© Casterman 2016 - Camou & Bandini |
Il était une fois une maison. Plutôt un immeuble, avec un air de
déjà-lu ! Au rez-de-chaussée, le Père Léon devise avec Jéso Dedieu. À
l’étage, Mlle Chapon accuse Monsieur Wolf d’avoir mangé sa petite sœur.
Au-dessus, le jeune Pierre Pan vit au crochet d’un ancien officier de
Marine. Et que penser de ces deux mineurs bientôt majeurs ? Mais
toujours pas de raton laveur !
S’il fallait résumer Tout
conte fée, il serait possible d’écrire que cet album porte un regard
décalé sur ces histoires qui font le bonheur des pédopsychiatres et la
fortune des studios Disney. En développant un peu plus, il pourrait être
ajouté que Lionel Camou, pour une raison étrange, s’intéresse au
devenir de l’éclectique microcosme des contes de fées, une fois les
grimoires refermés et les enfants couchés ! Avec une fantaisie des plus
débridées, il se laisse aller à quelques supputations sur ce petit
monde, avançant pour l’occasion une théorie surprenante quant aux
relations que notre réalité quotidienne tisserait avec ces univers de
magie et de rêves. Ainsi, si le Grand Méchant Loup se tape Mère-Grand en
cachette, c’est pour éviter de mettre prématurément le Petit Chaperon
Rouge face à une sexualité résolument subversive qui insufflerait en
elle des tensions primaires pour ne pas dire primales… Comprenne qui
pourra ?
À la planche à dessins, Bandini s’en donne à
cœur joie et prend visiblement plaisir à travailler avec son scénariste
de père. Se jouant des styles comme des situations, cet opus se révèle
être un véritable melting-pot de références visuelles et d’influences
graphiques qui arrive, nonobstant de légers écarts, à conserver sa
cohérence malgré la folie ambiante.
Tout conte fée
réalise le grand écart entre Bruno Bettelheim et Tex Avery, tout en
naviguant des Monty Python et Lewis Carroll. Ceci étant, il ne fait pas
dans l’orthodoxie et le politiquement correct, mais c’est certainement
là sa qualité première. La seconde étant qu’il faut au moins le lire
deux fois pour en apprécier toute la subtilité !
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