©Dargaud 2014 - Galandon & Vidal |
Avril 1973, personne ne le sait encore, mais les spéculations de financiers suisses vont donner naissance à l’un des mouvements sociaux les plus emblématiques de ces cinquante dernières années. LIP des héros ordinaires en retrace la chronique.
Le cas de la manufacture horlogère bisontine est complexe et ne peut se résumer en quelques lignes, encore moins en une poignée de mots. Beaucoup a été dit, écrit et filmé sur le sujet et il suffit de surfer sur le site de l’INA pour prendre la mesure de cette déflagration sociétale qui ébranla la France pompidolienne et qui sert toujours aujourd’hui de référence.
Plutôt que l’exégèse du conflit, Laurent Galandon a choisi le parti pris du documentaire-fiction. Documentaire car il s’attache à retranscrire méticuleusement la conviction et l’attachement dont firent preuve ces ouvriers pour la préservation de leur emploi ; fiction car il le fait au travers du destin de Solange, l’une des innombrables ouvrières de l’usine. Mais il n’est pas uniquement question de lutte des classes puisque ce one-shot évoque également l’émancipation féminine ou l’éveil à une conscience politique ; autant de choses qui n’allaient pas de soi, même cinq ans après mai 68. Pour mettre en image un tel récit et retranscrire l’atmosphère de l’époque, Damien Vidal adopte un trait simple et une mise en noir et blanc des plus sobres qui rendent parfaitement crédible l’histoire de Solange.
Malgré une certaine distanciation du propos, cet album est forcément partisan puisqu’il en donne une vision de l’intérieur. Toutefois, LIP des héros ordinaires réussit le tour de force de parler de grève et de combat syndical sans lasser et tomber dans les lieux communs. Il permet ainsi aux plus âgés de dépoussiérer leurs classiques sociaux et à ceux, nés après le premier choc pétrolier, de s’adonner à un peu d’archéologie sociale ! Instructif et prenant.
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