mardi 29 janvier 2013

I had a father in Africa

Chronique sur l'opus 3 de L'appel des origines : Sanyanga

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© Vents d'Ouest 2013 
Séjourn & Callède
Après plusieurs jours d’une progression émaillée de doutes et de douleurs, le moral de l’expédition est au plus bas et les corps sont mis à mal. À peine les contreforts de Sanyanga franchis, le bruit sourd des tamtams emplit la vallée et la peur se fait prégnante. Le dénouement est désormais proche !

Sur un récit porté par une Afrique où les panoramiques hollywoodiens se mêlent aux souvenirs de la baronne Blixen, Joël Callède déroule avec aisance et sureté son scénario. Sans tomber dans le pathétique ou la facilité, et à mesure que la petite troupe progresse vers les hauts plateaux, la tension monte, la complexité des relations se fait jour, la mort prélève son tribu et les certitudes comme les esprits vacillent. Jouant autant sur la personnalité de leurs héros que sur la sauvage beauté du Grand Ouest africain, les auteurs apportent la touche finale à un triptyque qui réalise la transition entre New-York et Nairobi, entre les envolées jazziques d'Harlem et la mélopée lancinante des tambours du Sanyanga.

Sobrement mis en perspective par le trait de Gaël Séjourné et les couleurs de Jean Verney, ce dernier album met résolument le continent noir à l’honneur et confère à ses planches l’odeur et la saveur des grands safaris du XXème siècle.

Avec ses allures de huis clos par la pudeur de ses sentiments ou de superproduction cinématographique par ses décors grandioses, cet ultime volet clôt superbement une histoire particulièrement prenante.

I had a father in Africa aurait pu conclure Anna, en écho à Karen Blixen !

samedi 26 janvier 2013

Et le canard qui fait Vrr Vrr... (air connu)

Chronique sur l'opus 1 de Confessions d'un canard sex-toy : Préliminaires

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© Ankama Éditions 2013
Poitevin & Chantilly
Si Dieu créa la femme, il semblerait qu’il ait également pensé à lui offrir quelques animaux de compagnie. Ainsi, certaines auraient une vibrante affection envers de petits anatidés, noirs et en plastique !
Les confessions d’un canard sex-toy offre à Arnaud Poitevin et Mickaël Roux un petit intermède récréatif. Derrière un pseudo à la consonance toute féminine, les deux auteurs s’adonnent à une série de gags graphiques, généralement d’une demie page, organisés autour de Sigmund, un jouet sexuel un rien intro…spectif qui débat sur la finalité de ses ébats avec Elise (sa confidente de vache), et la jolie Milly Chantilly, jeune femme qui trouve auprès de son palmipède fétiche, un ludique substitut à ses pulsions libidinales.
 Sans véritable scénario, cette friandise est une succession de saynètes humoristiques dont les chutes se jouent des mots et se nourrissent d'expressions équivoques. En perpétuant une longue tradition littéraire et graphique d’albums très… féminins, écrits par des hommes, cette compilation aborde de manière frivole, mais sans jamais sombrer dans le graveleux ou le vulgaire, un sujet qui fait fantasmer la gent masculine : l’intimité de l’alcôve de ces dames une fois la porte refermée.
Vite parcourues, ces quarante-six planches dont le trait n’est pas sans rappeler les productions vectorielles d’Arthur de Pins, seront propices à quelques sourires pleins de sous-entendus pour peu qu'elles soient lues à deux !

mercredi 23 janvier 2013

Simiesque attitude

Chronique sur l'opus 7 de Prométhée : 7 - La théorie du 100ème singe

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© Soleil Productions 2013 
Raffaele & Bec
Le 100ème singe ! Celui qui fera tout basculer, celui par qui la particularité deviendra généralité, sauvant ainsi le monde. À l’aube du treizième jour, si les hommes n’ont pas pris conscience du gouffre vers lequel ils se précipitent, alors, le glas de l’Humanité résonnera à 13h13.

Au fil des parutions, certaines bandes dessinées s’installent dans le paysage et deviennent non pas immédiatement cultes - seuls le recul et une conclusion à la hauteur peuvent les hisser à ce rang - mais marquent un style et consacrent leurs auteurs. Prométhée appartient indéniablement à cette catégorie.

