vendredi 29 mars 2019

ROSA

#2. Les hommes
 

© Glénat 2019 - Dermaut
Rosa ne serait-elle pas désormais sous l’emprise du Diable ? Si vouloir sauver son homme est faire œuvre de charité chrétienne, une fois celui-ci rappelé à son créateur, il est bienséant de reprendre le chemin tracé par l’Église… 

Il y a du Maupassant en Dermaut lorsqu’il est question de tenir la chronique d’une France villageoise, rurale et calotine. Mais il y a aussi du Daumier quand il est l’heure de la croquer, de lui donner quelque matérialité avec des protagonistes typés à en frôler la caricature. Le dessinateur de Malefosse aime regarder vivre les gens, leur tirer le portrait et jouer de leur personnalité au travers de leur physionomie. Mais avec ce diptyque, François Dermaut semble devoir s’impliquer plus qu’à l’accoutumée ! Rosa, son épouse, la tuberculose, le cancer, la mort, la maladie… les parallèles ne sont-ils pas trop nombreux pour ne pas penser qu’il exorcise, pour partie, ses peurs par le truchement de cette histoire ? Désormais, il sait que le temps n’est plus le même, lui qui en prend tant pour chaque dessin. Trois jours entiers pour mettre une planche en couleurs. L’aquarelle sèche rehaussée aux crayons exige son tribut d’heures et une patience sans faille pour pouvoir être maîtrisée… et il y a encore tellement de choses à raconter, à illustrer ! 

Contemporain dans son propos et superbement dessiné, Rosa est un conte qui aurait pu mal se terminer, mais à l’évidence la jeune femme a droit maintenant à sa part de bonheur au pied du Mont Saint-Michel…

LA FILLE DANS L'ECRAN

Coline habite Périgueux. Marley réside à Montréal. La première est dessinatrice, la seconde photographe à ses moments perdus. Rien ne les prédestinait à se rencontrer si ce n’est le plus grand des hasards…  Comme quoi, Internet fait bien les choses !  

La Fille dans l’écran est un récit particulier puisque Manon Desveaux et Lou Lubie le co-dessinent, l’une intervenant sur les pages en noir & blanc de gauche, l’autre sur celles de droite aux couleurs en aplats. Manon, la Québécoise traite de la partie française et Lou du volet canadien de l’histoire et quand les deux héroïnes se rencontrent, les auteures se mettent au dessin à quatre mains par palettes graphiques interposées. Là où les choses se compliquent quelque peu, c’est que la moitié de ce one-shot a été réalisée alors que les jeunes femmes se trouvaient chacune d’un côté de l’Atlantique avec six heures de décalage horaire. Il sera aisé d’imaginer l’organisation quasi militaire nécessaire pour que chacune d’elle puisse réaliser sa planche quotidienne. Une fois l’aspect logistique évoqué, place au scénario. Au-delà d’une rencontre, cet album s’attache surtout à sa genèse, à la manière dont elle s’est progressivement construite via les e-mails, WhatsApp et autres vecteurs numériques de communication. À travers ces vies parallèles qui finiront par n’être qu’une, c’est la naissance d’une connivence, puis d’une attirance et enfin d’un amour qui sont analysés simplement. 

Fort d'une retenue délicatement féminine et intelligemment construit, La Fille dans l’écran est à lire et à faire découvrir.

LILY A DES NENES

© Casterman 2019 - Geoff
Vivre à Portsall, joli port de pêche breton, ne présente pas que des avantages, mais il y est possible de s’amuser en toute insouciance… 

Lily a dix ans et déjà trois problèmes. Le premier, son frère jumeau, Titouan, un brin crétin sur les bords comme tous les garçons. Le deuxième se prénomme Joshua, le bellâtre du village qui l’ignore superbement. Enfin, le troisième, certainement le plus déstabilisant, est cette poitrine qui commence à prendre forme ! 

Les premiers pas de Geoff, ancien récipiendaire des Arts décoratifs de Paris issu du monde de l’animation, n’ont rien d’hésitant. Son trait aux contours diffus et sa mise en couleur aux pastels à l’huile confèrent une texture toute particulière à un graphisme transgénérationnel. Avec du caractère, de l'humour et de la spontanéité, Lily découvre ce continent sexué et existentiel qui s’ouvre désormais à elle. 

Un bel album à offrir en attendant un deuxième volet prévu pour fin 2019.

