© Bamboo 2014 - Le Naour & A.Dan |
Août 1914, les premières offensives sont lancées. Le 14, les troupes
françaises se mettent en mouvement autour de Morhange et de Sarrebourg
dans le but de percer les lignes allemandes. Le XVe Corps d’Armée
constitué des régiments du Sud-Est de la France s’engage dans ce qui
deviendra la bataille de Lorraine et qui scellera son destin. Après
quelques succès, il sera stoppé, puis contré et finalement défait. En à
peine plus d’une semaine, près de dix mille combattants tomberont. Ne
pouvant concevoir d’avoir été battu, l’État-major français se chercha
une victime expiatoire.
En cette année de commémoration
du début de la Der des ders, nombre d’albums prennent les tranchées
comme décor ou sujet. Pour sa part, La faute au Midi préfère relater un
fait réel, celui qui conduisit à rendre les contingents du Midi
responsables d’une des premières défaites du conflit et à fusiller
certains de ses soldats.
Apocalypse, la 1ère Guerre mondiale, la récente émission diffusée dernièrement sur France 2, a
décrypté les raisons de l’embrasement de la vieille Europe et montré
toute l’atrocité des combats. Atrocité qui continue de demeurer, pour
beaucoup, des plus virtuelles : l’ultime poignée de Poilus, derniers
témoins vivants du drame, s’en est allée, faisant rentrer la Grande
guerre dans l’immatérialité de l’Histoire !
Pour qui a
regardé ce fabuleux documentaire, une question interpelle plus que toute
autre : comment a-t-il été possible d’envoyer à une mort certaine des
dizaines de milliers d’hommes ? Sans détailler la chronologie des
engagements ou donner des leçons de stratégie militaire, il est évident
que « l'offensive à outrance » prônée par Joffre était dépassée par la
technologie, et que les héroïques charges à la baïonnette ne pouvaient
rien contre les pilonnages d’artillerie et le feu nourri des
mitrailleuses lourdes de l’armée du Kaiser.
Habitué de
cette période et de ses tourments qu'il avait déjà dépeints dans Pour un peu de bonheur Daniel Alexandre (A.Dan) reprend ses pinceaux pour
dépeindre avec simplicité et conviction ces événements dramatiques. Il
confère à cet album une dimension qui dépasse le simple cadre
pédagogique ou historique... Parallèlement, le scénario de Jean-Yves Le
Naour apparaît particulièrement documenté et objectif, même si, en
quarante-six planches, il est impossible de saisir la complexité de la
situation et ses causes profondes. Car, s’il est acquis aujourd’hui que
la préparation de cet engagement fut loin d'être appropriée et que des
erreurs furent commises à tous les niveaux, il convient de se demander
pourquoi cette tactique a été mise en œuvre, comment les invectives à
l’encontre des méridionaux trouvèrent un écho favorable au sein d’une
partie de la population, et qui attribua de telles compétences aux cours
martiales. Autant de questions qu’il faudra – bien évidemment -
appréhender au regard du contexte social et politique de l’époque, celui
d’une France rurale et, malgré la révolution industrielle, encore
éminemment conservatrice.
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