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samedi 29 septembre 2012
Ville de lumière. Qu'ont-ils fait de toi ... (air connu)
Chronique sur l'opus 3 de La Cité de l'Arche : Lumière vive, lumière morte
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jeudi 27 septembre 2012
Saison brune ou l'éternel été...
Billet sur le one-shot Saison brune
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La maison brûle et
nous regardons ailleurs ! Je ne sais plus qui a prononcé cette phrase
(sic) mais depuis les choses n’ont guère évolué et le monde va droit dans le
mur. Pas de panique ce ne sera pas avant 2030… Alors du calme et consommons
tranquilles !
© Delcourt 2012 - Squarzoni
|
Tout à chacun parle du réchauffement climatique, au boulot,
au bistrot, entre amis, mais que savons-nous exactement et que faisons-nous
pour éviter ce qui apparaît comme inéluctable ? Philippe Squarzoni s’est
posé cette question et il a mis 6 ans pour publier sa réponse : un pavé de près
de 500 pages. Essayant de faire un ouvrage didactique plus que militant, il sait
mettre en évidence, de manière simple et attrayante, l’urgence de la situation…
et si tout est déjà joué pour 2030, il est impératif de ne pas manquer la
prochaine échéance (2050). Cruelle inertie d’une planète qui attendra 20
ans avant de nous montrer les conséquences irréversibles de nos erreurs présentes.
Beaucoup a été dit sur cet ouvrage mais deux erreurs sont à
éviter. La première serait de le prendre pour argent comptant, la deuxième
serait de le réfuter (bêtement) en bloc. Cette BD reportage est là pour nous faire
prendre conscience et nous mettre face à nos responsabilités. Après l’avoir lue,
personne ne pourra dire « je ne
savais pas ». À chacun donc de poursuivre sa réflexion et de définir
son périmètre d’action. Mais l’un des problèmes est de faire en sorte que cette
masse d’informations puisse circuler, percoler, vivre et qu’elle ne se limite
pas à tourner en rond au sein des fans clubs de Squarzoni. A ce titre l’expo et
le débat récemment organisés lors du festival à Tours de Bulles est à souligner
… et à dupliquer !
Désormais, personne ne pourra nier l’utilité de prendre le
train, d’éteindre ses lumières ou de préférer la tomate nantaise à celle
produite en Andalousie, mais sommes-nous pour autant prêts à avoir le niveau de vie d’un
habitant de Bombay pour sauver la planète ? A l’évidence non ! Il y a donc encore du pain sur la
planche et urgence à agir un tant soit peu !
A lire et à méditer longuement et… quotidiennement !
Justice sur orbite !
Chronique sur l'opus 5 d'Orbital : Justice
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© Dupuis 2012 - Pellé & Runberg
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Aidés d’Angus, le névronome, et de son pilote, Nina, Caleb et Mézoké ont réussi à détruire le Varosash qui menaçait les cérémonies de réconciliation de Kuala Lumpur. Mais aujourd’hui, les luttes internes qui minent le directoire de la Confédération transforment les héros d’hier en boucs émissaires. Ne pouvant compter que sur Mézoké, pourchassés par de mystérieux terroristes terriens, les deux diplomates de l’ODI se retrouvent, isolés, au centre d’un complot sidéral qui les dépasse...
Depuis avril 2006, Serge Pellé et Sylvain Runberg cosignent l’une des meilleures bandes dessinées de science-fiction contemporaine qui soit. En l’espace de quatre albums, Orbital a su s’inscrire comme une référence incontournable et la comparaison avec Valérian peut être faite sans que l’une ou l’autre n’ait à en rougir. La réussite de cette série est de savoir (re)prendre les canons du genre et de s’autoriser quelques transgressions qui en font tout l’attrait. Ainsi, l’humanité fait figure de parent pauvre d’une Confédération riche de quatre cent vingt-neuf planètes et de sept cent quatre-vingt-deux races différentes et les technologies extraterrestres font passer les humains pour d’indésirables attardés, belliqueux de surcroît. Parallèlement, même si Caleb Swany, le Terrien, et Mézoké Izzua, la(le) Sanjarr, forment un duo diplomatique de choc, il ne faut pas oublier que les deux peuples arrivèrent au bord de la destruction réciproque et que leur collaboration n’est pas des plus naturelles.