MIRAGES D'EMANON

© Ki-oon 2019 - Tsuruta
Emanon possède en elle la mémoire de toute vie sur Terre. Née de l’imagination de Shinji Kajio et des pinceaux de Kenji Tsuruta, Emanon promène, des pontons du Sun Flower aux forêts de l’île de Kyushu, sa silhouette d’énigmatique adolescente… 

Elle est l'inconnue à peine entrevue dont le visage hantera toute une existence, mais elle est aussi cette femme qui traverse les âges et conserve leur empreinte mémorielle. 

Sujet de fantasmes esthétiques ou objet d’angoisses existentielles, Emanon - en perpétuant les souvenirs de ses contemporains dans l’amnésie de ses génitrices - est éphémère et immortelle ! Grâce à cette subtilité, Shinji Kajio livre un scénario qui sait faire fi des effets spéciaux pour privilégier une narration des plus intimistes. Longiligne, d’une nonchalante absence, Emanon erre avec pour seule parure un vieux pull-over et pour unique apparat une cigarette rivée aux lèvres. Avec délicatesse et sensualité, le trait de Kenji Tsuruta s’attache aux contours des physionomies sans se priver de luxuriants détails dès qu’il est question de paysages sylvestres. Ce faisant, il rassemble aussi bien les amateurs de manga que les tenants d’une bande dessinée plus occidentale. Mais au-delà du simple aspect visuel des choses, son dessin puise son rythme dans sa capacité à imposer une mise en scène qui distend la trame du temps au gré de longues séquences muettes et d’ellipses parfois trop réductrices. 

Empreint d’une délicate nostalgie, ce road movie nippon et aigre-doux cultive un mélange subtile de regret et de fatalité.

BLACK MONDAY MURDER

#2. Une livre de chair 
 
© Urban Comics 2019 - Hickman & Coker
Les "Écoles" qui manipulent le monde sont les piliers du temple de Mannon, idole sanguinaire qui exige d’être rassasiée d’espèces sonnantes et trébuchantes. 

Après Gloire à Mammon, Jonathan Hickman saupoudre Une livre de chair de révélations qui apportent autant de réponses qu’elles suscitent de nouvelles d’interrogations. En procédant de la sorte, il relance son récit sur les traces de serviteurs en mal d’émancipation et maintient ainsi son lectorat sous tension. Sur un découpage en chapitres denses et étouffants, entrecoupés de séquences réduites graphiquement au strict minimum, mais qui permettent quelques respirations, Tomm Coker impressionne par le réalisme de son dessin et l’expressivité quelque peu figée de ses protagonistes. Le sang, la mort, les ténèbres imprègnent les planches d’une trilogie diabolique qui puise toute son intensité dans la minutie d’un encrage et d’une mise en couleurs toute en variations de bruns ou de gris bleus. 

Renouant avec brio les ficelles d’un genre qui, au-delà de la surenchère macabre, peine à se renouveler, Black Monday Murder semble vouloir aller plus loin… Reste à savoir jusqu’où ?

LE NOUVEAU MONDE PAYSAN AU QUEBEC

© La boîte à bulles 2019- Lemardele
Et s’il nous fallait changer de modèle ? À l’évidence, l’agriculture moderne laisse trop de monde dans l’ornière et, bien que balbutiante, une conscience écologique à l’échelle du globe semble vouloir remettre en cause maintes certitudes culturales acquises aux fils des campagnes ! 

Le nouveau monde paysan au Québec passe en revue, parfois jusqu’à la saturation, les initiatives de la belle Province. Mais plus que d’Agriculture, il est ici question de Ruralité, d’un mode de vie qui privilégie l’entraide, la communication, le sens. En quelques planches qui valent plus par les expériences qu’elles portent que par leur esthétique, Stéphane Lemardele s’attache à décrire une kyrielle de projets. Si, individuellement, ces derniers ne sont qu’une goutte d’eau, la multitude de ces expérimentations toutes différentes mais qui convergent sur les mêmes fondamentaux, donne naissance à un joli petit ruisseau qui prend sa source du coté de Pigeon Hill. Plaidoyer pédagogique, qui évite l’écueil du prosélytisme néo-rural, ce reportage dessiné tente de prouver qu’il existe une place pour une autre manière de produire, plus respectueuse de l’environnement et des consommateurs que nous sommes tous. 

