Florrie, doigts de fée
© Bamboo Édition 2017 : Toussaint & /Augustin |
Que ce soit à l’usine, aux champs ou dans les rues, la Première Guerre
mondiale a obligé les femmes à remplacer leurs pères, frères, maris ou
fils partis au front. Mais une fois le conflit terminé, il est parfois
difficile de retourner à sa routine d’antan…
Les histoires du Milieu
sont légions, celles de gangs féminins beaucoup plus rares. Virginie
Augustin et Kid Toussaint essayent tant que faire se peut de remédier à
la chose avec 40 éléphants, version british et féminisée des 40 voleurs !
Prenant pour cadre le Londres de l’Entre Deux-Guerres, les deux auteurs imaginent les péripéties d’une mafia de quartier (Elephant Castle) composée uniquement de femmes qui après avoir investi les bas-fonds désertés par leurs hommes doivent désormais lutter pour survivre contre la police et leurs anciens seigneurs et maîtres. Ce sont ici les arcanes de leur communauté et les petits trafics auxquels elles s’adonnent qui sont contés à travers quelques-unes des figures emblématiques de cette coterie pour le moins inaccoutumée.
Comme à son habitude, Virginie
Augustin recherche toujours de nouvelles voies. Sur un registre
résolument plus réaliste que ses productions antérieures, la voici qui
refait ses gammes informatiques en retravaillant son encrage et ses
noirs sur une galerie de portraits dignes d’un digest de fiches
anthropométriques de Scotland-Yard. Le résultat en est vivant à souhait
et sait établir une réelle empathie (ou antipathie) envers la kyrielle
de protagonistes auxquels elle doit donner vie.
Sur un sujet pour le
moins atypique - mais néanmoins véridique - et un traitement qui joue
sur les relations humaines plus que sur les cligffhangers, Virginie
Augustin et Kid Toussaint installent une série vivifiante qui mêle
habilement étude de mœurs et thriller, sans tomber dans le
misérabilisme. Reste maintenant à savoir s’ils réussiront le hold-up
éditorial de 2018 avec Maggie Passe-Murailles ?
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