Serge Pellé avait véritablement atteint un sommet graphique avec Ravages et son univers pictural est tout simplement bluffant de richesses et d’inventivité. Si Justice ne dépareille pas l'ensemble, il apparaît cependant légèrement en retrait car dessiner des centaines de types d'aliens différents demande une imagination débordante et sans cesse renouvelée et, comme il l’admet lui-même le dessinateur, « … Après, c’est comme tout, il faut se diversifier, on a tendance à voir les mêmes formes revenir sous le crayon. Les tics s’installent dès lors, il faut essayer de pousser un peu pour trouver d’autres concepts qui résonnent avec le récit… ». Ainsi, les faciès animaliers de certains protagonistes comme les masques jokeriens des compagnons de Kristina tranchent quelque peu. Toutefois, les décors et la mise en couleurs - feutres, crayons, gouaches, encres et palette graphique… - sont d’une superbe constance sur les cinq albums et contribuent largement à l’identité visuelle de la série.
Il serait injuste de passer sous silence la qualité du travail de Sylvain Runberg dans la construction du récit. Au delà du fil conducteur qui sous-tend l'action des deux héros d’une mission à l’autre, l'auteur franco-belge enrichit l’album de judicieux sauts temporels qui lèvent le voile sur quelques points restés jusqu’à présent dans l’ombre. Cependant, cet opus laisse une curieuse impression et, bien que le scénario soit fluide, il semble manquer d’une certaine homogénéité, à l’image du contraste qui existe entre le didactique procès de Mézoké et sa fuite pour le moins mouvementée pour retrouver et sauver Caleb.
Justice, album de transition, marque peut-être le pas sur ses prédécesseurs mais demeure d’une belle qualité graphique et scénaristique. De la vraie bande dessinée de science-fiction innovante et terriblement dépaysante.
Depuis avril 2006, Serge Pellé et Sylvain Runberg cosignent l’une des meilleures bandes dessinées de science-fiction contemporaine qui soit. En l’espace de quatre albums, Orbital a su s’inscrire comme une référence incontournable et la comparaison avec Valérian peut être faite sans que l’une ou l’autre n’ait à en rougir. La réussite de cette série est de savoir (re)prendre les canons du genre et de s’autoriser quelques transgressions qui en font tout l’attrait. Ainsi, l’humanité fait figure de parent pauvre d’une Confédération riche de quatre cent vingt-neuf planètes et de sept cent quatre-vingt-deux races différentes et les technologies extraterrestres font passer les humains pour d’indésirables attardés, belliqueux de surcroît. Parallèlement, même si Caleb Swany, le Terrien, et Mézoké Izzua, la(le) Sanjarr, forment un duo diplomatique de choc, il ne faut pas oublier que les deux peuples arrivèrent au bord de la destruction réciproque et que leur collaboration n’est pas des plus naturelles.
Serge Pellé avait véritablement atteint un sommet graphique avec Ravages et son univers pictural est tout simplement bluffant de richesses et d’inventivité. Si Justice ne dépareille pas l'ensemble, il apparaît cependant légèrement en retrait car dessiner des centaines de types d'aliens différents demande une imagination débordante et sans cesse renouvelée et, comme il l’admet lui-même le dessinateur, « … Après, c’est comme tout, il faut se diversifier, on a tendance à voir les mêmes formes revenir sous le crayon. Les tics s’installent dès lors, il faut essayer de pousser un peu pour trouver d’autres concepts qui résonnent avec le récit… ». Ainsi, les faciès animaliers de certains protagonistes comme les masques jokeriens des compagnons de Kristina tranchent quelque peu. Toutefois, les décors et la mise en couleurs - feutres, crayons, gouaches, encres et palette graphique… - sont d’une superbe constance sur les cinq albums et contribuent largement à l’identité visuelle de la série.
