© Vents d'Ouest 2017 : Mayen & Mazel |
Il est des sommets dont l’ascension peut vous prendre toute une vie à
moins qu’ils ne vous l’ôtent avant ! Fascinants autant que provocants,
ils sont l’image même du défi surtout lorsque vous vous prénommez
Olympe !
Edelweiss parle de montagnes… mais pas
seulement, d’amour… mais pas uniquement puisqu’il est également
question, en fil, rouge, de l’émancipation féminine au sortir de la
Second Guerre mondiale. Si aujourd’hui, et non sans difficultés, la
société tend vers un égalitarisme femme-homme, il n’y a pas si longtemps
ces dames se devaient d’avoir l’autorisation de leur démiurge époux
pour travailler ! Là où d’aucuns auraient pris un parti militantisme,
Cédric Mayen et Lucy Mazel prennent une autre voie : la leur. Jouant sur
les paradoxes d’une époque et sur la volonté conjuguée de leurs héros à
se construire ensemble en tant qu’individus et non représentant d’un
genre, les deux auteurs démontrent que le respect de l’autre vaut autant
par l’attention qu’on lui porte que par des injonctions politiquement
correctes. Si l’album montre les limites de la BD et des ellipses à
raconter la complexité d’une existence en quatre-vingt-dix planches,
Cédric Mayen sait toutefois en choisir les meilleurs moments. Même si
l’ensemble manque de cynisme et fait preuve d’un positivisme forcené
dans l’adversité, la psychologie des principaux personnages s’édifie
avec une réelle profondeur au grè des chapitres. Cet état d’esprit se
retrouve dans la physionomie des personnages dessinés et mis en couleurs
par Lucy Mazel qui - dans un registre semi réaliste rappelant Jordi
Lafebre - donne toute sa consistance et sa force à cette histoire à la
fois banale et hors du commun, tragique et pleine d’espoir.
Edelweiss
est un album touchant et sincère qui pourrait bien tutoyer les sommets du
succès après avoir joliment évité une avalanche de bons sentiments et
franchi habilement quelques séracs de lieux-communs.
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