samedi 4 mai 2013

Les lèvres de Claudia...

Murena : 9 - Les épines

Lien avec le suite BDGest


© Dargaud 2013 - Dufaux & Delaby
Rome n’est plus que cendres sur lesquelles Néron rêve de reconstruire une cité à sa démesure. Mais avant de s’atteler à cette tâche, le démiurge doit apaiser la colère de son peuple et lui offrir un coupable. « Du sang et des jeux », telle est la devise romaine à laquelle la communauté juive de la capitale va être sacrifiée. Un nouveau cycle de Murena commence.

S’il n’est pas aisé d’atteindre le pinacle du 9e art, il demeure tout aussi difficile de s’y maintenir durablement et le talent des grands auteurs est d’y parvenir. Libre réinterprétation d’une Rome antique plus vraie que nature, Les épines serait un agréable divertissement si le machiavélisme du scénario et le vérisme du dessin ne venaient en durcir le propos. Car s’il s’agit d’une fiction, elle ne peut renier certains liens avec la réalité d’une époque que le duo belge met en scène avec brio, comme en atteste le prix de la Bande dessinée historique décerné en 2011 lors des Rendez-vous de l’Histoire de Blois. Entre un Néron qui doute et n’est pas encore le fou que les manuels décrivent, un Lucius qui renaît à la vie grâce aux lèvres expertes de la belle Claudia et la cruauté dénuée de scrupules du pouvoir impérial envers la population hébraïque, Jean Dufaux offre un récit complexe et lettré que Philippe Delaby met superbement en images. Son graphisme précis à en être méticuleux, réaliste à en devenir presque réel, fait preuve d’une maîtrise technique rarement prise en défaut. Mais au-delà du geste et de la mise en couleurs de Sébastien Gérard, le dessinateur wallon sait aussi donner toute la force voulue à chacune de ses vignettes, conférant ainsi à chaque lieu une ambiance et à chaque protagoniste une personnalité.

Jean Dufaux et Philippe Delaby perpétuent une certaine forme d’excellence et offrent une première version, partiellement expurgée, de ce nouvel album qui ravira tous les publics. Elle permettra, à coup sûr, aux amateurs avertis d’attendre patiemment la fin de l'année pour en découvrir une autre, plus complète et, dit-on, plus sulfureuse.  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire