La cité des Chiens : Tome 1/2
© Akileos 2015 - Radomski & Rebelka |
"Je suis Enora, nièce du seigneur de la Cité des Chiens. J’ai traversé
ces marais putrides et froids pour quérir l’aide de la Confrérie de
l’Île des Pendus. Je n’ai rien à échanger, que mon corps, mon cœur et
mon esprit, mais ils seront à celui qui accédera à ma demande : tuer
Volas, mon oncle… "
Rares sont aujourd’hui les albums qui prennent le
risque de sortir de la norme tout en étant capables de développer un
univers spécifique et immersif. La cité des chiens, alliance d’une
narration maîtrisée et d’un graphisme particulier, est de ceux-ci.
Épopée fantastique d’un monde impossible à situer, la saga d’Enora est
une légende où la fureur, la haine, l’apprêté et la sauvagerie s’élèvent
en principes de gouvernance. Nul espoir en ces terres où le sang imbibe
des champs qui ne sont plus que de bataille. Alors que la surenchère
eut été facile, Yohan Radomski prend le parti de la sobriété. La
parcimonie des dialogues comme la stratification systématique sur trois
strips n’empêchent en rien la création d’un récit complexe qui acquiert
une toute autre dimension grâce aux compositions de Jakub Rebelka. Avec
un style qui n’est pas sans rappeler quelques marqueteries précieuses ou
tapisseries anciennes, voire pour certains l'influence de Mike Mignola,
le jeune graphiste polonais sait aussi bien traduire la folie qui anime
ces cités totems que la démesure de la violence de leurs habitants.
Révélant un dessinateur, ce premier volet d'un diptyque fait plus
qu’introduire un propos en créant - au travers de planches lourdes et
oppressantes - un univers d’une prenante intensité. Un bien bel album !
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