Il serait injuste de passer sous silence la qualité du travail de Sylvain Runberg dans la construction du récit. Au delà du fil conducteur qui sous-tend l'action des deux héros d’une mission à l’autre, l'auteur franco-belge enrichit l’album de judicieux sauts temporels qui lèvent le voile sur quelques points restés jusqu’à présent dans l’ombre. Cependant, cet opus laisse une curieuse impression et, bien que le scénario soit fluide, il semble manquer d’une certaine homogénéité, à l’image du contraste qui existe entre le didactique procès de Mézoké et sa fuite pour le moins mouvementée pour retrouver et sauver Caleb.
Justice, album de transition, marque peut-être le pas sur ses prédécesseurs mais demeure d’une belle qualité graphique et scénaristique. De la vraie bande dessinée de science-fiction innovante et terriblement dépaysante.
lundi 24 septembre 2012
Mourir pour Florence...
Billet sur le one-shot Lorenzaccio
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© 12bis 2011 - Penet
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Servir pour mieux trahir, se renier devant une ville en liesse pour pouvoir rester fidèle à ses idéaux, toujours entre deux mondes et entre deux faux-semblants, Lorenzaccio hante Florence de sa silhouette androgyne(1), sacrifiant presque tout à l’accomplissement de son œuvre.
Que Musset est loin ! Les souvenirs d’une scolarité passée ne peuvent raviver une mémoire qui part en lambeau et Lorenzaccio n’éveille plus qu’un écho lointain sans véritable consistance ! Heureusement que Régis Peynet lui se souvient et offre aux amnésiques une seconde chance.
Dégageant la pièce de son contexte historique, pour la projeter dans une Florence atemporelle, l’auteur drômois met en exergue l’intemporalité et l’universalité de ce chef d’œuvre du Romantisme. Mais au-delà de sa dimension littéraire, cet album possède une portée graphique et esthétique rare. L’ensemble des planches est tout simplement superbe de précision et d’expressivité et transcende le spleen suicidaire du descendant des Médicis.
Un bien bel ouvrage sur la décadence et la vacuité d’une existence sans but, fut-il inutile et vain !
Que Musset est loin ! Les souvenirs d’une scolarité passée ne peuvent raviver une mémoire qui part en lambeau et Lorenzaccio n’éveille plus qu’un écho lointain sans véritable consistance ! Heureusement que Régis Peynet lui se souvient et offre aux amnésiques une seconde chance.
Dégageant la pièce de son contexte historique, pour la projeter dans une Florence atemporelle, l’auteur drômois met en exergue l’intemporalité et l’universalité de ce chef d’œuvre du Romantisme. Mais au-delà de sa dimension littéraire, cet album possède une portée graphique et esthétique rare. L’ensemble des planches est tout simplement superbe de précision et d’expressivité et transcende le spleen suicidaire du descendant des Médicis.
Un bien bel ouvrage sur la décadence et la vacuité d’une existence sans but, fut-il inutile et vain !
(1) Sans doute pour rappeler qu’avant Gérard Philipe
et Francis Huster, ce rôle fut joué par des femmes, dont une certaine Sarah
Bernhardt !
Les Folies Bergère... ou l'éloge de la folie !
Chronique sur le one-shot Les Folies Bergère
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© Dargaud 2012 - Porcel & Zidrou
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La 17e compagnie d’Infanterie a baptisé sa tranchée "Les Folies Bergère" ! Piètre facétie qui ne peut faire oublier que, même entre deux assauts, la mort et la déraison sont tapies dans les recoins de chaque sapine. Elles attendent leur heure, sans impatience, sûres de leur fin !
