lundi 24 juillet 2017

LE RAPPORT DE BRODECK

1/2 : L'autre


© Dargaud 2015 -  Larcenet
Au retour des camps, Brodeck pensait pouvoir oublier l’incurie de la guerre. Mais la nature de l’Homme est telle que, même dans ce coin perdu au milieu de nul part, l’obscurantisme, la suspicion et la bêtise font leur œuvre.

Ayant une vision plutôt récréative de la bande dessinée, Manuel Larcenet est de ces (rares) auteurs que j’avais jusqu’à présent évité. Mais les années comme les lectures aidant, il était temps de s’attaquer à l’un des « poids-lourds » du 9e art hexagonal.

Graphiquement, ce diptyque est une claque. Passant - sans transition - d’un naturalisme ultraréaliste à un surréalisme métaphorique, l’auteur de Blast gère son noir et blanc avec une évidence déconcertante. Maître dans la transcription des états d’âmes, surtout les plus noires, certains passages sont de véritables démonstrations à l’image de ce huis-clos avec le curé du village dont la pertinence graphique et la justesse psychologique laissent pantois. Manuel Larcenet possède (du moins sur ce récit) un indéniable don pour faire ressortir la vilenie de ses personnages… Oppressant et poignant par la densité de son dessin et la précision d’un trait sans concession, « Le rapport de Brodeck » s’avère être bien plus qu’un simple album de bande-dessinée.

Dans ce pays de neige où le noir donne son relief aux objets et sa matérialité à la nature humaine, les innocents font de parfaits coupables.

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