Le Bouncer a évité le pire puisqu’il est toujours en vie. Après
quelques difficultés, somme toute compréhensibles en pareil lieu, il
s’extrait du guêpier de Deep-End en emportant Pretty John avec lui. Mais
le plus dur reste à faire, semer ses poursuivants et arriver vivant à
Barro-City !
© Glénat 2013 - Jodorowsky & Boucq |
Alejandro Jodorowsky n’a pas son égal pour
décrire l’enfer dans lequel ses personnages se complaisent sans aucune
retenue. Aussi sait-il transformer Deep-End en digne émule de Gomorrhe
où, entre deux rapines, la lie du Grand Ouest se donne rendez-vous et
s’adonner librement à ses débordements. La perversion est un fond de
commerce que l’auteur chilien cultive ici avec talent, ce qui ne lui
fait cependant pas oublier qu’il faut savoir aller au-delà pour écrire
un bon scénario.
Si le sexe et la violence règnent en
maitres sur le pénitencier et un sur bon tiers de l’album, il est un
moment où il est nécessaire de varier les plaisirs et de revenir aux
fondamentaux du genre. Une fois la tumultueuse évasion réussie, il
s’ensuit une poursuite, à travers la fournaise du désert et le froid
mordant du col de l’Aigle, d’une rare efficacité et terriblement humaine
dans sa démesure. Et que dire d’un final surprenant qui traduit à lui
seul le brio d’un scénariste, certes souvent décrié, mais résolument à
part ?
Un tel script exige un dessin qui puisse exprimer
toutes ces passions sans les dénaturer. François Boucq est celui qui en
donnant corps à ces pulsions, leur confère toute leur crédibilité.
Associé à une maitrise des décors qui entre en résonance avec l’univers
tourmenté du réalisateur de La Danza de la Realidad, il imprègne ce
diptyque d’une couleur qui en décuple l’intensité dramatique.
D’une superbe manière, To Hell comme And Back revisitent les canons du western. Que demander de plus ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire