samedi 8 février 2014

À vous, je peux le dire... (air connu)

Le chevalier d'Eon : 1. Lia

© Ankama Éditions 2014 - Maupré
Aventurier fantasque, diplomate occulte ou espion androgyne ? Homme ou femme ? La personnalité du chevalier d’Eon est des plus singulières et suscite encore - trois siècles après - nombre d’interrogations. À commencer par ses premiers prénoms : Charles et Geneviève. Un premier... masculin, le second à la consonance des plus féminines ! 

Les spéculations dont il est l’objet sont probablement dues au fait que cet homme - car il en fut biologiquement un - vécu près de cinquante ans comme tel pour, finalement, épouser la condition féminine durant trente-trois ans ! Qui peut pousser un capitaine des Dragons à accepter une telle situation ? Est-il des secrets si lourds qu’ils doivent être cachés sous quelques jupons? Plus pragmatiquement, il semblerait que l’aristocrate se soit laissé enfermer dans ses propres extravagances, aidé en cela par un passé au Secret du Roi. 

Quoi qu’il en soit, l’ambiguïté d’Éon intrigue, même en bande dessinée. En effet, Lia d’Agnès Maupré fait suite – sans souci d’exhaustivité - au Chevalier d’Éon de Yumeji Kiriko et Tou Ubukata voire, dans une moindre mesure, à La Rose de Versailles de Riyoko Ikeda. 

Après le très réussi Milady de Winter, Le Chevalier d’Éon était attendu. L’ex-élève des Beaux-Arts de Paris livre ici une partition au trait fin et léger qui sait s’accompagner d’un encrage aux couleurs acidulées des plus enjouées. Les planches prennent des airs de paquet de bonbons qui se dévorent avec gourmandise. Mais ne s’en tenir qu’à l’aspect graphique de l'album serait réducteur et oublierait un scénario qui s’immisce plaisamment dans les coulisses de la diplomatie personnelle de Louis XV. Le récit est enlevé, presque insouciant, malgré la gravité des situations et s’avère fort documenté puisque la jeune scénariste s’en est allée jusqu’en terre de Tonnerre pour parfaire ses connaissances sur ce digne représentant de la noblesse de robe locale.

Jouant subtilement de l’ambivalence du personnage, sans en faire pour autant le sujet premier de son diptyque, Agnès Maupré donne la démonstration romancée que, sans contrefaçon, Éon était un garçon !

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