mardi 20 juin 2017

EDELWEISS

© Vents d'Ouest 2017 : Mayen & Mazel
Il est des sommets dont l’ascension peut vous prendre toute une vie à moins qu’ils ne vous l’ôtent avant ! Fascinants autant que provocants, ils sont l’image même du défi surtout lorsque vous vous prénommez Olympe ! 

Edelweiss parle de montagnes… mais pas seulement, d’amour… mais pas uniquement puisqu’il est également question, en fil, rouge, de l’émancipation féminine au sortir de la Second Guerre mondiale. Si aujourd’hui, et non sans difficultés, la société tend vers un égalitarisme femme-homme, il n’y a pas si longtemps ces dames se devaient d’avoir l’autorisation de leur démiurge époux pour travailler ! Là où d’aucuns auraient pris un parti militantisme, Cédric Mayen et Lucy Mazel prennent une autre voie : la leur. Jouant sur les paradoxes d’une époque et sur la volonté conjuguée de leurs héros à se construire ensemble en tant qu’individus et non représentant d’un genre, les deux auteurs démontrent que le respect de l’autre vaut autant par l’attention qu’on lui porte que par des injonctions politiquement correctes. Si l’album montre les limites de la BD et des ellipses à raconter la complexité d’une existence en quatre-vingt-dix planches, Cédric Mayen sait toutefois en choisir les meilleurs moments. Même si l’ensemble manque de cynisme et fait preuve d’un positivisme forcené dans l’adversité, la psychologie des principaux personnages s’édifie avec une réelle profondeur au grè des chapitres. Cet état d’esprit se retrouve dans la physionomie des personnages dessinés et mis en couleurs par Lucy Mazel qui - dans un registre semi réaliste rappelant Jordi Lafebre - donne toute sa consistance et sa force à cette histoire à la fois banale et hors du commun, tragique et pleine d’espoir. 

Edelweiss est un album touchant et sincère qui pourrait bien tutoyer les sommets du succès après avoir joliment évité une avalanche de bons sentiments et franchi habilement quelques séracs de lieux-communs.

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