© Delcourt 2016 - Bégaudeau & Durand |
Renée travaille à l’usine, elle fabrique des piles en banlieue
parisienne. En ce début du mois de mai, elle est loin de se douter
qu’elle aussi fera sa révolution…
Renée fait partie de cette cohorte
silencieuse qui n’a aucune velléité sociale, mais qui goûte
insidieusement, et par inadvertance, à la liberté. Par hasard, à
l’occasion d’une manifestation, elle découvre un nouvel univers de
l’autre côté du périphérique, là où la dictature des intellectuels
remplace celle des petits contremaîtres. Ainsi, de Charybde en Scylla,
Wonder (c’est ainsi que ses compagnons de lutte la surnomment) va
s'adonner aux délices du surréalisme libertaire, donner un sens à sa
vie, elle qui avant de pouvoir transformer le monde voudrait d’abord
changer.
Pour retranscrire cet itinéraire quasi initiatique, Élodie
Durand joue du noir et blanc. Cette dualité symbolise la poussière de
manganèse et le blanc virginal de la rosière, deux valeurs cardinales
qui cadrent l’existence de la jeune ouvrière. La dessinatrice
tourangelle les oppose à la couleur de ses crayons comme s’affrontèrent,
à l’époque, deux conceptions radicalement opposées de la société. Mais
la transgression sociale qu’opère la jeune femme se matérialise aussi
dans la structure même des planches : la rectitude et l’ordonnancement
des cases s’estompent doucement pour définir un nouvel espace de
création, avant de resurgir à nouveau, pour mieux disparaître...
peut-être définitivement.
Simple et avec de belle envolées graphiques,
Wonder laisse penser que, le rouge de la révolte désormais aux lèvres,
Renée peut enfin décider de son destin....
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