samedi 11 juin 2016

Diable ! Déjà fini...

L’HÉRITAGE DU DIABLE : 4. L'apocalypse

© Bamboo 2016 - Félix & Gastine
Et si la réalité était tronquée ? Si l’évidence s’avérait n’être qu’une illusion ? Si le vrai avait l’apparence du faux, à moins que ce ne soit le faux qui sonne comme le vrai ? Que faire, qui croire, que penser ?

Le constat est implacable, la conclusion d’une série est toujours un instant délicat pour ne pas dire difficile, et nombreuses sont celles qui, après avoir suscité les plus folles illusions, se concluent mollement ou dans des révélations vides de sens. 

Cette épineuse question a certainement dû effleurer Jérôme Félix à l’heure de solder son Héritage, et lui donner à regretter d’avoir, sciemment ou non, jonglé sur les registres de l’historique et de l’ésotérique ou brouillé les pistes tout en menant son récit crescendo. Terminer en beauté et verrouiller tous les axes narratifs initiés depuis Rennes-le-château et ceci en seulement cinquante-deux planches n’est pas une mince affaire, mais il convient d’admettre que le contrat est rempli. 

Dense à la limite du raisonnable, ne laissant que peu de place à la fioriture, dédoublant l’action en de multiples lieux afin de mieux conclure, le scénariste s’en sort avec les honneurs, sans cabrioles ni effets de manches superfétatoires. Ciblant volontairement un large public sans pour autant renoncer à développer un pitch qui ait du sens, l'enfant de Vire réussit à faire la synthèse de bien des références cinématographiques ou littéraires – Da Vinci Code ou Indiana Jones pour les plus régulièrement mentionnées - pour servir sur un plateau cette fiction à Paul Gastine. Naturellement doué pour camper la gente féminine, le jeune dessinateur normand (lui aussi !) a, depuis Le secret du Mont St Michel, singulièrement étendu le champ de ses possibilités en matière de paysages et de décors. Désormais, la polyvalence et la maturité dont il fait preuve sur L'Apocalypse devraient lui permettre de conquérir de nouveaux espaces graphiques.

Une fois terminé, L’héritage du diable laisse la satisfaction de voir un talent se confirmer et un autre éclore. Que souhaiter de plus ?

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