lundi 3 novembre 2014

Jolies pépés et gros moulins...

Angel wings : 1.  Burma Banshees

© Paquet 2014 : Yann & Hugault
Angela Mc Cloud est pilote. Son quotidien ? Convoyer les avions des bases arrières vers le front. Jusque là rien de bien extraordinaire, sauf lorsqu’il s’agit de franchir l’Himalaya sur un Dakota chargé comme une mule, avec la chasse japonaise qui patiente en embuscade pour vous aligner comme au tir au pigeon. Heureusement que les Burma Banshees sont là pour veiller sur elle…

Visiblement, Yann et Romain Hugault partagent une triple passion : l'aviation, la bande dessinée et les jolies femmes ! Après Le Grand Duc et Le pilote à l’Edelweiss, le duo remet les gaz pour s’envoler vers une page méconnue de la guerre du Pacifique, celle qui vit les Etats-Unis établir un pont aérien au-dessus de l’Everest pour soutenir l'armée chinoise contre les troupes japonaises. Quitte à cultiver l’exotisme, le parti a été pris d’appréhender ce conflit d’une manière inhabituelle, via les WASP. Derrière cet acronyme se cachent le Women Airforce Service Pilots, dont la tache journalière consistait à acheminer sur le territoire américain des appareils de toute nature. Pour les deux auteurs, un tel pitch est une madeleine douce et chaude dans laquelle ils croquent à pleines dents. 

Sur ce sujet, porteur comme un thermique, Yann construit un scénario très conventionnel, mais s’appuyant sur un art consommé de la mise en scène et une documentation visiblement très complète qui, anecdotes à l'appui, rendrait ce récit presque authentique. Ce désir de vraisemblance quasi-historique se retrouve également chez Romain Hugault qui, par souci du détail, n'hésite pas à livrer certaines de ses planches à la sagacité d'experts aéronautiques ou de la Seconde Guerre mondiale. Ainsi en est-il aussi des WASP ! L’attrait des duettistes pour les charmes du beau sexe n’est un secret pour personne et d’aucuns pourraient croire que ces fifinellas moulées dans leur flight jacket ne sont qu'un prétexte pour s’adonner sans retenue à leurs penchants naturels, quitte à enjoliver quelque peu l'Histoire. Il n’en est rien ! Une rapide recherche sur la Toile permettra de mieux connaître ces femmes dotées d'une force de caractère peu commune – il en fallait pour être aviatrice en 1940 – et qui acceptèrent, au péril de leur vie, ce qu'aucun mâle n'aurait voulu faire, tout en trouvant le moyen de rester féminines jusqu'au bout des ongles. Comme quoi la réalité peut dépasser la fiction. 

À sa façon ce premier volet du triptyque d'Angel Wings rend hommage à des femmes d'exception et permet d’apprécier la virtuosité et la constance de Romain Hugault dans l’art des ballets aériens. Dommage que, parfois, malgré leur charisme, la physionomie de ces dames ne bénéficie pas de cette même constance.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire