le 1er opus laissait entrevoir une lueur d’espoir sur la pérennité du rêve de Robert Mc Corman, il est clair désormais que son Utopie ne lui survivra pas. Cet album nous plonge au cœur même des tensions de cette société improbable. Couleurs, cadrage, découpage, dialogues concourent à nous décrire la lente déliquescence de New Fraternity, symbolisée par le naufrage de Josiah - jadis pilier de cette  communauté et  aujourd’hui fossoyeur de celle-ci. Un album tourmenté dans lequel seules la fragile innocence d’Emile et la force de Fanny apportent une note d’amour et d’espoir. Un album qui sait mettre en images et en bulles toute une palette d’émotions humaines surtout les pires et ce en faisant preuve d’une grande maîtrise graphique et scénaristique  - voir la planche 33 ou le superbe double-pages (46/47) pour s’en convaincre !

Un très bel album qui se structure autour d’une question toute simple : la Bête est-elle celle qui vit au fond de la forêt ou celle qui est tapie au fond de chacun  d’entre-nous ?

Aloha, monsieur Simon Combaud

Billet sur l'opus 1 de Papeete 1914 : Rouge Tahiti

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A Tahiti, en cette année 1914, la guerre a quelque chose d’irréel. Et dans un Papeete qui se prépare au pire sans trop y croire, Simon Combaud pourrait croiser le mystérieux meurtrier qui s’attaque aux belles vahinés de la capitale polynésienne !
Rythmée par des cachets postaux, cette histoire policière possède cette nonchalance - toute polynésienne - qui consiste à vous faire lentement patienter afin de mieux vous faire apprécier les choses.  Didier Quella-Guyot prend donc le temps de poser son scénario en s’attachant à nous décrire les différents protagonistes tout en insistant sur le cadre historique dans lequel ils évoluent. S’étirant comme une chronique, Rouge Tahiti est avant tout une galerie de portraits ayant en toile de fond un évènement totalement méconnu de la Première Guerre mondiale : le bombardement de Papeete en septembre 1914 par 2 cuirassés de l'escadre allemande du Pacifique. Au regard de l’histoire, le découpage très classique tout comme le dessin Sébastien Morice s’inscrivent dans les tonalités de l’époque. Tout juste peut-on regretter le recours omniprésent de l’informatique … une mise en couleurs à l’aquarelle aurait, peut-être, été plus en harmonie avec le sujet et les lieux… Mais pour son second album, Sébastien Morice fait preuve de talent et son trait  qui oscille entre réalisme et approche plus stylisée possède ce rien de désuétude  qui sied parfaitement à l’époque.
Un album qui tarde - peut-être -  à monter en puissance mais qui sort quelque peu des sentiers battus en mêlant adroitement fiction et histoire. La guerre a quelque chose d’incongru à Tahiti, n’est-il pas ?

samedi 22 octobre 2011

Billet sur l'opus 7 de Okko : Le cycle du Feu - I

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L’union entre les familles Pajan et Yommo induira un nouvel équilibre dans l’Empire de Pajan qui obligera les familles Bashimon et Akutu à porter allégeance à un nouveau maître. Okko est la 101ème lames de la Garde Blanche qui assure la sécurité et le bon déroulement des cérémonies.

Hub poursuit sa saga avec une maturité et un brio qui force l’admiration. Les aventures du Samouraï déchu prennent une dimension épique qui en fait une (très) grande série. Ainsi, ce 4ème cycle – celui du Feu – est tout simplement superbe de précision, de richesses des couleurs, d’expressivité des personnages et de beauté des décors : un véritable régal pour les yeux. Parallèlement, le scénario tout en faux-semblants est complexe mais reste très lisible et d’une belle intensité.

Un album passionnant… à relire en attendant le 2ème tome du cycle !

mardi 18 octobre 2011

Il est des plaies qui jamais ne se referment...

