Marina : 2. La prophétie de Dante Alighieri
© Dargaud 2014 - Zidrou & Matteo |
1321, 2014,
Venise. Deux dates, un même destin, et il est primordial pour ceux qui,
aujourd’hui, gouvernent la ville d’apprendre du passé. La solution à
leur problème pourrait bien dormir dans les entrailles de la "Pantegana"
qui vient d’être renflouée !
Avec Les enfants du Doge, Zidrou prenait pied dans un nouveau registre, laissant présager du meilleur. La lecture de La prophétie de Dante Alighieri confirme l’impression.
Marina est un hommage à la cité lagunaire, celle du Trecento, alors qu’elle accédait à son apogée. Mais plutôt que de tomber dans une vision aseptisée et convenue, le scénariste belge préfère une approche plus réaliste, moins manichéenne, plus en regard avec l’époque. Devenir la Repubblica marittima par excellence et rivaliser avec l'empire ottoman pour la maîtrise de la Méditerranée ne se fît sans un certain pragmatisme politique et un minimum de scrupules. Si San Marco éblouissait le monde de ses fastes, les bouges de San Polo ou les pourtours de l’Arsenale ne s’illustraient pas par leur humanisme et grouillaient d’une masse prompte à s’entretuer pour le moindre ducat. En cela l’image renvoyée par Marina est certainement plus près de la réalité quotidienne de la République que celle de Gilles Chaillet avec Vasco ou d’Hughes Payen dans Jhen.
Relier passé et présent par une même malédiction permet de sortir le script de la banale histoire de pirates et de lui donner une ampleur toute autre. Au-delà des allers-retours à travers les époques gérés avec une fluidité parfois déconcertante, il s’installe dans ce parallélisme une dynamique qui contribue intrinsèquement à l’intérêt du scénario en rompant la linéarité du propos. Fiction historique, étude de mœurs, thriller ésotérique, récit d’aventures, Marina est un peu de tout cela et c’est ce qui en fait la richesse autant que la complexité. L’autre élément qui concoure au particularisme de la série est son dessin. Plus précis que sur le premier opus, le trait comme la mise en couleurs de Matteo sont superbes de rendu. Le choix de l’acrylique plutôt que l’aquarelle permet d’apporter matière et donc densité, tandis que la gamme chromatique - volontairement restreinte au gris, bleu ou brun - offre un résultat visuel émouvant et oppressant.
Passée quelque peu inaperçue lors de sa sortie en septembre 2013, il serait dommage de manquer une nouvelle fois l’occasion de découvrir cette série, au risque de faire preuve d’un manque de discernement !
Avec Les enfants du Doge, Zidrou prenait pied dans un nouveau registre, laissant présager du meilleur. La lecture de La prophétie de Dante Alighieri confirme l’impression.
Marina est un hommage à la cité lagunaire, celle du Trecento, alors qu’elle accédait à son apogée. Mais plutôt que de tomber dans une vision aseptisée et convenue, le scénariste belge préfère une approche plus réaliste, moins manichéenne, plus en regard avec l’époque. Devenir la Repubblica marittima par excellence et rivaliser avec l'empire ottoman pour la maîtrise de la Méditerranée ne se fît sans un certain pragmatisme politique et un minimum de scrupules. Si San Marco éblouissait le monde de ses fastes, les bouges de San Polo ou les pourtours de l’Arsenale ne s’illustraient pas par leur humanisme et grouillaient d’une masse prompte à s’entretuer pour le moindre ducat. En cela l’image renvoyée par Marina est certainement plus près de la réalité quotidienne de la République que celle de Gilles Chaillet avec Vasco ou d’Hughes Payen dans Jhen.
Relier passé et présent par une même malédiction permet de sortir le script de la banale histoire de pirates et de lui donner une ampleur toute autre. Au-delà des allers-retours à travers les époques gérés avec une fluidité parfois déconcertante, il s’installe dans ce parallélisme une dynamique qui contribue intrinsèquement à l’intérêt du scénario en rompant la linéarité du propos. Fiction historique, étude de mœurs, thriller ésotérique, récit d’aventures, Marina est un peu de tout cela et c’est ce qui en fait la richesse autant que la complexité. L’autre élément qui concoure au particularisme de la série est son dessin. Plus précis que sur le premier opus, le trait comme la mise en couleurs de Matteo sont superbes de rendu. Le choix de l’acrylique plutôt que l’aquarelle permet d’apporter matière et donc densité, tandis que la gamme chromatique - volontairement restreinte au gris, bleu ou brun - offre un résultat visuel émouvant et oppressant.
Passée quelque peu inaperçue lors de sa sortie en septembre 2013, il serait dommage de manquer une nouvelle fois l’occasion de découvrir cette série, au risque de faire preuve d’un manque de discernement !
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