© Bamboo 2016 - Félix & Gastine |
Et si la réalité était tronquée ? Si l’évidence s’avérait n’être qu’une
illusion ? Si le vrai avait l’apparence du faux, à moins que ce ne soit
le faux qui sonne comme le vrai ? Que faire, qui croire, que penser ?
Le constat est implacable, la conclusion d’une série est toujours un
instant délicat pour ne pas dire difficile, et nombreuses sont celles
qui, après avoir suscité les plus folles illusions, se concluent
mollement ou dans des révélations vides de sens.
Cette
épineuse question a certainement dû effleurer Jérôme Félix à l’heure de
solder son Héritage, et lui donner à regretter d’avoir, sciemment ou
non, jonglé sur les registres de l’historique et de l’ésotérique ou
brouillé les pistes tout en menant son récit crescendo. Terminer en
beauté et verrouiller tous les axes narratifs initiés depuis
Rennes-le-château et ceci en seulement cinquante-deux planches n’est pas
une mince affaire, mais il convient d’admettre que le contrat est
rempli.
Dense à la limite du raisonnable, ne laissant que peu
de place à la fioriture, dédoublant l’action en de multiples lieux afin
de mieux conclure, le scénariste s’en sort avec les honneurs, sans
cabrioles ni effets de manches superfétatoires. Ciblant volontairement
un large public sans pour autant renoncer à développer un pitch qui ait
du sens, l'enfant de Vire réussit à faire la synthèse de bien des
références cinématographiques ou littéraires – Da Vinci Code ou Indiana
Jones pour les plus régulièrement mentionnées - pour servir sur un
plateau cette fiction à Paul Gastine. Naturellement doué pour camper la
gente féminine, le jeune dessinateur normand (lui aussi !) a, depuis Le
secret du Mont St Michel, singulièrement étendu le champ de ses
possibilités en matière de paysages et de décors. Désormais, la
polyvalence et la maturité dont il fait preuve sur L'Apocalypse
devraient lui permettre de conquérir de nouveaux espaces graphiques.
Une fois terminé, L’héritage du diable laisse la satisfaction de voir
un talent se confirmer et un autre éclore. Que souhaiter de plus ?
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