Bien que le dernier Poilu soit aujourd’hui décédé et que ceux qui la vécurent deviennent de plus en plus rares, la Première Guerre mondiale fascine toujours. De Tardi à Gibrat, en passant par les duos Maël/Kris, Breccia/Dorison ou Mounier/Cothias… beaucoup de dessinateurs et de scénaristes ont fait de la Der des Ders la toile de fond de quelques-unes de leurs plus belles planches. Aujourd’hui, Zidrou et Porcel proposent leur vision d’un conflit qui faucha toute une génération.
Au-delà des batailles qui opposèrent la France de Clemenceau à l’Empire germanique de Guillaume II, Les Folies Bergère s’attache au sort d’un capitaine et de sa compagnie. Dans ces tranchées où l’avenir consiste à pouvoir survivre jusqu’au lendemain, même les esprits les plus aguerris, même ceux anesthésiés par les assauts répétés finissent par vaciller. C’est cette lente descente vers la folie que retrace cet album. Zidrou s’attache à décrire comment ces hommes tiennent grâce à leur humour de caserne, l’alcool, la dérision, la foi, le souvenir de temps meilleurs, ou la douceur pernicieuse des permissions. Pour traduire, cette terreur qui ronge les esprits aussi sûrement que l’acide attaque les aciers les mieux trempés, le scénariste belge emploie un procédé narratif pour le moins original puisqu’il oppose la vie des premières lignes à celle de l’arrière ! Ainsi, l’antagonisme entre le fracas des canons du front et la chaleur de quelques conquêtes généreusement rémunérées ou la quiétude du jardin de Monet est saisissant. Comment peut-on s’entretuer pendant que s’écrit l’une des pages les plus riches de la peinture moderne ? Comment peut-on encore peindre lorsque des hommes meurent pour leur pays ?
Entre un futur qui ne dure pas plus de quelques jours, un présent qui ne peut que compter ses morts et un passé qui s’estompe inéluctablement, les soldats, comme le scénario, basculent lentement dans l’irrationnel. Usés, marqués dans leur chair, les hommes n’ont même plus la force de lutter contre la démence ou l’hallucination collective que Francis Porcel met si bien en scène. Le dessin singulièrement évocateur du jeune Espagnol possède un réalisme qui s’inscrit plus dans l’impression que dans la précision et offre une belle homogénéité de tons et de propos avec un récit des plus noirs. Au-delà du trait, le jeu des couleurs imprègne l’album, car aux gris du quotidien et à son corollaire, le rouge du sang, ne répondent que la subtilité et la douceur des Nymphéas du maître de Giverny, seule touche d’espoir dans cet univers plombé par la guerre.
Avec cet album prenant et subtil, Benoit Drousie, ne cesse de surprendre. Scénariste à succès, notamment avec les pitreries scolaires d’un Ducobu porté par deux fois à l’’écran, il sait aussi écrire des histoires tendres - Lydie - et profondes - La peau de l’ours. Avec Les Folies Bergère, il confirme son talent dans un one-shot des plus saisissants, magistralement dessiné par Francis Porcel.
Bien que le dernier Poilu soit aujourd’hui décédé et que ceux qui la vécurent deviennent de plus en plus rares, la Première Guerre mondiale fascine toujours. De Tardi à Gibrat, en passant par les duos Maël/Kris, Breccia/Dorison ou Mounier/Cothias… beaucoup de dessinateurs et de scénaristes ont fait de la Der des Ders la toile de fond de quelques-unes de leurs plus belles planches. Aujourd’hui, Zidrou et Porcel proposent leur vision d’un conflit qui faucha toute une génération.
Au-delà des batailles qui opposèrent la France de Clemenceau à l’Empire germanique de Guillaume II, Les Folies Bergère s’attache au sort d’un capitaine et de sa compagnie. Dans ces tranchées où l’avenir consiste à pouvoir survivre jusqu’au lendemain, même les esprits les plus aguerris, même ceux anesthésiés par les assauts répétés finissent par vaciller. C’est cette lente descente vers la folie que retrace cet album. Zidrou s’attache à décrire comment ces hommes tiennent grâce à leur humour de caserne, l’alcool, la dérision, la foi, le souvenir de temps meilleurs, ou la douceur pernicieuse des permissions. Pour traduire, cette terreur qui ronge les esprits aussi sûrement que l’acide attaque les aciers les mieux trempés, le scénariste belge emploie un procédé narratif pour le moins original puisqu’il oppose la vie des premières lignes à celle de l’arrière ! Ainsi, l’antagonisme entre le fracas des canons du front et la chaleur de quelques conquêtes généreusement rémunérées ou la quiétude du jardin de Monet est saisissant. Comment peut-on s’entretuer pendant que s’écrit l’une des pages les plus riches de la peinture moderne ? Comment peut-on encore peindre lorsque des hommes meurent pour leur pays ?
Entre un futur qui ne dure pas plus de quelques jours, un présent qui ne peut que compter ses morts et un passé qui s’estompe inéluctablement, les soldats, comme le scénario, basculent lentement dans l’irrationnel. Usés, marqués dans leur chair, les hommes n’ont même plus la force de lutter contre la démence ou l’hallucination collective que Francis Porcel met si bien en scène. Le dessin singulièrement évocateur du jeune Espagnol possède un réalisme qui s’inscrit plus dans l’impression que dans la précision et offre une belle homogénéité de tons et de propos avec un récit des plus noirs. Au-delà du trait, le jeu des couleurs imprègne l’album, car aux gris du quotidien et à son corollaire, le rouge du sang, ne répondent que la subtilité et la douceur des Nymphéas du maître de Giverny, seule touche d’espoir dans cet univers plombé par la guerre.
Avec cet album prenant et subtil, Benoit Drousie, ne cesse de surprendre. Scénariste à succès, notamment avec les pitreries scolaires d’un Ducobu porté par deux fois à l’’écran, il sait aussi écrire des histoires tendres - Lydie - et profondes - La peau de l’ours. Avec Les Folies Bergère, il confirme son talent dans un one-shot des plus saisissants, magistralement dessiné par Francis Porcel.
samedi 22 septembre 2012
Effeuillage de Violette...
Billet sur l'opus 1 de Burlesque Girrrl : Musique
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© Ankama Éditions 2012 - Amoretti
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Violette, Peter, Morgan et Juan,
membres de Grrrl vivent leur musique sans concession, mais en attendant une
gloire qui tarde à se manifester, ils subsistent grâce à de petits boulots. Toutefois,
les choses changent peu à peu et après un contact avorté avec un label indépendant,
Colleen Duffy - l’idole de Violette - se propose de les faire signer pour 3 albums.
Parallèlement, la jeune contrebassiste se met à composer et à assumer ses
formes dans des effeuillages d’enfer… au grand dam de Peter qui voit sa petite
amie s’éloigner de lui…
En tant que scénariste et
dessinateur, François Amoretti sait mettre son héroïne en valeur grâce à son
graphisme onirique et à un scénario qui, s’il prend l’ascension du groupe comme
prétexte, est en fait axé sur la quête identitaire de la jolie pin-up aux
charmes voluptueux. Fortement marqué par l’iconographique des mangas, le jeune
provençal arrive, avec ses angles de vues et ses planches hors cadre délicatement
et richement colorées, à déstructurer un récit par trop linéaire, donnant ainsi
à l’album un rythme qui lui fait parfois défaut !
Burlesque Girl est quelque peu inclassable ! À n’en pas douter
François Amoretti a pris le risque de faire un album qui lui plait. Ce premier opus est donc une excellente occasion
de faire connaissance avec la voix Colleen Duffy ou l’univers burlesquement sensuel de Lady Flo, les
belles américaines suralimentées et les femmes aux formes généreuse…ment
tatouées !
mardi 18 septembre 2012
H’Angus the Monkey...
