Le Scorpion : 11. La neuvième famille
© Dargaud 2014 - Desberg & Marini |
Le mystère de sa naissance à peine élucidé, Armando est confronté à
un mystérieux tueur qui, méticuleusement, décime les derniers
descendants des Trebaldi…
Après dix albums passés à
rechercher son géniteur, il aurait été concevable que le Scorpion puisse
se reposer dans les draps de la rousse Anséa et jouir d’une fortune
amèrement acquise. Stephen Desberg et Enrico Marini en ont décidé
autrement, pour la plus grande joie des fans de l’ancien chasseur de
reliques. Toutefois, comment initier un nouveau cycle sans lasser ou se
répéter ?
Une manière radicale consisterait à faire table
rase du passé, du moins à se montrer très sélectif. Ainsi, la fin
précipitée de quelques protagonistes judicieusement choisis serait
l'occasion d'introduire du sang neuf et d'articuler le récit autour de
nouvelles destinées. Évidemment, il conviendrait d'être rigoureux dans
ses choix afin de ménager un lectorat éminemment masculin ! Ensuite, il
importerait de relancer l’action grâce à un sujet consistant et, si
possible, propice à de nombreux rebondissements, tout en prenant soin de
le nimber d’une part conséquente de malédiction. Enfin, ne serait-il
pas opportun de développer un axe narratif secondaire qui permette
certaines digressions qui viendraient, aux moments opportuns, enrichir
le propos ? Ceux qui liront ce onzième volet du Scorpion ne manqueront
pas de remarquer que Stephen Desberg, en professionnel accompli, ne se
prive pas d'utiliser tous ces leviers pour écrire un scénario plus que
solide. Tueur énigmatique et décès prématurés, secret de famille ou fils
caché constituent désormais la matière des albums à venir.
Reste
que cette série s’apprécie également pour la qualité du dessin d’Enrico
Marini. À ce titre, tout a été dit, ou presque ! Donc, nul besoin de
reparler de son brio dans les perspectives et le mouvement, ou d'attirer
l'attention sur l'expressivité des différents personnages tant le
dessinateur des Aigles de Rome maîtrise son art.
Chacun
l'aura aisément compris, cet opus quasiment introductif sait habilement
et agréablement surprendre, et à moins de s’adjoindre les services d'un
haruspice pour une lecture divinatoire des entrailles de La neuvième
famille, il faudra patienter deux petites années encore pour en savoir
plus…