lundi 27 juin 2016

UN TOUT PETIT BOUT D'ELLE

© Le Lombard 2016 - Zidrou & Beuchot
Avec Un tout petit bout d’elles, Zidrou et Raphaël Beuchot clôturent leur trilogie africaine initiée en mai 2011. Exit, les conteurs de liberté ou la musicalité des bords du lac Maï Ndombé, place à un autre visage du continent Noir, celui des nouveaux colonialistes et du poids des usages ancestraux. 

À travers l’histoire d’amour entre Yue Kiang, qui travaille pour un consortium chinois venu puiser dans les richesse du Congo, et Antoinette qui rêve de visiter le Louvre, le Stakhanov belge du scénario évoque une pratique d‘un autre âge : l’excision. 

Le sujet est délicat et pourrait paraître quelque peu lointain pour celui qui en ignore tout. Écrit en sous-entendus lourds de sens, cet album laisse le lecteur hébété et incrédule fasse à cette coutume souvent perpétuée par celles qui en furent les victimes. Rituel barbare dont les seuls fondements semblent être ceux de la tradition, il est cependant dommage que Benoit Drousie ne se soit pas attaché à expliquer en profondeur les raisons qui font encore que plus de 130.000 fillettes sont mutilées chaque année. Annexé d’un complément qui permet de se rendre compte de l’étendue du drame, Un tout petit bout d’elles bénéficie de la sobriété du dessin de Raphaël Beuchot qui, par sa gestion des couleurs, adoucit singulièrement la dureté du propos et renforce l’anachronique détermination de ses héros. 

Reste au final un certain désarroi face à un acte qui, pour nous occidentaux, n’a aucun sens, mais qui continue de marquer dans leur chair la plus intime des centaines de millions de femmes de par le monde.

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