Chronique sur le one-shot Le singe de Hartlepool
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© Delcourt 2012 - Moreau & Lupano
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En 1814, les relations entre la France et la perfide Albion ne sont pas au beau fixe et ce même jusqu’à Hartlepool, charmant village du comté de Durham ! Il faut dire que les habitants du coin sont de fins connaisseurs de la géopolitique européenne et qu’ils entretiennent les meilleures relations du monde avec les bouseux de Seaham ou ces dégénérés de culs-à-l’air d’Ecossais. Alors quand un marin de la Grande Armée vient s’échouer sur leurs côtes, c’est le délire. Le problème est que le matelot en question est… un malheureux singe !
Basée sur une anecdote qui veut que les habitants de ce village de la côte Est de l’Angleterre aient, en leur temps, confondus un primate et un valeureux soldat de la République, Wilfrid Lupano et Jérémie Moreau profitent de l’occasion pour brocarder sans ménagement tous les va-t-en-guerre et nationalistes de tout poil. Car le thème central du Singe de Hartlepool est bien celui-là, la xénophobie et de son corolaire, l’ignorance. En disséquant les mœurs et les certitudes de cette petite communauté anglo-anglais, où le taux de crétinisme est en relation directe avec le taux de consanguinité, les auteurs s’attachent à stigmatiser le communautarisme.
Même si les dialogues sont ironiques et pleins d’à propos et si le trait est caustique à souhait et ne permet pas forcément (et sciemment) de faire la distinction entre des idiots congénitaux et un pauvre chimpanzé, il est cependant désorientant de constater que, malgré les efforts de certains, les mentalités n’ont globalement guère évolué depuis deux cents ans.
Un album haut en couleurs, subtil et incisif qui stigmatise la bêtise humaine tout en apportant une petite lueur d’espoir … quoique !
dimanche 16 septembre 2012
Deux écureuils au "Paradis"
Billet sur Vel d'Hiv de Christian Lax
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© Canal BD Editions 2012 - Lax
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Avec Vel d’Hiv, Christian Lax achève sa trilogie initiée avec Amédée Fario dans L'Aigle sans orteils (2005) puis suivie, par les raids d’Élie Ternois sur les pavés du Nord dans Pain d’alouette (2009 et 2011). Mais, comme sur les opus précédents, le vélo n’est qu’un prétexte qui permet au scénariste de s’attarder sur un sujet plus large, plus essentiel : la vie d’hommes ou de femmes dont la simplicité, la passion, l’abnégation donnèrent une autre dimension à leur existence.
Loin de la ferveur soulevée par la Pascale ou par l’euphorie estivale du Tour de France, ce nouvel album s’attache cette fois au sanctuaire des pistards : le vélodrome d’hiver. Le Vel d’Hiv, temple du cyclisme où les aficionados de la petite reine s’entassaient par milliers au Paradis pour voir tourner leurs champions sur l’anneau d’érable pendant que sur la rive gauche, le Tout Paris se donnait en spectacle, indifférent, à la violence des efforts, aux développements surhumains et aux jambes lourdes d’avoir trop pédalé.
Vel d’Hiv évoque une époque à travers le destin de deux frères, l’un l’écrivant dans la lumière des projecteurs, l’autre dans l’ombre de la clandestinité. 1942, la France est occupée et pendant que les forces allemandes se pavanent dans Paris, le petit monde de Paname souffre. Époque pleine d’ambigüités où le meilleur côtoya souvent le pire, comme en ces funestes 16 et 17 juillet où près de 14 000 personnes furent regroupées de force et expédiées vers une mort certaine. Avec pudeur, l’album relate à travers un vélodrome élevé au rang de personnage principal, l’engagement de ceux qui décidèrent de résister. En alternant judicieusement dialogues et narratifs, le scénario donne profondeur et personnalité aux divers protagonistes en jouant sur l’empathie ou la distanciation. Reflets d’une triste réalité, le propos est poignant, le dessin est juste.
Porter un tel récit, demande un graphisme à l’allant. Refusant l’encrage, jouant des feutres directement sur ses crayonnés, maîtrisant ses cadrages et le mouvement, Christian Lax sait donner à ses planches douceur et intensité, dynamisme et puissance. Plus que le trait, c’est la charge émotionnelle qui se dégage de son dessin qui le caractérise le mieux.