Par le passé, il a pu être reproché à Christophe Bec un rythme par trop lent, des révélations parcimonieuses, voire un récit confus pour ne pas dire abscons. Aujourd’hui, la complexité n’apparaît ni gratuite, ni fortuite et s’avère d’une véritable richesse. À l’image de ces puzzles qui par la magie d’une seule pièce, et après d’interminables heures d’efforts, prennent sens, la théorie du 100ème singe révèle toute l’implication d’un scénariste à ciseler son histoire planche après planche, à la construire album après album.

Les raisons de ce succès sont multiples ! La principale tient certainement à son mimétisme avec une certaine perception de la réalité. Pour cela, les auteurs utilisent quelques-unes des énigmes les plus célèbres de la planète, de la Grèce de Persée à l’Atlantide, en passant par la zone 51, le triangle des Bermudes ou bien encore les trous de ver, tout ce qui aujourd’hui pose question trouve ici une explication, une interprétation. Cette nouvelle mise en perspective semble d’autant plus vraisemblable que Stefano Raffaele fait preuve d’un trait d’une telle précision qu’il ancre le scénario au sein d’un tangible graphiquement probant. On y croirait !

Récit parabolique sur l’inconstance et l’inconsistance de l’Être ou divertissement de qualité, Prométhée s’impose comme l'une des séries les plus captivantes du moment et s’il est des sorties attendues, celle du huitième volet (en juin prochain) est incontestablement l’une d’entre-elles.

dimanche 20 janvier 2013

Ne vous déplaise ! En lisant la Javanaise....

Chronique sur l'opus 1 de La Javanaise : 1 - La fille de Mata Hari

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© Glénat 2013 - Annabel & Cyrus
En cette année 1918, fuyant l’image d’une mère qu’elle veut oublier, Jeanne Louise Mac Leod tente de refaire sa vie à Java, l'île de son enfance. À peine arrivée, une succession de phénomènes étranges se produisent et son retour éveille la curiosité des autorités comme la convoitise de certains édiles locaux… De morts en résurrection, la jeune femme renoue avec le passé de celle qui lui donna le jour, du temps où celle-ci s’appelait Margaretha Zelle et pas encore Mata-Hari !

La Javanaise offre une ouverture pour le moins confuse avec un album qui part dans bien des directions. Commencée à la manière d’un récit de vie, l’histoire oblique vers le policier et l’étrange pour finir sur des tonalités fantastiques. La mise en place de tous ces éléments se réalise au gré de séquences qui manquent cruellement de liens et posent ainsi plus de questions qu’elles n’apportent de réponses. À l’évidence, l’ensemble fait preuve d’une cohérence toute relative et ce n’est qu’au prix de quelques relectures que le propos s’éclaircit : en revenant à Djakarta, Jeanne est contrainte d’assumer les démons qui, jadis, furent malencontreusement réveillés par quelques colons en mal d’émotions.

Si le trouble caractérise le scénario de François Debois et Cyrus, la richesse pourrait définir le dessin d’Annabel. Cependant, la qualité du trait de la dessinatrice bordelaise ne parvient pas à rendre compte de l’atmosphère pesante qui plane progressivement au dessus ses planches. La cause en reviendrait peut-être à un léger manque de fluidité ou alors, à la couleur - trop réaliste - de Roberto Burgazzoli Cabrera qui, bien que se jouant parfaitement des éclairages, n’arrive pas à vraiment matérialiser les peurs et les angoisses qui étreignent la colonie hollandaise de Bunduang.

La fille de Mata Hari peine à traduire ce "petit rien" qui insufflerait à ce diptyque la puissance émotionnelle d’une aventure au potentiel pourtant prometteur. Reste à espérer que le deuxième, et dernier, volet le permettra !

vendredi 18 janvier 2013

Elle croâââ à l'Amouuuuur

Chronique sur l'opus 1 de Lulu : Il était une fois une princesse

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© Jungle 2013 - Lulu Inthesky
Lulu est une princesse qui attend son prince charmant.

En fait, Lulu cherche désespérément à se caser. Mais même si Paris est un terrain de chasse fort giboyeux pour une frêle amazone en quête de mâle, il y est plus facile de trouver une belle paire d’escarpins (surtout en période de soldes) que chaussure à son pied !