Billet sur l'opus 2 de Barracuda : Cicatrices

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Sur l’île de Puerto Blanco, les années se sont écoulées et Maria comme Emilio ont grandi. Mais l’arrivée du Capitaine Morkam va raviver certaines plaies qui peinaient à se refermer. Dès lors, la toute relative quiétude qui prévalait jusqu’alors sur l’île pourrait-être remise en cause…
Il est des auteurs qui bénéficient pour leur premier album d’un contexte favorable… Jeremy est de ceux-ci puisque Jean Dufaux a pris en main l’écriture du scénario de « Barracuda ». L’expérience partagée sur Murena ou La complainte des Landes Perdues  a certainement permis au scénariste belge de prendre la mesure du potentiel de son jeune protégé en tant que dessinateur… Avec un 1er album réussi, ce dernier était (très) attendu sur ce deuxième opus… et en cette époque éminemment rugbystique, il est aisé de dire que l’essai est transformé. Au gré des 54 planches, Jeremy maîtrise parfaitement son dessin et ses cadrages. Son graphisme réaliste, au trait fin et précis, est emprunt d’une belle élégance qui manque encore toutefois de la fluidité que seule l’expérience lui donnera. Coté scénario, le choix de Jean Dufaux de raconter une histoire de pirates en huis-clos… sur une île de surcroit est pour le moins inattendu et n’est pas exempt de risques. Mais l’expérience est là et l’art du maître lui permet d’éviter les écueils sur lesquels d’autres se seraient échoués. Ainsi Jean Dufaux sait entrecroiser la destinée de ces jeunes protagonistes, louvoyer sur l’ambigüité des sentiments (et des genres…) ou pimenter l’ensemble avec des considérations historiques et politiques quelques peu visionnaires. Quoiqu’il en soit, si les ressorts de l’intrigue restent sur le fond très classiques, la manière de les traiter sort des sentiers battus.
Cicatrices est un bel et bon album d’Aventure qui devrait pouvoir dépasser le cadre du simple triptyque.

dimanche 16 octobre 2011

Au bon endroit et ... au bon moment !


Il faut le savoir, les Rendez-vous de l’Histoireau-delà des doctes conférences sur des sujets forts intéressants mais qui me sont quelques peut hermétiques possède un prix littéraire qui m’est culturellement plus accessible : le prix du chateau de Cheverny.

Ce prix récompense la meilleure BD historique de l’année. Je vous laisse le soin d'aller sur le site web de afin de vous rendre compte de l’intérêt de cette manifestation et je reviens sur les nominés de l’année : Jean Dufaux et Philippe Delaby.
Ainsi, 12 petits veinards qui  avaient eu le flair  d’être là (!) ont ainsi pu faire dédicacer Murena ou La Complainte des Landes Perdues et ce sans cohue, bousculade ou émeutes… un vrai bonheur !
Ce moment rare a été l’occasion de discuter de manière détendue et amicale notamment sur des productions futures de ce tandem de choc.  Ainsi, après le 4ème et dernier tome de la Complainte des Landes Perdues - dans 2 à 3 ans - Philippe Delaby et Jean Dufaux se lanceraient dans une nouvelle série qui semble les enthousiasmer mais sur laquelle ils n’ont rien voulu dire… Un scoop tout de même le 9ème album de Murena va être mis en chantier dans un mois et il s’appellerait  Les Epines. Parallèlement un nouveau cycle serait déjà à l’étude. Ceci dit, je ne vous ai rien dit…

Et pour partager avec ceux qui n’ont pas eu la chance d’être là… voici la dédicace que j’ai pu avoir …

samedi 15 octobre 2011

C'est moi que j'aime à travers vous ...

Billet sur l'album Dorian Gray

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[ … Que je sois jeune pour toujours et que le tableau vieillisse. ]. Cette phrase - en apparence anodine – va changer à jamais la vie de Dorian Gray, jeune dandy narcissique.

Qu’est-il possible de dire d’un tel album quand - comme moi – l’œuvre d’Oscar Wilde vous est pratiquement inconnue ? Il vous reste à le juger pour lui-même !

