© Delcourt 2013 - Andrei & Mazzotti |
En
1789, au château de Dux en Bohème, Giacomo Girolamo Casanova trompe le
temps en rédigeant ses mémoires. Jusqu’en juin 1798, il écrira dix
volumes de ce qui deviendra Histoire de ma vie, une œuvre dont la
Bibliothèque nationale de France a acquis la version originale en 2010.
Que
dire de celui que l’inconscient collectif a élevé au rang d’idéal
masculin et que les historiens, plus pragmatiques, considèrent comme un
témoin privilégié de son époque ? Rien qui n’ait été à maintes reprises
relaté, repris, interprété et déformé… Il suffit, pour s’en convaincre,
de regarder ce que le 9e Art a déjà produit sur le sujet.
Même
si les éditions Delcourt souhaitent développer leur collection Erotix,
il n’était guère envisageable d’adapter les trois mille sept cents
feuillets de l’hagiographie manuscrite du contemporain du divin marquis,
d’où le parti pris de ne retenir que certains épisodes - judicieusement
choisis - de son existence. Dès lors, et même si la fidélité historique
semble être respectée, il est difficile de parler de scénario pour
cette succession de tableaux qui retracent les premiers émois du jeune
abbé, car en 1744, Casanova a dix-neuf et porte la soutane ! Autres
époques, autres mœurs…
Bien
que l'album ne soit pas à mettre entre de jeunes mains, le dessin de
Stefano Mazzotti sait rester dans le registre d’un érotisme de bon aloi
qui n’affolera que quelques oies blanches à peine sorties du couvent, ce
qui, en ce XXIe siècle, demeure chose fort rare. Si le trait, très
réaliste, ne laisse rien ignorer de l’intimité d’adolescentes plus
prisonnières de leurs sens que de leur vertu, il n’en reste pas moins
empreint d’un statisme académique qui nuit à la spontanéité du récit et à
la sensualité des transports amoureux. Passé ce détail, l’ouvrage
s’apprécie facilement.
Privilégiant
les jeux de jambes des alcôves aux ronds de jambes des officines
diplomatiques, ce premier volet des Mémoires de Casanova s’avère bien
décevant, une fois les pâmoisons de la chair éteintes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire