LES AILES DU SINGE : 1. WAKANDA
© Paquet 2016 - Willem |
Difficile pour un pilote d’exception d'être rivé au
plancher des vaches ! Heureusement, Harry peut compter sur Betty pour
s’envoyer en l’air. Enfin, façon de parler…
Se servir de
nos amis les bêtes pour pouvoir évoquer - tout à loisir - les travers
des hommes n’est pas chose nouvelle et, des bestiaires médiévaux en
passant par La Fontaine, les références littéraires à la zoosphère sont
légion. Il est alors normal que le 9e Art suive les mêmes voies.
Toutefois, la bande dessinée zoomorphique reste un exercice un peu
particulier, qui demande une certaine dextérité. En effet, il ne suffit
pas de savoir dessiner une souris pour faire Mickey ou un chat pour
donner naissance à Blacksad. Ayant montré quelques prédispositions avec
L’épée d'Ardenois, Étienne Willem semble vouloir persister dans le genre
et ce pour notre plus grand bonheur. À l’évidence, l’enfant de
Charleroi a des facilités pour dessiner les animaux anthropomorphisés et
cela se voit sur ce premier opus des Ailes du singe.
Dans le cas présent, cette version crayonnée de Wakanda possède le charme, assumé, des productions hollywoodiennes d’entre-deux-guerres. L’absence de couleurs et d’encrage ramène chaque planche à sa dimension première ; sur le bleu, le trait brut délivre toute son expressivité. D’aucuns reprocheront à Étienne Willem d’avoir repris tous les clichés des films américains d’aventures, ceux du temps du Noir & Blanc. Mais qui s’en plaindrait tellement la chose est faite avec brio, avec cette pointe d’autodérision qui permet une certaines distanciation ? Les héroïnes sensuelles à souhait, les méchants patibulaires comme il faut, et toute la faune de seconds rôles croquée avec justesse donnent à cet album une belle consistance à la dynamique toute cinématographique. Cerise sur le gâteau, la mise en abîme entre King-Kong et le Wakanda prouve qu’Étienne Willem est un auteur complet qui sait mener toute sa petite ménagerie d’une main de maître.
John Blacksad n’a qu’à bien se tenir : Harry Faulkner fait une entrée tonitruante dans le petit monde animalier de la bande dessinée.
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