Graphiquement, cet album est superbe - surtout la version toilée de Canal BD - et même si le trait n’est pas de celui que vous affectionnez, le travail des couleurs, la manière de dessiner (ou de peindre) d’Enrique Corominas et l’interprétation picturale qu’il fait de l’Angleterre victorienne et de Dorian Gray ne peuvent pas vous laisser insensible. Plus vous avancer dans l’histoire, plus l’album devient sombre, oppressant à l’image de la déliquescence dans laquelle notre élégant décadent semble s’enfoncer avec délectation.
Au-delà de l’histoire, au-delà du dessin, il y a donc la lente descente vers la folie destructrice d’un homme qui n’aimait que lui-même et l’image que lui renvoyaient les autres. A la fois fable métaphorique et performance graphique de grande qualité, l’album d’Enrique Corominas vous interpellera obligatoirement.

Un album qui se regarde au moins autant qu’il se lit…

mercredi 12 octobre 2011

La 25ème heure… Le Mans 2011

Il est de ces festivals qui savent allier qualité et convivialité.
Indubitablement, la 25ème heure est de ceux-ci. Bien évidemment, il s’agit plus d’un salon du Livre que d’un festival pour amateurs de phylactères. Cependant, il faut savoir qu’au fond à droite (!), il y a un stand Bulle où les réfractaires de la prose et les collectionneurs de cases peuvent s’adonner en toute impunité aux joies de la dédicace…
A souligner l’organisation qui, d’une main de maître, sait gentiment - mais fermement - limiter l’usage intempestifs des sacs ou organiser des tirages au sort en nombres limités et en toute équité – vérification a posteriori des éventuels doublons dans l’urne ! Et en plus, il y a avait - comme en 2010 - une jolie brochette d’auteurs (dessinateurs et scénaristes) qui savaient prendre leur temps.
 Bref, venez faire un tour l’année prochaine …

lundi 10 octobre 2011

Miss Dottie and mister Alfred H.

Billet sur l'opus 10 de Pin-up : Le dossier Alfred H.

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La canicule sévit sur L.A en cet été 46 et Dorothy Parktington fait ses premières armes comme détective. Mais une rencontre pour le moins inattendue va lui faire rencontrer un certain Monsieur Alfred H. 

Rares sont les dessinateurs capables de capturer la fluidité des courbes de leurs héroïnes et de rendre compte de leur féminité en quelques traits fins et élégants : Philippe Berthet est de ceux-là. Mais au-delà d’une plastique irréprochable, Dorothy Parkington fait preuve d’un caractère pour le moins trempé qui l’a amené des pages des comics soutenant le moral des troupes du Pacifique aux plages d’Hawaï. Aujourd’hui, nous la retrouvons dans la peau d’une détective privée en filature sur le belvédère de L.A. Dans cet album, Yann joue intelligemment avec un certain Alfred Hitchcock. En effet, il est difficile de faire intervenir l’un des maîtres du suspens sans proposer un scénario - qui à défaut de révolutionner le genre - n’en apporte pas moins une certaine originalité dans le traitement. Avec cet album, Yann arrive sans conteste à nous offrir avec les ingrédients de base du genre, un cocktail pour le moins intéressant, à commencer par la manière qu’utilise Dottie pour résoudre cette affaire … En effet quoi de plus facile pour résoudre une affaire dans le milieu cinématographique que de se faire engager comme… actrice principale ! Il suffisait d’y penser. Yann l’a fait ! Mais si les conclusions de Dottie l’amènent finalement dans une impasse, notre héroïne tient là un scénario de rêve : une touche de glamour, une bonne dose de suspens, quelques petits meurtres, un soupçon d’érotisme (nous sommes en 1946 !) et deux pincées de perversion voila de quoi ravir Sir Alfred Hitchcock pour son prochain film. La boucle est bouclée. Une affaire qui a défaut d’être vraiment élucidée semble satisfaire tous les protagonistes … du moins ceux encore vivants !  

Un album en noir et blanc (version TL), au charme quelque peu désuet mais qui lui donne un certain caractère !

dimanche 9 octobre 2011

Welcome in Normandie ...

Billet sur l'opus 3 de Airborne 44 : Omaha Beach

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5 juin 1944, au large des plages Normandes. Dans quelques heures, Gavin va débarquer sur Omaha Beach. La peur au ventre, il se souvient de cet été 1938, où il découvrait  la beauté de la Normandie au travers des charmes de Joanne …
Autres lieux mais même guerre pour ce second cycle d’Airborne 44. Après les Ardennes, nous voici sur les plages normandes pour l’un des moments les plus importants de la Deuxième  Guerre mondiale. Philippe Jarbinet, poursuit sur la voie qui est la sienne, l’histoire d’anonymes que les évènements malmènent mais qui nous font croire en une Humanité meilleure. Ici, nous suivons les traces de Gavin Jentro, jeune mécanicien américain qui revient sur les lieux de ses premiers amours… mais la Normandie de  l'été 1938 n’a plus rien à voir avec l’enfer de ces derniers jours du printemps 44.  Philippe Jarbinet possède, comme Jean-Pierre Gibrat,  cette qualité qui lui permet de transformer des gens ordinaires en  héros. Toutefois, pas d’acte héroïque mais la simple intention (ou conviction) de faire ce qui est nécessaire suffit à rendre ses personnages terriblement attachants et humains. Le choix des couleurs, le sens de l’ellipse, le rythme donné aux scènes du débarquement, la mort qui rode désormais sur les routes du bocage normand… tout ceci concoure à donner une réelle intensité à cet album. Parallèlement, le trait réaliste et le recours aux couleurs directes renforcent l’humanité et la quotidienneté de l’histoire qui nous est racontée… tout comme son horreur.
Un bel album … à lire absolument.

samedi 8 octobre 2011

Variations sur un seul thème.

Billet sur l'opus 1 de Car l'Enfer est ici : 508 statuettes souriantes

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Après  9 ans d’attente, Luc Brunschwig et Laurent Hirn nous livrent, en l’espace de 3 mois, deux suites au Pouvoir des Innocents.

L’Enfer est ici poursuit l’histoire 6 mois après le drame qui couta la vie à 508 personnes ! Mais avec Luc Brunschwig, les évidences ne sont pas de mise et derrière la quête de vérité de Joshua Logan, le lecteur se trouve confronté aux interrogations de Jessica de Ruppert et aux agissements de la mafia locale pour dissimuler certains évènements.
A travers l’arrestation de Joshua Logan et ses multiples rebondissements, Luc Brunschwig aborde – par petites touches successives - le fonctionnement de notre société. Il nous amène – à travers l’humanité de ses héros - à nous interroger sur les travers de nos comportements. La manipulation, l’honnêteté en politique, les lobbyings et ses dérives, l’extrémisme politique et sa récupération…. Autant de thèmes qui trouvent dans notre actualité quotidienne des échos pour le moins troublants. Il n’y a pas de prosélytisme chez Luc Brunschwig mais plutôt le souci de nous faire réfléchir à des thématiques qui semblent lui tenir à cœur ! Et ceci est fait en toute simplicité, sans effet de style mais avec les images justes et les cadrages adaptés. Sur ce dernier point, l’apport de Laurent Hirn est primordiale à l’album dans la mesure  où son travail de mise en scène s’apparente étrangement à ce qu’il est possible de voir en salle ou à la TV : c’est propre, net, efficace et captivant ! Un bémol dans ce concert de louanges : le dessin pourtant plein de qualité de David Nouhaud qui se fond encore trop dans le graphisme des Enfants de Jessica… après l’avoir assimilé, il faut qu’il puisse s’en affranchir définitivement.

Quoiqu’il en soit un nouvel album riche et équilibré… un bien bel album en fait !

samedi 1 octobre 2011

Welcome in Paradise...

