mardi 7 novembre 2017

BATMAN

The Dark Prince Charming

- It’s a comic ? 
- C’est un album de BD franco-belge ? 
- C’est les deux à la fois ! It’s the Marini’s Batman ! 

© Dargaud 2017-  Marini
Hybride à plus d’un titre, la dernière parution du dessinateur transalpin bénéficie d’un traitement rare puisque son lancement se fait concomitamment des deux côtés de l’Atlantique, chez Dargaud comme chez DC Entertainment, preuve en est un dossier de presse conjoint en français et en anglais et une promo avec Jim Lee en personne ! 

Il est des propositions qui ne se refusent pas, mais prendre seul la suite de duos tels ceux constitués par Jeph Loeb et Tim Sale sur Halloween, Frank Miller et David Mazzucchelli sur Année un ou bien Grant Morrison et Dave McKean sur L'Asile d'Arkham, pour ne citer qu’eux, témoigne d’une bonne dose de confiance en soi… à moins d’éviter - autant que faire se peut - la comparaison et d’assumer ses différences. C’est à l’évidence le parti pris de DC qui désire cibler un nouveau lectorat : celui des amateurs(trices) européen(ne)s de BD quelque peu réfractaires aux attraits des fascicules made in US. 

Bien que bénéficiant d’une carte blanche de la part de l’éditeur américain, il convient de préciser que si Enrico Marini n’a pas souhaité révolutionner la licence, il apporte cependant sa propre sensibilité au travers de quelques arbitrages judicieux et c’est ce que semble rechercher Jim Lee. En premier lieu, le choix est fait de travailler sur un casting limité de personnages, mais pas des moindres puisqu’il s’agit du Joker, d’Harley Quinn et de Catwoman. Ensuite, il y a le souci de créer une codification graphique qui s’inscrit dans un cahier des charges strict tout en lui apportant diverses adaptations à la marge (les costumes, la batmobile…) ; et surtout, il y a cette atmosphère particulière qui plane sur Gotham grâce à une mise en couleurs directes qui privilégie les tonalités chaudes. Sur la partie scénario les choses restent très classiques même si la dualité/complémentarité du duo Batman/Joker place leurs relations sur un plan personnel voire intime et permet de développer certaines facettes qui pourraient apparaître à contre-emploi comme la culpabilité éprouvée par le Chevalier noire ou un Joker aux allures de dandy beau-gosse. Alors même si le digne héritier de la lignée Wayne ressemble furieusement à Marcus Valerius Falco et s’il manque encore un peu de profondeur à cette dramaturgie urbaine, il faut souligner cette tentative d’aller au-delà du manichéisme inhérent à quantité de productions du genre, même s’il y avait matière à pousser l’exercice un peu plus loin. 

Variation européenne sur l’un des héros emblématiques de la franchise DC, The Dark Prince Charming vaut - pour l’instant - plus par son graphisme que son récit, mais il faudra objectivement attendre le second volume prévu au printemps 2018 pour juger définitivement de l’ensemble. En tout cas DC veut y croire car à l’instar de Shiori Teshirogi avec Batman & the Justice League d’autres dessinateurs - sur divers continents – seraient contactés pour décliner localement l’une des icônes de l’hégémonie américaine sur le monde… des Comics.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire