mardi 22 avril 2014

Putain de guerre !

 
© Bamboo 2014 - Le Naour & A.Dan
Août 1914, les premières offensives sont lancées. Le 14, les troupes françaises se mettent en mouvement autour de Morhange et de Sarrebourg dans le but de percer les lignes allemandes. Le XVe Corps d’Armée constitué des régiments du Sud-Est de la France s’engage dans ce qui deviendra la bataille de Lorraine et qui scellera son destin. Après quelques succès, il sera stoppé, puis contré et finalement défait. En à peine plus d’une semaine, près de dix mille combattants tomberont. Ne pouvant concevoir d’avoir été battu, l’État-major français se chercha une victime expiatoire. 

En cette année de commémoration du début de la Der des ders, nombre d’albums prennent les tranchées comme décor ou sujet. Pour sa part, La faute au Midi préfère relater un fait réel, celui qui conduisit à rendre les contingents du Midi responsables d’une des premières défaites du conflit et à fusiller certains de ses soldats. 

Apocalypse, la 1ère Guerre mondiale, la récente émission diffusée dernièrement sur France 2, a décrypté les raisons de l’embrasement de la vieille Europe et montré toute l’atrocité des combats. Atrocité qui continue de demeurer, pour beaucoup, des plus virtuelles : l’ultime poignée de Poilus, derniers témoins vivants du drame, s’en est allée, faisant rentrer la Grande guerre dans l’immatérialité de l’Histoire ! 

Pour qui a regardé ce fabuleux documentaire, une question interpelle plus que toute autre : comment a-t-il été possible d’envoyer à une mort certaine des dizaines de milliers d’hommes ? Sans détailler la chronologie des engagements ou donner des leçons de stratégie militaire, il est évident que « l'offensive à outrance » prônée par Joffre était dépassée par la technologie, et que les héroïques charges à la baïonnette ne pouvaient rien contre les pilonnages d’artillerie et le feu nourri des mitrailleuses lourdes de l’armée du Kaiser. 

Habitué de cette période et de ses tourments qu'il avait déjà dépeints dans Pour un peu de bonheur Daniel Alexandre (A.Dan) reprend ses pinceaux pour dépeindre avec simplicité et conviction ces événements dramatiques. Il confère à cet album une dimension qui dépasse le simple cadre pédagogique ou historique... Parallèlement, le scénario de Jean-Yves Le Naour apparaît particulièrement documenté et objectif, même si, en quarante-six planches, il est impossible de saisir la complexité de la situation et ses causes profondes. Car, s’il est acquis aujourd’hui que la préparation de cet engagement fut loin d'être appropriée et que des erreurs furent commises à tous les niveaux, il convient de se demander pourquoi cette tactique a été mise en œuvre, comment les invectives à l’encontre des méridionaux trouvèrent un écho favorable au sein d’une partie de la population, et qui attribua de telles compétences aux cours martiales. Autant de questions qu’il faudra – bien évidemment - appréhender au regard du contexte social et politique de l’époque, celui d’une France rurale et, malgré la révolution industrielle, encore éminemment conservatrice.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire