The Dark Prince Charming
- It’s a comic ?
- C’est un album de BD franco-belge ?
- C’est les deux à la fois ! It’s the Marini’s Batman !
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© Dargaud 2017- Marini |
Hybride
à plus d’un titre, la dernière parution du dessinateur transalpin
bénéficie d’un traitement rare puisque son lancement se fait
concomitamment des deux côtés de l’Atlantique, chez Dargaud comme chez
DC Entertainment, preuve en est un dossier de presse conjoint en
français et en anglais et une promo avec Jim Lee en personne !
Il
est des propositions qui ne se refusent pas, mais prendre seul la suite
de duos tels ceux constitués par Jeph Loeb et Tim Sale sur Halloween, Frank Miller et David Mazzucchelli sur Année un ou bien Grant Morrison et Dave McKean sur L'Asile d'Arkham, pour ne citer qu’eux, témoigne d’une bonne dose de confiance en soi…
à moins d’éviter - autant que faire se peut - la comparaison et
d’assumer ses différences. C’est à l’évidence le parti pris de DC qui
désire cibler un nouveau lectorat : celui des amateurs(trices)
européen(ne)s de BD quelque peu réfractaires aux attraits des fascicules
made in US.
Bien que bénéficiant d’une carte blanche de
la part de l’éditeur américain, il convient de préciser que si Enrico
Marini n’a pas souhaité révolutionner la licence, il apporte cependant
sa propre sensibilité au travers de quelques arbitrages judicieux et
c’est ce que semble rechercher Jim Lee. En premier lieu, le choix est
fait de travailler sur un casting limité de personnages, mais pas des
moindres puisqu’il s’agit du Joker, d’Harley Quinn et de Catwoman.
Ensuite, il y a le souci de créer une codification graphique qui
s’inscrit dans un cahier des charges strict tout en lui apportant
diverses adaptations à la marge (les costumes, la batmobile…) ; et
surtout, il y a cette atmosphère particulière qui plane sur Gotham grâce
à une mise en couleurs directes qui privilégie les tonalités chaudes.
Sur la partie scénario les choses restent très classiques même si la
dualité/complémentarité du duo Batman/Joker place leurs relations sur un
plan personnel voire intime et permet de développer certaines facettes
qui pourraient apparaître à contre-emploi comme la culpabilité éprouvée
par le Chevalier noire ou un Joker aux allures de dandy beau-gosse.
Alors même si le digne héritier de la lignée Wayne ressemble
furieusement à Marcus Valerius Falco et s’il manque encore un peu de
profondeur à cette dramaturgie urbaine, il faut souligner cette
tentative d’aller au-delà du manichéisme inhérent à quantité de
productions du genre, même s’il y avait matière à pousser l’exercice un
peu plus loin.
Variation européenne sur l’un des héros
emblématiques de la franchise DC, The Dark Prince Charming vaut -
pour l’instant - plus par son graphisme que son récit, mais il faudra
objectivement attendre le second volume prévu au printemps 2018 pour
juger définitivement de l’ensemble. En tout cas DC veut y croire car à
l’instar de Shiori Teshirogi avec
Batman & the Justice League d’autres dessinateurs -
sur divers continents – seraient contactés pour décliner localement
l’une des icônes de l’hégémonie américaine sur le monde… des Comics.