dimanche 9 septembre 2012

Djebel mon amour...

Billet sur l'opus 3 de L'or et le sang 3 - Les princes du Djebel

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© 12bis 2012 - Merwan & Nury
La révolte menée en terre marocaine par Calixte de Prampéand, aristocrate quelque peu romantique, et, Léon Matilo, petit truand corse, prend de l’ampleur et une république du Rif est un rêve qui pourrait bientôt devenir une réalité. Toutefois, cela constituerait un précédent fâcheux pour les grandes puissances coloniales qui ne peuvent permettre un tel écart.

L'or et le sang s’attache à démontrer que la grande Histoire s’écrit parfois aux travers de petites histoires. D’un coté il y a deux personnalités, la première cédant à son penchant naturel pour les combines, la seconde cherchant la gloire dans les combats et l’amour auprès d'une jolie veuve. De l’autre, il y a le désir de liberté des tribus rifaines s’opposant aux intérêts économiques de la France et de l’Espagne qui savent fort à propos faire fi de leurs divergences pour étouffer dans l’œuf toute velléité d’indépendance de leurs colonies. Le tout s’organise en un album dont l'originalité, comme pour les tomes antérieurs, est d'être écrit et dessiné à huit mains. Si d'aucuns auraient pu craindre des divergences dans l'approche graphique ou scénaristique, il n’en est rien et Les princes du Djebel offre, au contraire, une belle cohérence et une force qui doit certainement beaucoup aux complémentarités que les quatre auteurs ont su trouver entre eux. Le scénario quelque peu linéaire n’est pas sans superbement rappeler The Man Who Would Be King de John Huston ou, par certains aspects, le mythique Lawrence of Arabia de David Lean. Grands espaces, charges sabre au clair, amour, argent et amitié virile sont les ingrédients de base de cette équipée si prompte à dépayser et à faire rêver. Pour servir ce récit, les talents conjugués de Merwan Chabane (Le bel âge, Pour l’empire…) et de Fabien Bedouel (Un long destin de sang, OPK) donnent naissance à un graphisme très typé, aux aplats de couleurs et aux encrages presque minimalistes, qui sait parfaitement préserver l’expressivité des personnages à l’image des yeux d’Anissa !

Chronique d’une époque, d’un pays, à travers l’existence de deux hommes, qui à cause d’un hérisson alcoolique, en arrivèrent à défier la France coloniale. Un album riche et dense... Superbe !
        

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