lundi 8 juin 2015

Blonde et belle à la fois !

La vénitienne 2. La demoiselle du grand canal

© Bamboo Édition 2015 - Ordas - Gnoni
Prisonnière du Barbier, Constantza subit les outrages et les humiliations de ses geôliers. Loin de l’oublier, Aurelio di Casaponti s’évertue à réunir la rançon qui lui permettrait de la libérer. Mais il en est certains pour qui le retour de la nièce du Doge ne servirait que fort peu leurs affaires ! Mal leur en prendra… 

S’inscrivant dans la lignée de La colombe noire, La damoiselle du grand canal en cultive les qualités comme les défauts. Au crédit au Patrice Ordas, il convient de porter une plongée dans l’envers du décor vénitien, que bien peu osent faire, exceptés Zidrou ou Paolo Bacilieri. Cette prise à contre-pied de la société lagunaire, telle qu’elle est généralement dépeinte et imaginée, fait l’attrait de ce diptyque. Si le premier volet s’attachait à une aristocratie essentiellement préoccupée de préserver un ordre qui lui était inféodé, le second s’enfonce encore plus dans les eaux boueuses et met en avant le petit peuple qui y vit et la cruauté qui y règne. Parallèlement, le scénariste décrypte les relations conflictuelles que la République entretenait avec la papauté et donne à voir la face cachée d’une ville où le commerce et son mètre étalon, le ducat, avaient force de loi. Il est toutefois à regretter la conversion par trop rapide d’une aristocrate futile en petite sœur des pauvres ! 

Sur une trame où le cadre historique l’emporterait presque sur la fiction, une autre réserve reste le parti-pris graphique de Laurent Gnoni. Un rien de réalisme supplémentaire n’aurait pas nuit à l’esthétique de l’album, même si force est de constater que scénario et dessin se complètent et forment un tout cohérent et homogène. 

Loin des clichés faisant de Venise un paradis à fleur d’eau, La vénitienne en offre une lecture plus noire, toute en ambiguïté et contradictions à l’image de ce mystérieux Comte de Palomanera.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire