dimanche 29 avril 2012

Dans le jungle londonienne...

Billet sur l'opus 1 du Le Roi des singes : Tome 1

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Londres est en effervescence. Tandis que l’intelligentzia de la capitale s’ébahit devant un jeune aristocrate anglais qui fut élevé par des singes dans sa prime jeunesse, des femmes de petite vertu succombent les unes après les autres sur les bords de la Tamise. Coïncidence fortuite et troublante, ou rencontre savamment entretenue, faut-il voir une relation entre le tueur qui hante les bas fonds de la capitale anglaise et Lord Livingstone ?Philippe Bonifay sait habilement éviter les pièges.

© Vents d'Ouest 2012 Meddour - Bonifay
Le Roi des Singes aurait pu être une nouvelle adaptation du Tarzan d’Edgar Rice Burroughs ou bien encore une énième variation du « bon sauvage » si cher à Jean-Jacques Rousseau, or il n’en est rien ! En interprétant, plus que librement, une œuvre d’Albert Robida, le scénariste de Zoo aborde de manière très personnelle l’éternelle question sur la nature de l’Homme. Loin des clichés, avec une approche narrative basée sur le flashback, le scénario se structure autour de deux histoires en parallèle mais indissociables. D’un coté, celle d’un enfant abandonné, recueilli par des orangs-outangs, que la civilisation rattrape et essaye de formater ; de l’autre, celle de l’homme qu’il est devenu et qui lutte pour exister dans la jungle de l’aristocratie londonienne. Mais Philippe Bonifay sait aller au-delà de cette simple dualité en intégrant à son scénario, la passion d’une jeune femme à la beauté diaphane et une série de meurtres qui sonnent comme un avertissement. Ainsi, au fil des pages, dans un découpage qui parfois superpose jusqu’à 3 séquences différentes, le lecteur avance progressivement dans l’album, attentif à chaque détail, appréciant chaque dialogue, découvrant un récit captivant où s’entrelacent sensualité et brutalité, violence et douceur, grandeurs et bassesses, d’un monde qui se dit civilisé, afin de mieux oublier sa part d’animalité.

Pour assumer un tel scénario, il faut un dessinateur qui puisse en sublimer la richesse. Il ne peut être ici question de technique, mais d’émotions. Plus qu’une longue et fastidieuse description, il suffit dès lors regarder chacune des planches pour s’apercevoir de la puissance narrative et de l’expressivité du graphisme de Fabrice Meddour dont le point d’orgue reste la troublante sensualité d’Enora particulièrement mise en lumière et en valeur par Stéphane Paitreau.

Un album prenant et complexe qui s’intéresse superbement à l’animal qui sommeille en nous.


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