© Vents D'ouest 2014 - Immonen |
Durant l’Occupation, dans les réserves d’un
musée, Ila Gardner essaye de sauver ce qui peut l’être du pillage
systématique orchestré par la commission militaire allemande. Amour de
l’Art, volonté de résister ? Les véritables motivations de la jeune
femme ne sont pas aussi simples, à l’image de sa relation avec Rolf
Hauptmann…
Le trait est simple et dépouillé, s’amuse des ombres et va à
l’essentiel. Puis soudain, au détour d’une planche, il s’autorise une
envolée réaliste, délaisse les aplats de noir et joue avec les hachurés,
afin de mieux rendre l’esthétique d’un tableau, les volumes d’une
sculpture. À cet exercice, Stuart Immonen surprend. Plus coutumier des
productions Marvel que de l’épure, le dessinateur canadien séduit et
démontre son éclectisme graphique comme sa maîtrise des contrastes.
L'utilisation d'un gaufrier à six cases et d'une typographie qui, tout
comme les phylactères, est des plus basiques, transforme toutefois
indiciblement la sobriété en monotonie.
Ce sentiment se trouve malheureusement renforcé par le scénario
déstabilisant de Kathryn Immonen. Est-ce le résultat d’une traduction
approximative ? Toujours est-il que les dialogues deviennent vite
abscons plongeant le récit dans une confusion que les états d’âme des
deux principaux protagonistes ne viennent pas atténuer. Il devient dès
lors difficile de comprendre la finalité d’une histoire où les mots sont
aussi importants que le dessin. À l’évidence, et pour reprendre une
sémantique guerrière appliquée aux rapports humains, il est certainement
question de confrontation, de résistance, de domination et de
capitulation, sans que le sens profond puisse en être clairement établi.
Clair obscur aurait pu constituer une jolie variation sur la part d'ombre et de lumière de chacun. Il n’en est rien, hélas !