Ouvrage didactique qui voudrait certainement aller au-delà du cercle des convertis, Le nouveau monde paysan au Québec a le mérite de ne pas éviter certaines questions comme la capacité de cette nouvelle paysannerie à nourrir la planète. A priori, pas encore… ce qui n’empêche pas d’essayer !

samedi 23 mars 2019

DANS UN RAYON DE SOLIEL

© Gallimard 2019 - Walden
Mia vogue vers les étoiles à la recherche de vestiges à préserver de l’oubli, mais aux confins des mondes connus son propre passé l’attend.Il est des albums qui ne laissent pas insensibles.

Dans un rayon de soleil est de ceux-ci, à divers titres d’ailleurs. D’abord par son aspect, plus de cinq cent cinquante pages, un pavé ! Ensuite par son scénario…. À l’évidence, Tillie Walden a beaucoup de choses à dire et son postulat d’une société sans hommes, quoique masculinisée, est un parti pris narratif qui suscitera immanquablement nombre d’interrogations. Pour ce qui est du rythme, après une première partie utile à défaut d’être nécessaire, le récit s’emballe et prend une nouvelle dimension créant une dichotomie pour le moins étrange. Enfin, par son graphisme : à la fois adolescent et d’une grande maturité. Ainsi, la jeune Texane dessine aux feutres et à la palette graphique les contours d'un univers coloré, onirique et inventif... loin des repères habituels. 

Naïf, parfois à la limite de l’infantile ou du simplisme, mais également imaginatif, émouvant et travaillé, cet album souffle le froid puis le chaud et pourrait déchaîner les passions.

L'HOMME À LA FOURRURE

© Dargaud 2019 - Sauvat & Simon
« Comparaison n’est pas raison ! » dit l’adage, mais lorsque qu’il est question d’un homme à la fourrure, il est difficile de ne pas faire le parallèle avec une Vénus qui l’était, elle aussi !

Malencontreusement immortalisé par un psychiatre en mal de néologisme, Léopold von Sacher-Masoch a survécu pour le commun des mortels non pas grâce ses écrits, mais par ses prises de position… face au beau sexe ! 

Comme beaucoup de biographies dessinées, L’homme à la fourrure permet, en allant au-delà des lieux communs, d’en connaître un peu plus sur le destin de von Sacher-Masoch sans pour autant s’infuser plus de cinq cents pages soporifiques écrites en arial 8. S’attachant plus à l’individu en tant qu’écrivain et père de famille qu’à sa sexualité, Catherine Sauvat confirme son habileté a écrire sur la vie des autres (Stefan Zweig, Alma Mahler...) même si elle réalise là son premier scénario. Elle aussi spécialiste des biographies, Anne Simon dessine au fil d’un gaufrier en 6x6 aux cases monochromes la vie du créateur de la Vénus à la fourrure. Simple voire naïf, le trait s’avère cependant purement descriptif et seule la composition graphique explore l’émotion.

Ne dispensant pas les mêmes douceurs sulfureuses que l’œuvre de Guido Crepax et jouant d’un registre esthétique sans commune comparaison, l’album de Catherine Sauvat et Anne Simon a le mérite de réhabiliter un auteur injustement réduit à ses fantasmes.

KATANGA

#3. Dispersion
 
© Dargaud 2019 - Nury & Vallée
Il arrive un moment où il faut bien conclure, terminer ce qui a été commencé ! Et si les diamants sont éternels, les hommes - eux - ne le sont pas !
 
Faire un album sur la guerre est chose courante dans le 9e Art et généralement, elle est magnifiée pour la bonne conscience collective, morale oblige. Ici, le parti narratif du scénariste de Il était une fois en France est quelque peu différent, puisqu’il est question d’un conflit guidé par des considérations avant tout mercantiles.
 
Dans cette province de l'ex Congo belge où le sang coule comme la sueur, Fabien Nury n’exonère personne : Africains et Européens sont sur un pied d’égalité, la cruauté n’a pas de couleur lorsque tant de richesses sont à piller. Sans vouloir faire œuvre de moralisateur, la force de Katanga est d’être crédible, ne serait-ce que par le background historique dans lequel il s’inscrit. Toutefois, bien que de pure fiction, cet album fait comprendre à tout un chacun que les atrocités décrites ici ont été – ou sont encore - commises sous d’autres latitudes et certainement en pire ! 
 
