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Avec Titanic, Mosquito rend, une nouvelle fois, hommage à l’un des maîtres incontestés de la bande dessinée transalpine : Attilio Micheluzzi.
© Mosquito 2012 - Micheluzzi |
Auteur complet, à la fois dessinateur hors-pair et scénariste accompli, cet ancien architecte tardivement reconvertit au 9ème art, s’illustre par le classicisme et la finesse sans pareil de son trait ; lui, plus que quiconque, stylise l’élégance féminine et confère à ses héroïnes cette nonchalance aristocratique dont le summum est atteint dans Petra chérie. Narrateur rarement égalé, dialoguant avec ses propres héros comme avec le lecteur, il instaure ainsi une complicité et une relation aux personnages peu commune ; tout comme son dessin qui retranscrit avec un réalisme saisissant, l’ambiance surannée et le parfum désuet de ce début de vingtième siècle.
Titanic est, avant toute chose, une galerie de portraits : synthèse à huis clos des turpitudes de l’âme humaine où les esprits les plus tortueux, généralement masculins, se mêlent à une naïveté toute féminine ! Sur ce bateau où le faste des 1ères classes côtoie, sans jamais la rencontrer, la pauvreté du pont des 3èmes, Attilio - en conteur avisé – nous offre une jolie satire sociale. Mais au-delà de personnages peut-être (trop) stéréotypés, la simplicité et la sobriété du dessin, tout comme la justesse du traitement en N&B, donnent à cette histoire une dimension théâtrale qui trouve, dans le destin tragique du fleuron de la White Star, un cadre qui en décuple l’intensité dramatique. Toutefois, un regret subsiste, celui de ne pas avoir vu cet album dessiné depuis les sous-ponts du géant des mers, là où la misère restait confinée, en attentant de voir Liberty Island.
Décidément, Attilio Micheluzzi est un grand dessinateur et un formidable narrateur. Bref, un artiste.
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