Black & white
© Delcourt 2017 - Macan & Kordey |
Que le Colonel Terrence B. Helena vérifie mon identité passe encore, on
n’est jamais trop prudent. Mais que pendant ce temps-là, j’attende son
retour sous un soleil de plomb, ligoté sur un cheval qui se dérobe sous
moi avec une corde au cou qui se fait insistante, il y a de meilleures
manières d’apprécier un coucher de soleil…
Poisseux, sale, immoral et
cynique "Black & white" raconte mon histoire grâce au duo qui
présidait déjà à la destinée de "Nous les morts" et qui revient ici avec
un western loin des clichés hollywoodiens. L’homme est un coyote pour
l’homme dans les plaines d'Arizona et la loi du plus fort est toujours
la meilleure, croyez-moi sur parole. Bienvenue à vous dans ces contrées
où tous mes rêves me sont permis du moment que je suis du bon côté du
colt !
Assumant ses références tout en sachant s’en démarquer, cet album
ne fait pas dans la dentelle ni dans le cérébral, même si la psychologie
des divers protagonistes est parfaitement ciselée, à commencer par la
mienne. Un découpage au cordeau, des plans millimétrés, des ellipses
parfaitement maîtrisées, une dynamique dans la narration qui ne laisse
aucun instant de répit : tout est mis en œuvre afin de propulser le
lecteur dans cette poursuite où la sueur et la boue sont mon lot
quotidien. Pour rendre compte des personnalités rencontrées sous mon
étoile de Marshal adjoint, le dessin d’Igor Kordey fait merveille.
Pesant telle la chaleur qui me fait préférer un peu d’eau à du whisky,
épais à l’image de la peur qui m'assaille, puissant comme la violence
qui s'abat sur Dardanelle, le trait du dessinateur de "L’histoire
secrète" se fond littéralement dans le récit de Darko Macan.
Mon nom est
Bass, River Bass et je suis plutôt du genre taciturne et
d’indéfinissable, plus vraiment « black » et certainement pas « white ».
Je suis un idéaliste pragmatique qui essaye simplement de faire
bouillir la marmite de sa petite famille. Que mes aventures durent
encore quelques tomes pour ramasser suffisamment de billets afin me
retirer en douceur et d’en savoir un peu plus sur la capacité de mes
auteurs à renouveler un tant soit peu un genre qui tente de renaître de
ses cendres.
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