© Le Lombard 2016 - Zidrou & Beuchot |
Avec Un tout petit bout d’elles, Zidrou et Raphaël Beuchot clôturent
leur trilogie africaine initiée en mai 2011. Exit, les conteurs de
liberté ou la musicalité des bords du lac Maï Ndombé, place à un autre
visage du continent Noir, celui des nouveaux colonialistes et du poids
des usages ancestraux.
À travers l’histoire d’amour entre
Yue Kiang, qui travaille pour un consortium chinois venu puiser dans
les richesse du Congo, et Antoinette qui rêve de visiter le Louvre, le
Stakhanov belge du scénario évoque une pratique d‘un autre âge :
l’excision.
Le sujet est délicat et pourrait paraître quelque peu
lointain pour celui qui en ignore tout. Écrit en sous-entendus lourds de
sens, cet album laisse le lecteur hébété et incrédule fasse à cette
coutume souvent perpétuée par celles qui en furent les victimes. Rituel
barbare dont les seuls fondements semblent être ceux de la tradition, il
est cependant dommage que Benoit Drousie ne se soit pas attaché à
expliquer en profondeur les raisons qui font encore que plus de 130.000
fillettes sont mutilées chaque année. Annexé d’un complément qui permet
de se rendre compte de l’étendue du drame, Un tout petit bout d’elles
bénéficie de la sobriété du dessin de Raphaël Beuchot qui, par sa
gestion des couleurs, adoucit singulièrement la dureté du propos et
renforce l’anachronique détermination de ses héros.
Reste
au final un certain désarroi face à un acte qui, pour nous occidentaux,
n’a aucun sens, mais qui continue de marquer dans leur chair la plus
intime des centaines de millions de femmes de par le monde.
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