vendredi 29 juillet 2011

Succomber aux Succubes

Billet sur le tome 2 de Succubes : Roxelane

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Depuis la nuit des temps, les filles de Lilith œuvrent dans l’ombre et influencent ceux qui président à la marche du Monde. Roxelane, l’une de ces divines Succubes, a jeté son dévolu sur Soliman, maitre d’Istanbul et des Sept Mondes.
Partant de l’histoire (vrai) d’Alexandra Lisowska, jeune esclave slave qui devint l’épouse légitime de Soliman le Magnifique,  Thomas Mosdi imagine une digression toute personnelle des desseins qui animèrent  cette égérie au sens politique affiné et à la détermination affirmée.  Structuré autour d’un récit complet, chaque album de cette série nous entraine dans les arcanes et les alcôves feutrées du pouvoir où le jeu des corps n’est pas que diplomatiques.
Sur ce deuxième opus, Thomas Mosdi est associé à Adriano de Vincentiis, dont la maestria à se jouer des courbes de la gent féminine n’est plus à démontrer. La maîtrise du trait s’exprime aussi bien dans les décors que sur les corps et peut-on tout juste regretter un sur-lignage par trop marqué des contours des personnages. Quoiqu’il en soit, la prédilection que semble afficher de Vincentiis pour les naïades rousses aux courbes voluptueuses est un véritable ravissement pour les yeux et l’on se prend à rêver d’un 3ème opus dessiné par Giovanna Casotto !
Hier, les heures sanglantes de la Révolution française ; aujourd’hui, les faste de l’Empire ottoman, "Succubes" fait le parti d’accorder au sexe dit faible (!) un rôle, certes en retrait mais cependant primordial dans le devenir du monde. Et il est vrai que face à  des mensurations de rêve associées à un QI de plus de 130, un homme n’est finalement que peu de chose…

lundi 25 juillet 2011

Dans un temps où la terre n'était pas encore bien essuyée des eaux du déluge [Diderot]

Billet sur le tome 1 de  Déluge : Le retour

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Les pluies diluviennes ont transformé la Terre en planète aquatique obligeant les humains à migrer aux fonds des océans ou vers les étoiles. Après plusieurs siècles d’absence, les migrants de l'espace envoie sur Terre une émissaire bien particulière. Mais la Terre et ses habitants ont bien changé…
Le 1er opus de ce diptyque annonce d’emblée la couleur : jolie fille, gros méchants, société en déliquescence et combats musclés mais cette efficacité n’est pas dénuée d’humour et de cynisme. Cependant, l’intérêt de l’album réside principalement dans le dessin de Jesùs Hervás Millán avec des décors pleinement maîtrisés, une galerie de portraits impressionnante et des monstres hideux à souhaits … une mention particulière à Normaé, la sidérante pin-up sidérale (!). Et même si certaines planches apparaissent fortement inspirées par certaines grandes productions hollywoodiennes (Water World, La Menace fantôme, Abyss….), l’ensemble s’avère convaincant.
Un album efficace au graphisme particulièrement réussi qui joue intelligemment des codes du genre sans pour autant en abuser.
A lire.

samedi 23 juillet 2011

Des illusions ... trompeuses

Billet sur le tome 3 de "Lost Atlantide" :   Abel et Caïn

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Trois hommes et trois femmes sont victimes d’étranges visions dont le dénominateur commun semble être l’ile de Santorin. Hallucinations collectives ou phénomènes de réincarnation, toutes les interprétions sont permises dès lors que ses illusions sont en relation directe avec la mythique Atlantide.
"Lost Atlantide" développe un scénario complexe en jouant sur deux niveaux de narrations. D’une part, les visions des six protagonistes qui donnent un récit datée à la dimension homérique (!) et d’autre part, la lutte très contemporaine  que se livre "Limbrius" et Atlantes. Néanmoins,  il convient de reconnaître que les allers et venus présent-passé, inhérents  à la structuration du scénario, peuvent devenir fastidieux et perturbants mais permettent d'apprécier pleinement  l’interprétation que Thomas Mosdi donne de la légende de l’Atlantide.
Toutefois et malgré un scénario original, l’ensemble pêche par l’hétérogénéité de son dessin et l’imprécision de certaines cases d’autant plus surprenantes que nombre de planches apparaissent globalement maîtrisées !
Finalement, une série  plus intéressante que le premier album ne le laissait supposer …

mercredi 13 juillet 2011

Festival Les Courants d'Amboise (37)

 


En associant, le temps d’un week-end (généralement ensoleillé) musiques et bandes dessinées, le festival Les Courants développe une image décalée en marge de la production traditionnelle.

