© Delcourt 2013 - Cruchaudet |
Paul ne veut plus retourner sur le front, quitte à déserter. Alors
avec la complicité de son épouse, il se travestit et devient Suzanne.
Nous sommes en pleine Der des Ders et la situation perdurera jusqu’à la
loi d’amnistie de janvier 1925.
Avec Mauvais genre Chloé
Cruchaudet adapte La garçonne et l'assassin de Fabrice Virgili et
Danièle Voldman et signe un album intense et profond.
Restant
relativement fidèle à la vie de Paul Trappe, l'auteure dépeint la lente
transformation de cet homme qui a force d’être une autre en oubliera
d’être lui même. Paradoxalement, à travers ce personnage hors du commun,
le scénario évoque, notamment, l’émancipation de ces mères ou de ces
épouses, qui après avoir fait tourner la France durant le conflit,
retrouvent leurs mâles à la maison et doivent reprendre la place que
l’Histoire à faite leur. Cependant, les choses ne seront plus jamais
comme avant, et la parution de La garçonne en 1922 de Victor Margueritte
en est l’une des premières prémices. C’est un peu cela que raconte
Mauvais genre, et beaucoup d’autres choses encore…
En
effaçant les limites de ses cases, le trait sait faire éclater les
carcans d’une mise en forme sur trois strips, rigide, à l’instar de
l’époque. Il redonne ainsi à la composition des planches, souplesse,
mouvement et dynamisme. À cela s’ajoute la parfaite gestion d’une
monochromie toute en nuances que viennent seulement rehausser quelques
parcimonieuses incrustations de rouge.
Sur un sujet
anecdotique, Chloé Cruchaudet réalise un très beau roman graphique
(c’est plus classieux !) qui démontre une belle maîtrise de la page et
un réel sens de la narration.
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