dimanche 16 décembre 2012

Requiem pour un tueur !

Chronique sur l'opus 16 de Durango : Le crépuscule du vautour

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© Soleil Productions 2012
Girod & Swolfs

Il est des individus pour qui une vie se mesure à l’aune de ce qu’elle rapporte ou par les quelques grammes de plomb qui l’abrègeront prématurément. Autres temps, autres mœurs ; avec le siècle qui va naître, s’achève la fin d’une époque : celle des pionniers qui défrichèrent l’Ouest à grands coups de pioches et de revolvers.

Durango est de retour et il poursuit sans état d’âme une vengeance suicidaire que même la douceur des hanches de Windbird ne peut lui faire oublier. Désabusé à jamais, le peu d’empathie qu’il concédait encore à ses semblables s’en est allé dans la fumée d’un soir. Le crépuscule du vautour concrétise un changement dans la psychologie du personnage. Cette évolution se retrouve jusque sous le crayon de Thierry Girod ; le tueur à gages a vieilli et… muri ! Plus que les années, ce sont ses chevauchées sans but, jonchées de dizaines de cadavres gisant dans la boue ou la poussière qui ternissent le regard d’Oeil Couleur de Prairie. N’ayant plus rien en quoi croire et aucun avenir à offrir, son futur se résume à la balle qui le tuera. Loin du tueur méthodique et froid qu’il fut, l’homme est désormais meurtri. Les grands fauves blessés sont les plus dangereux dit-on, Steiner et ses sbires l’apprendront bientôt à leurs dépens ! Durango est le stéréotype du cow-boy solitaire qui - à l’image de ces westerns fourrés à la sauce tomate ou au ketchup - véhicule tout un imaginaire qu’Yves Swolfs - en évitant d’être trop manichéen - sait parfaitement cultiver et que Thierry Girod met cinémascopement en images.

Le crépuscule du vautour est l’occasion pour le virtuose du Mauser c96 de côtoyer enfin ses frères rouges. À l’opposé d’un Blueberry qui cultivait les amitiés indiennes, Durango semblait ne jamais devoir croiser leurs routes. C’est désormais chose faite et il est heureux que son retour perpétue un genre qui a récemment perdu l’un de ses pairs les plus illustres.

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