Coté musique, il suffit de se reporter au site internet du festival pour s’assurer de l’éclectisme d’une programmation qui sait éveiller nos oreilles délicates  aux douces mélopées (!) de musiciens  qui ont (parfois) du mal à truster les primes times ou la bande FM.

Coté  dessin, le festival se décline en deux temps : le samedi est typiquement rural et se déroule dans le très tourangeau village de St Ouen-les-vignes (plus rural, tu meures !) ; l’autre, plus historique a pour théâtre la bonne ville (royale) d’Amboise. Le lieu ne fait pas tout, me direz-vous mais j’ose croire qu’il contribue fortement au succès du festival.

Ici, il y a bien quelques chasseurs de dédicaces mais bien moins qu’ailleurs et l’ambiance y est des plus décontractées, chacun discutant et devisant en prenant le soleil des 1ers jours de juillet. Un festival simple et convivial qui sait proposer une programmation soigneusement dosée mêlant genres, notoriétés et styles avec un bonheur qui frise l’harmonie.

J’invite donc (en 2012) les aficionados à venir flâner sur les bords de la Ramberge (le samedi) ou à déambuler en la demeure de Léonard de Vinci (le dimanche).

Les apparences sont parfois trompeuses...

Billet sur : La belle image

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Que feriez-vous, si un matin, vous possédiez le visage d’un autre et que désormais les femmes se retournent sur vous avec le regard qui brille ?
Alors que certains auraient profité de la situation pour refaire leur vie en Amérique ou en extrême Orient, Raoul Cerisier cherche simplement à retrouver la sienne. Assailli par un flot d’interrogations quotidiennes mais terriblement existentielles, cet homme jusqu’ici sans histoire va devoir donner un sens à sa vie et faire face à l’incongruité de la situation et aux tentations qu’elle génère. Ecrit et dessiné sobrement et simplement, cet album ouvre sur des perspectives que le lecteur est loin de soupçonner en commençant sa lecture !
En ces temps où le genre fantastique se cherche dans une surenchère d’effets, cet album au surréalisme  désuet est une véritable bouffée d’air frais.
Un album tout en finesse et en subtilité, littéralement porté par le graphisme fin et élancé de Cyril Bonin.
Indispensable !

mardi 12 juillet 2011

Le diable en héritage ...

Billet sur le tome 2 de L'héritage du Diable : Le secret du Mont St Michel

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Et si la mystérieuse  Juliette  se trouvait être la clef de l’énigme (tant  convoitée) qui permettraient aux  rosicruciens ou aux nazis de devenir les héritiers du Diable ?
La relecture de Rennes-le-Château montre que ce nouvel album s’inscrit dans une continuité solidement pensée et pleine de rebondissements. A l’évidence, Jérôme Félix nous a concocté un scénario (globalement) cohérent et (murement) réfléchi.
Pour ce qui est du graphisme,  il faut reconnaître que le dessin de Paul Gastine est d’un réalisme redoutable lorsqu’il s’agit de traiter des décors où d’aborder la plastique (et les toilettes) de la mortelle Emma ou de l’énigmatique Diane. Toutefois, une telle efficacité fait parfois défaut à la gent masculine…
Un bel album (comme le précédent) qui  se lit avec plaisir.

lundi 11 juillet 2011

Il faut parfois savoir attendre ...

Billet sur le tome 6 de Sambre : La mer vue du Purgatoire


La mort est parfois facétieuse… alors qu’elle se dérobe devant Julie, elle fauche sans ménagement les côtes irlandaises à l’occasion d’un naufrage ou d’une épidémie de mauvaise fièvre.
La mort, la douleur, le tourment ou la souffrance prennent, avec le dessin d’Yslaire, une dimension esthétique pour le moins fascinante. Aussi, au-delà d’un scénario dans la plus pure tradition romantique, cette saga porte en elle toute les qualités de ce que d’aucun qualifierait d’œuvre majeure.
Cet album est ce ceux qui captivent littéralement le lecteur. Aussi, ce dernier  ne peut qu’être touché par la justesse et la fragilité d’un trait qui sait si bien mettre à nue l’âme tourmentée de ses personnages, rendre palpable les embruns d’une mer déchainée ou la mélancolie qui étreint  Julie.
Sambre est de ces albums qu’il faut savoir attendre !