mercredi 4 novembre 2015

Mat ou pat ?


© Sarbacane 2015 - Humeau
Deux hommes se défient autour d’un échiquier. Une partie aux allures de métaphore, comme si l’existence de tout un chacun pouvait se résumer à soixante-quatre petites cases noires ou blanches. 

Si Le joueur d’échecs se veut une adaptation libre de la nouvelle de Stefan Zweig, il convient de noter que les libertés prises avec l’œuvre originelle relèvent plus de l’adaptation que de la transgression. La seule entorse au récit prend la forme d’une jeune femme, Emma, fil rouge du récit. Elle confère à l’ensemble une note de légèreté et d’insouciance qui allège singulièrement une histoire quelque peu névrotique dans la mesure où Thomas Humeau arrive à transposer par son dessin ce que Zweig dépeignait avec ses mots : les affres de l’angoisse, l’abîme de la folie, la vacuité de l’apatridie, la torture morale que représente l’existence du nazisme. 

Huis clos échiquéen fort improbable au graphique surréaliste et aux couleurs faussement naïves, Le joueur d'échecs stigmatise l’ambiguïté d’un monde où se confrontent l’exaltation à créer et la froideur méthodique à éliminer.

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