1925, radié de l’armée française à la suite d’une altercation avec son supérieur, l’ex-capitaine Nerval est de retour dans un Paris qui s’affaire autour des préparatifs du sacre impérial. Malgré lui, l’ancien officier se retrouve au centre d’une machination qui vise à déstabiliser l’Empire français.
Avec « Vive, l’Empereur » Jean-Pierre Pécau et Fred Blanchard développent certainement leur uchronie la plus ambitieuse. Ainsi, l’Empire français est européen, le Royaume-Uni domine les mers du globe et la Chine observe les deux puissances en rêvant de prendre leur place ; la technologie de l’Empire est entièrement basée sur l’électricité, le pétrole est une découverte récente et l’énergie atomique n’en est qu’à ses balbutiements et tout cela dans un Paris architecturalement réinventé et survolé en permanence par une flotte de dirigeables. Si l’univers graphique est riche, le scénario flirte cependant avec les limites du genre. En effet, le principe veut qu’à partir d’une variation d’un fait historique l’histoire soit différente : ici l’uchronie a lieu en 1812 et l’action se passe en 1925… soit 100 ans après, dans un univers totalement recomposé. Dès lors, il devient problématique d’imaginer un Pétain se battant contre les anglais, une Mata Hari quinquagénaire mais encore terriblement attirante ou un certain Adolph Hitler manipulé, assassinant le roi d’Angleterre et déclenchant de fait une 1ère guerre mondiale. Le cartésianisme de certains aura peut-être du mal à assimiler cet univers improbable qui n’est pas exempt d’une relative démesure, en effet que dire de l’avènement d’un culte à Mithra ou d’une culture scientifique rétro-futuriste aux choix technologiques curieusement binaires. Il y aurait eu matière à faire au moins deux albums comme pour Septembre rouge/Octobre noir ce qui aurait permis aux scénaristes de mieux cerner les tenants et les aboutissants de leurs choix historiques et de ne pas se contenter de présupposés rapidement survolés malgré quelques longueurs inutiles.
Quoiqu’il en soit, si le sénario n'est pas sans reproche, le graphisme de Gess (avec ses qualités et ses défauts !) permet de rattraper certaines ellipses par trop rapides. Initialement prévue en 6 albums, la série s’incrémenterait de 3 nouveaux opus…. attention à ne pas faire l’album de trop !