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Skell est une exécutrice. À elle et ses consœurs, revient le droit de pourchasser les hérétiques, ceux qui arrivent à se soustraire à l’emprise de Steh-Vah. Cependant, même si la foi guide son bras, son esprit peut vaciller. Alors ses certitudes se transformeront en doutes et la recherche de la vérité fera d’elle une paria, indigne de porter une part du dieu tout puisant…
© Quadrants 2012 Servain - Mangin |
Valérie Mangin aurait-elle des problèmes avec les démiurges en général et leurs représentants en particulier ? Après Trois Christs, album singulier, mais non dénué d’intérêt, la voici revenue sur le terrain de la théologie appliquée, avec une approche peu courante : celle de la rédemption inversée. Ainsi, son héroïne - bras armé du dogme - s’interroge et est ainsi confrontée au doute ; à son âme défendante, elle se trouve entraînée dans un combat qu’elle subit, plus qu’elle ne le veut. Son destin s’inscrit alors dans une troublante prophétie, somme toute très religieuse ! Parallèlement, la compagne de Denis Bajram utilise plusieurs subtilités scénaristiques originales qui donnent corps et épaisseur à son scénario, sans pour autant tomber dans la facilitée et l’athéisme primaire : l’eucharistie prend, ici, une tournure pour le moins radicale, puisque les fidèles reçoivent dans leur chair - sous forme d’un implant cervical - une part de la déité qu’ils vénèrent.
Le Livre de Skell sait garder une certaine distanciation avec les choses d’essence divine, en se situant délibérément dans un cadre post-apocalyptique, un monde de guerre où la rationalité des armes possède un certain poids. Dans ce registre, le dessin - comme la couleur - de Servain est parfaitement approprié. Son approche graphique lui permet d’ancrer ses personnages dans un semi-réalisme convaincant, tout en ayant une approche beaucoup plus libre des décors, donnant ainsi à l’album une tonalité oppressante en harmonie avec la main-mise de Steh-Vah sur ses ouailles.
Skell est du côté de la foi et du droit, du côté d’un dieu censé apporter la plénitude à ses adeptes… tout en leur ôtant leur libre arbitre. En ce XXIème siècle que Malraux annonçait comme spirituel, la thématique ne manque pas d’intérêt !
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