jeudi 27 septembre 2012

Justice sur orbite !

Chronique sur l'opus 5 d'Orbital : Justice

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© Dupuis 2012 - Pellé & Runberg
Aidés d’Angus, le névronome, et de son pilote, Nina, Caleb et Mézoké ont réussi à détruire le Varosash qui menaçait les cérémonies de réconciliation de Kuala Lumpur. Mais aujourd’hui, les luttes internes qui minent le directoire de la Confédération transforment les héros d’hier en boucs émissaires. Ne pouvant compter que sur Mézoké, pourchassés par de mystérieux terroristes terriens, les deux diplomates de l’ODI se retrouvent, isolés, au centre d’un complot sidéral qui les dépasse...

Depuis avril 2006, Serge Pellé et Sylvain Runberg cosignent l’une des meilleures bandes dessinées de science-fiction contemporaine qui soit. En l’espace de quatre albums, Orbital a su s’inscrire comme une référence incontournable et la comparaison avec Valérian peut être faite sans que l’une ou l’autre n’ait à en rougir. La réussite de cette série est de savoir (re)prendre les canons du genre et de s’autoriser quelques transgressions qui en font tout l’attrait. Ainsi, l’humanité fait figure de parent pauvre d’une Confédération riche de quatre cent vingt-neuf planètes et de sept cent quatre-vingt-deux races différentes et les technologies extraterrestres font passer les humains pour d’indésirables attardés, belliqueux de surcroît. Parallèlement, même si Caleb Swany, le Terrien, et Mézoké Izzua, la(le) Sanjarr, forment un duo diplomatique de choc, il ne faut pas oublier que les deux peuples arrivèrent au bord de la destruction réciproque et que leur collaboration n’est pas des plus naturelles.

Serge Pellé avait véritablement atteint un sommet graphique avec Ravages et son univers pictural est tout simplement bluffant de richesses et d’inventivité. Si Justice ne dépareille pas l'ensemble, il apparaît cependant légèrement en retrait car dessiner des centaines de types d'aliens différents demande une imagination débordante et sans cesse renouvelée et, comme il l’admet lui-même le dessinateur, « … Après, c’est comme tout, il faut se diversifier, on a tendance à voir les mêmes formes revenir sous le crayon. Les tics s’installent dès lors, il faut essayer de pousser un peu pour trouver d’autres concepts qui résonnent avec le récit… ». Ainsi, les faciès animaliers de certains protagonistes comme les masques jokeriens des compagnons de Kristina tranchent quelque peu. Toutefois, les décors et la mise en couleurs - feutres, crayons, gouaches, encres et palette graphique… - sont d’une superbe constance sur les cinq albums et contribuent largement à l’identité visuelle de la série.

Il serait injuste de passer sous silence la qualité du travail de Sylvain Runberg dans la construction du récit. Au delà du fil conducteur qui sous-tend l'action des deux héros d’une mission à l’autre, l'auteur franco-belge enrichit l’album de judicieux sauts temporels qui lèvent le voile sur quelques points restés jusqu’à présent dans l’ombre. Cependant, cet opus laisse une curieuse impression et, bien que le scénario soit fluide, il semble manquer d’une certaine homogénéité, à l’image du contraste qui existe entre le didactique procès de Mézoké et sa fuite pour le moins mouvementée pour retrouver et sauver Caleb.

Justice, album de transition, marque peut-être le pas sur ses prédécesseurs mais demeure d’une belle qualité graphique et scénaristique. De la vraie bande dessinée de science-fiction innovante et terriblement dépaysante.

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