lundi 27 juin 2016

Allez mon Kiki !

LES AILES DU SINGE : 1. WAKANDA

© Paquet 2016 - Willem
Difficile pour un pilote d’exception d'être rivé au plancher des vaches ! Heureusement, Harry peut compter sur Betty pour s’envoyer en l’air. Enfin, façon de parler…

Se servir de nos amis les bêtes pour pouvoir évoquer - tout à loisir - les travers des hommes n’est pas chose nouvelle et, des bestiaires médiévaux en passant par La Fontaine, les références littéraires à la zoosphère sont légion. Il est alors normal que le 9e Art suive les mêmes voies. Toutefois, la bande dessinée zoomorphique reste un exercice un peu particulier, qui demande une certaine dextérité. En effet, il ne suffit pas de savoir dessiner une souris pour faire Mickey ou un chat pour donner naissance à Blacksad. Ayant montré quelques prédispositions avec L’épée d'Ardenois, Étienne Willem semble vouloir persister dans le genre et ce pour notre plus grand bonheur. À l’évidence, l’enfant de Charleroi a des facilités pour dessiner les animaux anthropomorphisés et cela se voit sur ce premier opus des Ailes du singe. 

Dans le cas présent, cette version crayonnée de Wakanda possède le charme, assumé, des productions hollywoodiennes d’entre-deux-guerres. L’absence de couleurs et d’encrage ramène chaque planche à sa dimension première ; sur le bleu, le trait brut délivre toute son expressivité. D’aucuns reprocheront à Étienne Willem d’avoir repris tous les clichés des films américains d’aventures, ceux du temps du Noir & Blanc. Mais qui s’en plaindrait tellement la chose est faite avec brio, avec cette pointe d’autodérision qui permet une certaines distanciation ? Les héroïnes sensuelles à souhait, les méchants patibulaires comme il faut, et toute la faune de seconds rôles croquée avec justesse donnent à cet album une belle consistance à la dynamique toute cinématographique. Cerise sur le gâteau, la mise en abîme entre King-Kong et le Wakanda prouve qu’Étienne Willem est un auteur complet qui sait mener toute sa petite ménagerie d’une main de maître.

John Blacksad n’a qu’à bien se tenir : Harry Faulkner fait une entrée tonitruante dans le petit monde animalier de la bande dessinée.

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