Structuré en petites saynètes d’une à deux pages, Il était une fois une princesse permet de suivre avec délices le gymkhana sentimental de cette blonde (vénitien, pardonnez du peu !) filiforme, légèrement dépressive sur les bords. Toutefois, cette traversée en solitaire de la capitale ne cacherait-elle pas une exigence déplacée surtout en période de disette amoureuse ? Viril et sensible, beau mais pas trop, jeune et aussi mature, charmant sans être charmeur : telles sont les qualités attendues… Autant chercher une aiguille dans une grange de foin !

Mettant en scène de manière totalement décomplexée cette émule de Bridget Jones et son batracien de faire-valoir, Lulu Inthesky (c'est un pseudo !) est une nouvelle venue dans l’univers de la bande-dessinée. Issue de l’illustration, Laëtitia Lamblin fait preuve, au gré de planches déstructurées et légères, d’un graphisme insouciant et de dialogues taillés au cordeau qui s'intéressent plus à l’à-propos qu'aux convenances.

En espérant que cette première œuvre n’a rien d’autobiographique et que Lulu va enfin se lever un mec, car mon Dieu, ce qu’elle chante mal !


mercredi 16 janvier 2013

Honoré face à de Balzac !

Chronique sur l'opus 1 d'Abymes : Première partie

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© Dupuis 2013 - Griffo & Mangin
Le père des Chouans deviendrait-il fou ? Depuis quelques jours, un mystérieux auteur écrit le troublant feuilleton de sa vie avec une précision des plus troublantes. Machination sournoisement ourdie, paranoïa persécutrice, opération publicitaire génialement orchestrée ou confession expiatrice et inconsciente ? Toutes les alternatives sont possibles. Mais pour le phénix de la ruelle de Madame de Berny, il faudra bien se résoudre à la cruelle évidence.

Pari audacieux que celui de vouloir traiter de la mise en abyme. Si le concept peut paraître abscond, il est cependant des plus intéressants, surtout dans le traitement du vertige que ce procédé narratif ne peut manquer de créer lorsqu’il est poussé à l’extrême.

Honoré face à de Balzac ! Cet album à mi-chemin entre l’étude de mœurs et le conte métaphorique montre toute l’habileté de l’ancienne thésarde de la Sorbonne à jouer avec ses personnages et l’indicible impression de tourner en rond que cette mise en abyme rétrospective à réitération simple induit. Premier opus d’un triptyque au dernier volet, a priori très autobiographique, Abymes est une confrontation surprenante entre le créateur et son oeuvre.

Sur cette ouverture ambitieuse, Valérie Mangin s’associe à Griffo. Avec son trait si particulier, un rien caricatural, le dessinateur belge dépeint un Balzac torturé, aux faux-airs de négociant en vins et charbons, plus préoccupé par sa notoriété que par la grandeur de son art. Les petitesses du microcosme littéraire sont ainsi dépeintes avec une pertinence graphique qui confère à ces planches une dimension digne de la Comédie humaine. 
 
Après le retour d’Alix, Valérie Mangin offre - avec élégance et brio – une jolie variation sur une figure de style difficile à manipuler, notamment en bande dessinée.

dimanche 13 janvier 2013

L'Enfer est souvent pavé de bonnes intentions...

Chronique sur l'opus 2 de Les Thanatonautes : Le temps des pionniers

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© Glénat 2012
Taranzano & Corbeyran

En 2025, l’homme a conquis le Paradis et il en est revenu… Paradoxalement, ce voyage l'a entraîné aux confins des étoiles car l’Eden se cacherait au fond d'un trou noir !

Il est des sujets plus difficiles à traiter que d'autres ! La Mort est indiscutablement de ceux-ci, ne serait-ce que par la charge émotionnelle ou la religiosité qu’elle véhicule. Dans son best-seller éponyme, tout l'art de Bernard Werber était d'utiliser un angle pour le moins inusité : le défunt part vers l'Au-delà et, la terminologie usuelle renvoyant à une notion de lieu, l'ex-journaliste scientifique en concluait logiquement qu'il pouvait être exploré ! Dès lors, il fallait en revenir vivant : tel était Le temps des bricoleurs. Cette étape déterminante passée, à l’image d’un Chuck Yeager franchissant Mach 1 un matin d’octobre 1947 et ouvrant la voie à la conquête de l’espace, Michael Pinson et Raoul Razorbak - les héros de la série - entament l’exploration d’une contrée inconnue mais chargée de promesses. Les thanatonautes sont nés, annonçant Le temps des pionniers.

Il est commercialement tentant de décliner un roman à succès et, désormais, la bande dessinée fait figure de produit dérivé au même titre qu’un T-shirt. Glénat a mis les moyens en prenant comme scénariste l’une des signatures les plus prolifiques du moment. Et le choix pourrait être payant car le découpage que réalise Éric Corbeyran préserve l’intégrité de l’œuvre originelle, en l’adaptant aux spécificités du 9ème Art. Cependant, malgré un rythme parfaitement maîtrisé, le scénario s’avère confus. Entre volonté de maintenir une progression dans les révélations au fil des Moch, d’assaisonner l’ensemble d’un minimum de romance sans oublier certaines considérations philosophiques, sociopolitiques voire techniques… le tout finit par ressembler à un patchwork sans réelle épaisseur.


Il en est de même avec Pierre Taranzano dont le trait quelque peu caricatural a la lourde - pour ne pas dire impossible - tâche de donner consistance aux limbes éternels. Immanquablement, l’iconographie de l’inconscient collectif resurgit, les démons sont intérieurs et bestiaux, le plaisir est rouge et charnel, les jardins babyloniens préfigurent de la beauté absolue et le 7ème ciel est une terre d’harmonie nirvanique. Tout ceci fini par sombrer dans le convenu de bon aloi.
 
Un petit instant de lecture... vite oublié !

vendredi 11 janvier 2013

L'art de couper ses ennemis en quatre !

Chronique sur l'opus 1 d'Isabella : L'homme nuit

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© Le Lombard 2013
Gabor & Raule
Isabellae tient de son père sa science du daishō. Siuko, elle, a hérité des pouvoirs noirs de leur mère. Depuis la bataille de Dan-no-ura, il y a sept ans, les deux adolescentes sont séparées. Sur le chemin qui doit la mener à sa sœur, Isabellae fera une bien curieuse rencontre, qui donnera peut-être un sens à sa vie et lui fera oublier ses fantômes comme son passé.

Après avoir œuvré sur Jazz Maynard, Raule se lance dans une autre aventure avec Gabor. Exit les banlieues de Barcelone, puisque le scénariste espagnol a posé sa plume au Japon, à la fin du XIIème siècle. S’ensuit un scénario étrange mêlant quête identitaire, combats féroces, magie et fantastique, voire un brin de mysticisme. Au final, l’ensemble se cherche quelque peu. Tout particulièrement en ce qui concerne la séquence qui fera immanquablement écho au Chant des Stryges et qui vaut son titre à l’album. Des plus surprenantes au pays des Kamis, cette référence biblique apparaît pour le moins anachronique sauf à démontrer, de manière très allégorique, la force de caractère du personnage principal ! Le prochain opus, Mer de cadavres permettra peut-être d’en saisir tout l’intérêt !

Coloriste sur Curiosity Shop - avec Montse Martin au crayon - Gabor signe le dessin de cette série. Avec une approche très paysagée des décors qui n’est pas sans rappeler certaines estampes… japonaises, le graphiste abandonne tout académisme lorsqu’il s’agit de rendre compte des échauffourées. Priorité à l’efficacité à travers un trait plus simple, plus épuré, mieux à même de traduire la vivacité avec laquelle l’héroïne se sert de son sabre. Tout juste pourrait-on regretter un trait parfois trop marqué sur les silhouettes.

 L’homme nuit illustre parfaitement cette nouvelle génération d’auteurs qui sait renouveler le franco-belge en lui insufflant une vision métissée alliant les codes du manga et de l’animation. Graphiquement, le résultat ravira les adulescents, amateurs de katana ! 

lundi 7 janvier 2013

Encore un mort à Venise

Chronique sur l'opus 1 de Venise hantée : L'étrange mort de Lord Montbarry

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© Emmanuel Proust Éditions 2012
Wagne & Seiter
Dans les salons feutrés de Londres, il n'est question que du récent mariage de Lord Montbarry et de la Comtesse de Narona. S’enticher d’une demi-mondaine, pourquoi pas ? Mais rompre pour cela ses fiançailles avec la belle et si respectable Agnès Lockwood, il y a un pas que bien peu auraient osé. Quoiqu'il en soit, fuyant la capitale anglaise, il file désormais le parfait amour à Venise jusqu’au jour où une mauvaise bronchite le fait passer de vie à trépas. Dès lors, les spéculations les plus folles circulent sur cette fin prématurée, d’autant que dix mille livres doivent être versées à l’inconsolable veuve… De quoi attirer quelques réticences de la part de la compagnie d’assurance qui dépêche aussitôt l’un de ses enquêteurs.

