mercredi 16 janvier 2013

Honoré face à de Balzac !

Chronique sur l'opus 1 d'Abymes : Première partie

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© Dupuis 2013 - Griffo & Mangin
Le père des Chouans deviendrait-il fou ? Depuis quelques jours, un mystérieux auteur écrit le troublant feuilleton de sa vie avec une précision des plus troublantes. Machination sournoisement ourdie, paranoïa persécutrice, opération publicitaire génialement orchestrée ou confession expiatrice et inconsciente ? Toutes les alternatives sont possibles. Mais pour le phénix de la ruelle de Madame de Berny, il faudra bien se résoudre à la cruelle évidence.

Pari audacieux que celui de vouloir traiter de la mise en abyme. Si le concept peut paraître abscond, il est cependant des plus intéressants, surtout dans le traitement du vertige que ce procédé narratif ne peut manquer de créer lorsqu’il est poussé à l’extrême.

Honoré face à de Balzac ! Cet album à mi-chemin entre l’étude de mœurs et le conte métaphorique montre toute l’habileté de l’ancienne thésarde de la Sorbonne à jouer avec ses personnages et l’indicible impression de tourner en rond que cette mise en abyme rétrospective à réitération simple induit. Premier opus d’un triptyque au dernier volet, a priori très autobiographique, Abymes est une confrontation surprenante entre le créateur et son oeuvre.

Sur cette ouverture ambitieuse, Valérie Mangin s’associe à Griffo. Avec son trait si particulier, un rien caricatural, le dessinateur belge dépeint un Balzac torturé, aux faux-airs de négociant en vins et charbons, plus préoccupé par sa notoriété que par la grandeur de son art. Les petitesses du microcosme littéraire sont ainsi dépeintes avec une pertinence graphique qui confère à ces planches une dimension digne de la Comédie humaine. 
 
Après le retour d’Alix, Valérie Mangin offre - avec élégance et brio – une jolie variation sur une figure de style difficile à manipuler, notamment en bande dessinée.

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