Ken Games : 4. Louviers
© Dargaud 2014 - Robledo & Toledano, |
Bruno Louviers, l’assassin de Rois, doit abattre un dirigeant
politique devenu inutile pour ses commanditaires. Sur place, le
manichéisme du tueur est mis à rude épreuve par une situation qui
l’interpelle autant qu’elle lui échappe. Il est des circonstances où les
questions existentielles ne facilitent pas votre survie, surtout
lorsqu’elle est tributaire de votre aptitude à agir vite et sans état
d’âme !
Louviers, prequel de la série Ken Games, de José
Manuel Robledo et Martial Toledano, revient quelques années en arrière,
quand Anne, alias Ciseaux, et Bruno essayaient de construire quelque
chose !
Si une certaine candeur du dessin pointait sur
Pierre, voire encore sur Ciseaux, il n’est plus question de cela sur ce
one-shot. Le trait de Martial Toledano sait préserver sa filiation avec
les albums précédents, tout en faisant preuve d’une maturité en osmose
avec le scénario. Le jeu des couleurs, les cadrages comme le graphisme
sont à l’unisson d’une introspection qui ne s’épargne pas les non-dits
et plonge – sans concession - dans ce qu’une guerre civile a de pire.
Au-delà d’un dessin qui n’a plus vraiment rien à prouver si ce n’est -
peut-être - à tendre vers plus de réalisme, le propos de José Manuel
Robledo est d’une densité et d’une profondeur qui surprennent sur ce
type d’album. Parfois confus dans l’ordonnancement des flashbacks, il
rend cependant parfaitement compte des questionnements de son héros,
tout en donnant une vision peu flatteuse des dérives de ceux qui
gouvernent dans l’ombre ou se veulent les témoins intransigeants de la
réalité des événements.
Précurseur d’un triptyque qui
avait été salué lors de sa sortie, ce nouveau volet de Ken Games montre
que le duo ibérique a mis à profit les mois écoulés pour peaufiner sa
technique et son sens du récit. Dès lors, une suite aux aventures de
Pierre, Thierry-Jean et Anne n’aurait-elle pas un sens ?