Luchino Visconti et Thomas Mann firent mourir Gustav von Aschenbach sur les plages du Lido, pour sa part Lord Montbarry expire dans un hôtel particulier au milieu des canaux vénitiens. Sont-ce les brumes qui recouvrent la lagune ou les façades des palais trop fastueuses pour être honnêtes qui réveillent l’imagination des cinéastes comme des écrivains et ce de manière quelque peu funeste ?

Roger Seiter et Vincent Wagner développent avec Venise hantée un polar qui, bien que librement interprété d’un roman de Wilkie Collins, fera immanquablement, penser à l'œuvre de feue Agatha Christie. Outre le microcosme de la haute bourgeoisie d’outre-Manche, le rythme - disons plutôt l’absence de rythme - renvoie indubitablement aux enquête du perspicace Hercule Poirot. Si la mort tarde à venir, c’est que Roger Seiter a besoin de tisser patiemment sa toile, poser calmement son intrigue et mettre en place progressivement ses personnages. Ainsi, nombre d’éléments sont disséminés au fil des planches et auront, le moment venu, toute leur importance. Sitôt le décès constaté, le récit proprement dit prend son cours lentement et indirectement, puisque maints faits et évènements sont relatés par des tiers, à l’occasion d’un diner ou de simples conversations. Il s’ensuit une distanciation par rapport à l’action qui trouble la réalité des choses ! Lord Montbarry est-il vraiment décédé ou simplement disparu ?

Sur une trame exploitant les non-dits et voyageant entre les bords de la Tamise et les rives du Canal Grande, Vincent Wagner apporte son trait semi-réaliste qui sait parfaitement jouer sur les expressions et créer, par sa mise en couleur et ses jeux d’ombres, une atmosphère aux parfums très… british.


Un album d’ambiance qui ne démarre véritablement que par son final (trop) théâtral et fait espérer un second opus plus mouvementé ! 

jeudi 3 janvier 2013

La fin de Galthédoc...

Chronique sur l'opus 17 de Balade au bout du monde : Epilogue

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© Glénat 2012 - Laval NG & Makyo
Quel lien pourrait-il exister entre un royaume inconnu perdu au milieu de nulle part et l’enlèvement d’un nourrisson à Paris ? A priori aucun, sauf pour Aline persuadée que son enfant a été kidnappé par Joachim, le nouveau souverain des lieux. Mais dans quels desseins ? Pour cela, il lui faudra retourner à Galthédoc !

Ce dix-septième album achève Balade au bout du monde dont la première parution date de janvier 1982 et met ainsi un terme définitif à l’histoire de cette royauté lilliputienne oubliée au cœur des marais.

Pour que cet épilogue ait des airs de feux d’artifice et non d’enterrement, Pierre Makyo qui a présidé à la destinée de toute la saga, a regroupé autour de lui - à l’exception (notable) de Laurent Vicomte - ceux qui en dessinèrent la majeure partie. Ainsi, Éric Hérenguel, Michel Faure, Laval NG et… Claude Pelet se relayent sur soixante-quatre planches pour tenter d’en finir avec un récit initié il y a trente ans.

Si l’intention était louable, le résultat interroge. En effet, il convient d’avouer que le scénario, dans son ensemble, n’est pas de nature à véritablement synthétiser ou achever le périple d’Aline et Arthis, tout au plus en constitue t-il un épisode supplémentaire. Seules les dernières pages posent trop succinctement et de manière parabolique, voire un tantinet philosophique, la véritable question du devenir de Galthédoc.

Dessiné à huit mains, ce dénouement en forme de testament clôt sans vraiment convaincre de… sa réelle nécessité.