Le chevalier d'Eon : 1. Lia
© Ankama Éditions 2014 - Maupré |
Aventurier fantasque, diplomate occulte ou espion androgyne ?
Homme ou femme ? La personnalité du chevalier d’Eon est des plus
singulières et suscite encore - trois siècles après - nombre
d’interrogations. À commencer par ses premiers prénoms : Charles et
Geneviève. Un premier... masculin, le second à la consonance des plus
féminines !
Les spéculations dont il est l’objet sont
probablement dues au fait que cet homme - car il en fut biologiquement
un - vécu près de cinquante ans comme tel pour, finalement, épouser la
condition féminine durant trente-trois ans ! Qui peut pousser un
capitaine des Dragons à accepter une telle situation ? Est-il des
secrets si lourds qu’ils doivent être cachés sous quelques jupons? Plus
pragmatiquement, il semblerait que l’aristocrate se soit laissé enfermer
dans ses propres extravagances, aidé en cela par un passé au Secret du
Roi.
Quoi qu’il en soit, l’ambiguïté d’Éon intrigue, même en
bande dessinée. En effet, Lia d’Agnès Maupré fait suite – sans souci
d’exhaustivité - au Chevalier d’Éon de Yumeji Kiriko et Tou Ubukata
voire, dans une moindre mesure, à La Rose de Versailles de Riyoko Ikeda.
Après le très réussi Milady de Winter, Le Chevalier d’Éon était
attendu. L’ex-élève des Beaux-Arts de Paris livre ici une partition au
trait fin et léger qui sait s’accompagner d’un encrage aux couleurs
acidulées des plus enjouées. Les planches prennent des airs de paquet de
bonbons qui se dévorent avec gourmandise. Mais ne s’en tenir qu’à
l’aspect graphique de l'album serait réducteur et oublierait un scénario
qui s’immisce plaisamment dans les coulisses de la diplomatie
personnelle de Louis XV. Le récit est enlevé, presque insouciant, malgré
la gravité des situations et s’avère fort documenté puisque la jeune
scénariste s’en est allée jusqu’en terre de Tonnerre pour parfaire ses
connaissances sur ce digne représentant de la noblesse de robe locale.
Jouant
subtilement de l’ambivalence du personnage, sans en faire pour autant
le sujet premier de son diptyque, Agnès Maupré donne la démonstration
romancée que, sans contrefaçon, Éon était un garçon !
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