3. Corpus Christi, 2019
© Futuropolis 2019 : Mordillat & Liberge |
Corpus Christi, 2019 sème le doute. Entre mystiques et fanatiques, quel dieu y reconnaitrait les siens ? L’exaltation n’est pas la foi et les combats les plus nobles se doivent de se préserver des excès qu’ils dénoncent. En l’occurrence, ce pourrait-être la conclusion de ce triptyque, si une certaine hystérie ne venait pas brouiller la lecture de ce dernier volet.
Tandis que les premiers instants restent dans la lignée de Lirey, 1357 et Turin, 1898, le récit évolue rapidement vers une certaine confusion des genres pour finir dans un maelstrom où il devient difficile de se retrouver. Si le propos est de mettre en exergue l’absurdité de tout fanatisme, l’objectif est atteint, mais en fallait-il autant ? N’y avait-il pas une autre voie que cette confrontation pandémoniaque pour (dé)montrer l’aliénation inhérente à toute dévotion, quelle qu’elle soit ! Est-il utile de vouloir faire rimer liberté d’expression et provocation ? In fine, la multiplication des sujets tels la folie, la vengeance, l’extrémisme ou la manipulation des foules, brouille la compréhension d’un scénario par trop excessif.
Afin de soutenir une telle densité et lui donner sens, le graphisme d’Éric Liberge est poussé dans ses derniers retranchements. Les jeux de lumières entre chiens et loups, les embrasements crépusculaires ou la noirceur qui animent les divers protagonistes mettent le talent du dessinateur bordelais largement à contribution ; et si nombre de planches sont parfois chargées jusqu’à la saturation, le travail réalisé ne peut être que salué.
Obscur tant dans sa forme que sur le fond, cet ultime opus du Suaire pèche par la confusion des ambitions... Que ses scénaristes soient pardonnés et qu’ils rendent grâce à Éric Liberge de les avoir sauvés.
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