Un album qui sait appréhender l’une des périodes les plus sombres de notre histoire contemporaine en toute humilité. À lire absolument.
A Tours de Bulles 2012
Avec un programme alléchant, À Tours de Bulles a connu un week-end ensoleillé qui ne faisait, en rien regretter d’être venu buller place de Châteauneuf !
En installant les auteurs au fur et à mesure de leur arrivée, sans plan de table, et en disposant d’un barnum qui rend difficile les files de sacs, les organisateurs ont trouvé une formule pour le moins équilibrée. L’insouciance tourangelle élevée au rang de principe d’organisation… j’adore !
Samedi, du beau monde ; les aficionados comme d’habitude (j’en fais partie) mais également beaucoup de gens qui profitent du festival pour venir faire dédicacer une BD pour un ami, une sœur. Il y a beaucoup de jeunes, des femmes (plus qu’à l’ordinaire), signes d’un festival qui sait s’ouvrir à un large public. Certains sont même venus avec les poussettes !
En installant les auteurs au fur et à mesure de leur arrivée, sans plan de table, et en disposant d’un barnum qui rend difficile les files de sacs, les organisateurs ont trouvé une formule pour le moins équilibrée. L’insouciance tourangelle élevée au rang de principe d’organisation… j’adore !
Samedi, du beau monde ; les aficionados comme d’habitude (j’en fais partie) mais également beaucoup de gens qui profitent du festival pour venir faire dédicacer une BD pour un ami, une sœur. Il y a beaucoup de jeunes, des femmes (plus qu’à l’ordinaire), signes d’un festival qui sait s’ouvrir à un large public. Certains sont même venus avec les poussettes !
Dimanche, peu de monde … les gens sont restés plantés devant le barbecue !
Coté participants, il suffit de regarder le programme….. Pour ma part, j’ai eu le plaisir et la chance de pouvoir discuter longuement (Mea culpa envers ceux qui étaient derrière moi) avec Chloé Cruchaudet, Jordi Lafebre, Julien Telo, François Amoretti, et Claude Pelet et tout cela sous un soleil réchauffant les vieilles douleurs.
Coté indiscrétions :
- Chloé Cruchaudet prépare un one-shot se déroulant dans le Paris des Années Folles. Une superbe histoire qu’elle dessinera et scénarisera, seule. Je ne vous en dis pas plus, mais c’est un sujet pour le moins original comme sait les travailler la jeune auteure lyonnaise.
- Sous la direction de Christian Clot, Julien Telo s’attaque avec Guillaume Dorison à l’un des épisodes de la vie de Henry de Monfreid, dans la collection Explora. Sortie prévue pour St Malo 2014.
- Jordi Lafebre, prix Tour d’Ivoire 2011 fraîchement débarqué de son Ibérie natale, repart avec Benoit Drousie, pour un diptyque dont les sorties seront très rapprochées… Patience donc !
- Discussion également passionnante avec Claude Pelet qui a raconté sa collaboration avec Laurent Vicomte. Malgré ce qui a pu être écrit ici et là, j’ai trouvé un auteur qui, s’il ne niait pas certaines difficultés dans ses relations, ne descend pas pour autant le père de Sasmira et sait reconnaître ce qu’il lui doit. Espérons qu’il pourra désormais faire les albums qui lui ressemblent !
Mais À Tours de Bulles ne se limite pas à une simple séance de dédicaces collectives et il faut rendre hommage aux organisateurs qui ouvrent cet évènement au cinéma et à une multitude d’expositions ou d’animations.
Un festival comme je les aime, pas prise de tête, pas grand-messe entre initiés …. Bravo !
dimanche 9 septembre 2012
Djebel mon amour...
Billet sur l'opus 3 de L'or et le sang : 3 - Les princes du Djebel
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La révolte menée en terre marocaine par Calixte de Prampéand, aristocrate quelque peu romantique, et, Léon Matilo, petit truand corse, prend de l’ampleur et une république du Rif est un rêve qui pourrait bientôt devenir une réalité. Toutefois, cela constituerait un précédent fâcheux pour les grandes puissances coloniales qui ne peuvent permettre un tel écart.
