© Delcourt 2016 - Crepax |
Après Anita en juin 2016, les éditions Delcourt enrichissent leur
collection Erotix de la réédition (partielle) de Bianca.
Bianca est une
jeune femme qui laisse libre cours à son imagination et cède –
inconsciemment ou non - aux fantasmes de son créateur. Parues à l’aube
des années 70 et largement influencées par le vent printanier de liberté
qui souffla à pareille époque, les aventures de cette égérie aux
courbes altières pourraient aujourd’hui susciter interrogations, voire
incompréhension. En effet, que reste-t-il de ces noirs et blancs aux
relents de soufre, de ces dessins finement ciselés où plaisir et
souffrance s’entrelacent dans une libidinale complexité ? La
pudibonderie ambiante pourrait-elle avoir raison d’œuvres qui exaltent
les vertus de la perversion. Car sachons-le, Guido Crepax ne cache rien,
mais – heureusement - ne montre pas tout. Ses planches chargées d’une
overdose de sexualité sadomasochiste gardent toujours leur part de
mystère. Qui mène la danse ? Les dominants ou la dominée ? L’esclave de
ses névroses n’est-elle pas, en fait, la maîtresse d’un bal des sens ou
chaque page la transporte de désirs en plaisirs ? Sophistiqué jusque
dans ses références littéraires, Bianca fait preuve d’un graphisme d’une
rare élégance lorsqu’il est question de formes callipyges, mais sait
aussi faire ressortir la psychologie des faire-valoir qui
l’accompagnent. Riche à la limite de la profusion tout en restant dans
l’épure, le trait de l’auteur milanais demeure une référence qui
transcende les genres, les styles et qui sait les époques.
Que ce soit
au travers des rêveries érotiques de ses propres héroïnes ou de celles
des autres, Guido Crepax nous a transmis une certaine vision de
l’esthétique féminine et des délices de la transgression… À chacun
d’apprécier l’apparente anarchie de cette intégrale et de savoir bien
différencier le rêve de la réalité.