© Bamboo Édition 2015 - Ordas - Gnoni |
Prisonnière du Barbier, Constantza subit les outrages et les
humiliations de ses geôliers. Loin de l’oublier, Aurelio di Casaponti
s’évertue à réunir la rançon qui lui permettrait de la libérer. Mais il
en est certains pour qui le retour de la nièce du Doge ne servirait que
fort peu leurs affaires ! Mal leur en prendra…
S’inscrivant dans la
lignée de La colombe noire, La damoiselle du grand canal en cultive les
qualités comme les défauts. Au crédit au Patrice Ordas, il convient de
porter une plongée dans l’envers du décor vénitien, que bien peu osent
faire, exceptés Zidrou ou Paolo Bacilieri. Cette prise à contre-pied de
la société lagunaire, telle qu’elle est généralement dépeinte et
imaginée, fait l’attrait de ce diptyque. Si le premier volet s’attachait
à une aristocratie essentiellement préoccupée de préserver un ordre qui
lui était inféodé, le second s’enfonce encore plus dans les eaux
boueuses et met en avant le petit peuple qui y vit et la cruauté qui y
règne. Parallèlement, le scénariste décrypte les relations
conflictuelles que la République entretenait avec la papauté et donne à
voir la face cachée d’une ville où le commerce et son mètre étalon, le
ducat, avaient force de loi. Il est toutefois à regretter la conversion
par trop rapide d’une aristocrate futile en petite sœur des pauvres !
Sur une trame où le cadre historique l’emporterait presque sur la
fiction, une autre réserve reste le parti-pris graphique de Laurent
Gnoni. Un rien de réalisme supplémentaire n’aurait pas nuit à
l’esthétique de l’album, même si force est de constater que scénario et
dessin se complètent et forment un tout cohérent et homogène.
Loin des
clichés faisant de Venise un paradis à fleur d’eau, La vénitienne en
offre une lecture plus noire, toute en ambiguïté et contradictions à
l’image de ce mystérieux Comte de Palomanera.
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