jeudi 15 mars 2012

Le roi maudit

Billet sur Africa Dreams : 2 - Dix volontaires sont arrivés enchaînés

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En cette fin de XIXème siècle, Paul Delisle débarque au Congo à la recherche d’un père qui a fuit la Belgique pour trouver refuge au milieu de la jungle. Mais l’Afrique et les exactions liées à l’exploitation de ses richesses ne peuvent laisser insensibles le jeune séminariste et les hommes de bonne volonté qui, une fois revenus à la civilisation, n’auront de cesse de dénoncer ce qu’ils ont vu et vécu… pour peu que la possibilité leur en soit laissée !                          

© Casterman 2012 - Bihel & Charles
Bien qu’il s’inscrive dans un contexte colonial, Africa dreams n’est pas dans la veine romanesque qu’India dreams puisque le thème choisi par Maryse et Jean-François Charles est beaucoup plus dur ; ici, plus question d’histoires sentimentales au pays des sūtras mais de la mise à sac méthodique d’un pays au profit d’un seul individu, roi d’outre-quiévrain de surcroit. Ce 2ème album s’avère également plus européen que le précédent dans la mesure où, nécessité oblige, la divulgation des agissements outranciers des employés de l’EIC implique un relais auprès de l’opinion publique du vieux continent. Ainsi, après quelques missionnaires protestants, le flambeau est repris par des hommes tels l’anglais Edmund Dene Morel ou l’irlandais Roger Casement.
Africa dreams est de ces albums qui, au travers de pages agréablement mises en couleur, font prendre conscience de certains faits historiques pour le moins ignorés (du moins en France). Et si un certain parti pris peut transparaître, le supplément de l’édition du 1er tome a l’intelligence de relativiser le propos en montrant l’ambigüité des motivations de l’époque, car ne nous y trompons pas, la colonisation était avant tout une aventure commerciale européenne dont le (seul) but était d’offrir aux pays colonisateurs richesse et puissance.

Quoiqu’il en soit, cet album au réalisme saisissant et aux couleurs directes judicieusement exploitées par Frédéric Bihel, sait créer une atmosphère pesante et lourde comme peut l’être le climat équatorial ou… le malaise suscité par ce capitalisme outrancier !
 

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