Billet sur l'opus 1 d'Urban : Les règles du jeu

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Zachary Buzz – alias Zach - vient d’intégrer l’académie de police de Monplaisir, vaste cité de 300.000 ha où les humains viennent, pendant 2 semaines, oublier les 50 précédentes. Nous sommes en décembre 2058 et Zach n’a que 6 mois pour devenir un Urban Interceptor...

Luc Brunschwig connait une année particulièrement faste puisqu’après les 2 suites du Pouvoir des Innocents voici qu’il décide de reprendre un album déjà édité en 1999. Publié alors chez les Humanoïdes Associés, sous le titre Urban Game, l’album était dessiné par Jean-Christophe Raufflet. Aujourd’hui Luc Brunschwig reprend - a priori - l’album en profondeur,  signe désormais chez Futuropolis et s’associe pour la circonstance à Roberto Ricci. Au delà de l’histoire de Zach dans les méandres de Monplaisir, Luc Brunschwig aborde, l’air de rien, une multitude de sujets que l’on pourrait qualifiés de sociétaux… Ce qui est intéressant dans ce nouvel album, ce n’est pas tant les thématiques traitées  - qui l’ont déjà toutes été maintes fois que ce soit au cinéma, en littérature voire même en bandes dessinées - mais la manière dont elles sont agencées pour constituer une histoire qui,  sur la base de ce 1er  album, semble cohérente - avec cependant quelques interrogations ! L’abrutissement des masses au travail ou durant leurs temps de loisir, la solitude au sein de la foule, la misère  au milieu de l’opulence, le voyeurisme de la téléréalité, la Big-Brotherisation (!) de la société… tout y passe … une vraie liste à la Prévert… et  c’est ce qui fait l’attrait de cet album et en rend la lecture enrichissante. Mais le meilleur des scénarii n’est rien, surtout sur un premier album, sans un dessinateur qui sait en exploiter les qualités. Sur Urban, Roberto Ricci sait donner toute la mesure de son talent  que l’on pouvait deviner dans  Les Armes d’Hélios. Le trait est serein, sûr, et l’univers graphique mis en page offre une réelle épaisseur. Tout juste est-il possible de regretter le manque de lisibilité des séquences de téléréalité – au combien importantes - mais ce n’est qu’un détail qui devrait-être vite réglé.

Le duo Brunschwig-Ricci fonctionne à merveille et espérons qu’il saura nous offrir - pour notre plus grand plaisir - de prochains albums dans la même veine que celui-ci.

Une femme en chassant une autre...

Billet sur l'opus 6 de Croisade : Sybille – Jadis

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Les marchands du Temple ont encore frappé ! Exit donc Nomade et vive le retour de Croisade avec ce 6ème opus intitulé Sybille – Jadis. De fait, il est fort peu question de la gente dame dans cet album qui nous conte plutôt les pérégrinations et les états d’âme de Gauthier de Flandres face à la secte des Assassins et à la troublante réincarnation du Simoun Dja. Lhianes meurt donc dans les bras de notre héro mais, une femme en chassant une autre, voici que l’énigmatique et sublimissime Sybille d’Aubois entraine son frère sur la route de Hiérus Halem.
Ce spin-off de Croisade redevient - par les joies du marketing - un cycle (ou la suite !) de la série initiale. Je laisse, aux spécialistes, le soin de se pencher plus doctement que moi sur l’exégèse de ce nouvel opus. Pour ma part, je me contente d’être toujours aussi impressionné par la maestria du graphisme de Philippe Xavier. Quant au scénario, une fois habitué au style de Jean Dufaux et au fait qu’il faille éviter de chercher midi à quatorze heure, il ne reste vous qu’à vous laisser envahir par les délices, la violence et la magie du Moyen-Orient où tout est différent pour celui qui ne cherche pas à se fondre dans les sables.
Graphiquement, un album pleinement maîtrisé qui peine cependant à donner un sens à cette nouvelle aventure de Gauthier de Flandres.