L'or et le sang s’attache à démontrer que la grande Histoire s’écrit parfois aux travers de petites histoires. D’un coté il y a deux personnalités, la première cédant à son penchant naturel pour les combines, la seconde cherchant la gloire dans les combats et l’amour auprès d'une jolie veuve. De l’autre, il y a le désir de liberté des tribus rifaines s’opposant aux intérêts économiques de la France et de l’Espagne qui savent fort à propos faire fi de leurs divergences pour étouffer dans l’œuf toute velléité d’indépendance de leurs colonies. Le tout s’organise en un album dont l'originalité, comme pour les tomes antérieurs, est d'être écrit et dessiné à huit mains. Si d'aucuns auraient pu craindre des divergences dans l'approche graphique ou scénaristique, il n’en est rien et Les princes du Djebel offre, au contraire, une belle cohérence et une force qui doit certainement beaucoup aux complémentarités que les quatre auteurs ont su trouver entre eux. Le scénario quelque peu linéaire n’est pas sans superbement rappeler The Man Who Would Be King de John Huston ou, par certains aspects, le mythique Lawrence of Arabia de David Lean. Grands espaces, charges sabre au clair, amour, argent et amitié virile sont les ingrédients de base de cette équipée si prompte à dépayser et à faire rêver. Pour servir ce récit, les talents conjugués de Merwan Chabane (Le bel âge, Pour l’empire…) et de Fabien Bedouel (Un long destin de sang, OPK) donnent naissance à un graphisme très typé, aux aplats de couleurs et aux encrages presque minimalistes, qui sait parfaitement préserver l’expressivité des personnages à l’image des yeux d’Anissa !
Chronique d’une époque, d’un pays, à travers l’existence de deux hommes, qui à cause d’un hérisson alcoolique, en arrivèrent à défier la France coloniale. Un album riche et dense... Superbe !
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© 12bis 2012 - Merwan & Nury
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L'or et le sang s’attache à démontrer que la grande Histoire s’écrit parfois aux travers de petites histoires. D’un coté il y a deux personnalités, la première cédant à son penchant naturel pour les combines, la seconde cherchant la gloire dans les combats et l’amour auprès d'une jolie veuve. De l’autre, il y a le désir de liberté des tribus rifaines s’opposant aux intérêts économiques de la France et de l’Espagne qui savent fort à propos faire fi de leurs divergences pour étouffer dans l’œuf toute velléité d’indépendance de leurs colonies. Le tout s’organise en un album dont l'originalité, comme pour les tomes antérieurs, est d'être écrit et dessiné à huit mains. Si d'aucuns auraient pu craindre des divergences dans l'approche graphique ou scénaristique, il n’en est rien et Les princes du Djebel offre, au contraire, une belle cohérence et une force qui doit certainement beaucoup aux complémentarités que les quatre auteurs ont su trouver entre eux. Le scénario quelque peu linéaire n’est pas sans superbement rappeler The Man Who Would Be King de John Huston ou, par certains aspects, le mythique Lawrence of Arabia de David Lean. Grands espaces, charges sabre au clair, amour, argent et amitié virile sont les ingrédients de base de cette équipée si prompte à dépayser et à faire rêver. Pour servir ce récit, les talents conjugués de Merwan Chabane (Le bel âge, Pour l’empire…) et de Fabien Bedouel (Un long destin de sang, OPK) donnent naissance à un graphisme très typé, aux aplats de couleurs et aux encrages presque minimalistes, qui sait parfaitement préserver l’expressivité des personnages à l’image des yeux d’Anissa !
Chronique d’une époque, d’un pays, à travers l’existence de deux hommes, qui à cause d’un hérisson alcoolique, en arrivèrent à défier la France coloniale. Un album riche et dense... Superbe !
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