Pour donner vie à une histoire d'où les héros sont absents, Sylvain Vallée fait preuve du juste réalisme dans ses décors et d’une fluidité dans sa mise en page qui ne peut pas être le fruit du hasard. Parallèlement, il exagère volontairement le trait lorsqu’il s’agit des personnages ; jouant des stéréotypes avec une efficacité redoutable, la psychologie de chaque protagoniste transpire dans sa physionomie. 
 
Sur ce dernier volume, Fabien Nury a visiblement refusé la facilité en donnant à la cupidité et au cynisme une place de choix. Immanquablement, ce triptyque – sous ses allures de BD de divertissement - interroge sur la résilience à l’horreur et sur les allégories guerrières. Au pays des hyènes, les loups feraient presque figures d'agneaux !

ADA

©Ici Même 2019-  Baldi
Ada vit à Galblitz à une quinzaine de kilomètres de Vienne. Nous sommes en 1917, en pleine forêt, et depuis que sa mère a déserté les lieux, la jeune fille subit les humiliations d’un père inculte et rustre. Nul ne comprend pourquoi cette enfant endure sans mot dire une existence de privations et d’interdictions, c’est peut-être parce que personne ne sait qu’en cachette, Ada peint !

Barbara Baldi avait frappé les esprits avec Lucenera, étrangement rebaptisé La Partition de Flintham de ce côté des Alpes. La critique transalpine n’avait pas manqué l’occasion pour la gratifier du prix Micheluzzi au Napoli Comicon et en faire la lauréate du prix Gran Guinigi au Lucca Comics 2018, récompensant ainsi l’une des meilleures dessinatrices du moment.

Publié par Ici Même, Ada s’inscrit dans les traces laissées par Clara dans La Partition de Flintham. Structurées sur trois strips à l’horizontale quand il est question de descriptions paysagères ou sur un gaufrier privilégiant un format 6x6 pour les passages plus diserts, les planches de l’illustratrice italienne possèdent une puissance graphique rare. Sachant varier ses techniques comme sa technicité, elle confère ainsi à son dessin une intensité émotionnelle variable selon les scènes. Ainsi passe-t-elle, avec une expressivité déconcertante, d’un trait brut pour caricaturer la tyrannie paternelle à un réalisme mimétique et chatoyant lors d’un éphémère passage dans la capitale austro-hongroise. Mais là où la dimension artistique de l'album éclate véritablement, c'est lorsqu'il est question de ces cieux tout en impression et de l’harmonie que son héroïne entretient avec les paysages qui l’habitent. D’une portée autobiographique assumée qui aborde des thèmes universels (la famille, la solitude, la construction de soi...) d’une manière toute personnelle, Ada possède une dimension à la lisière du thérapeutique. De la sorte, l'artiste dépeint ce qu’elle ne peut dire et l’apparente simplicité de son scénario pourrait constituer un bémol si l'auteure qu'elle est également ne savait parfaitement rendre compte de ce qui lui apparaît comme essentiel et ce en fort peu de mots.

La magie de l’Art est de pouvoir surgir des endroits les plus inattendus, sublimant l’atonie d’un quotidien en des fulgurances de formes, de couleurs et d’émotions... Un bel album tout en subtilité et en sobriété.

NYMPHEAS NOIRS

© Dupuis 2019 - Duval/&  Cassegrain
Giverny est un musée à ciel ouvert qui cultive le souvenir de Claude Monet. Surgissant d’un passé que d’aucuns voudraient oublier, la mort s’invite à nouveau dans ce petit coin de Normandie, où le temps - suspendu dans quelques méandres – devient une prison pour trois femmes. La première songe aux jours perdus, la seconde désire donner un sens à son présent et la troisième tente de se dessiner un avenir…
Transcrire un roman, surtout à succès, demeure un exercice périlleux et prompt à susciter les comparaisons, faussant ainsi toute analyse objective. 
Avec Les Nymphéas noirs Fred Duval propose une histoire intrigante autant que prenante et subtilement découpée. Huis clos champêtre au milieu d’une campagne artialisée par la présence omnipotente du chef de file de l’Impressionnisme, il s’agit avant tout d’un récit policier qui n’est pas sans rappeler par certains côtés Shutter Island. En miroir, la partition graphique de Didier Cassegrain sait éviter les fantasmes néo-impressionnistes. Dans des tonalités qui rappellent, sans les copier, la signature des coreligionnaires du maître de Giverny, le dessinateur de la turbulente jeunesse de Carmen Mc Callum dégage une réelle esthétique. Sobre et efficace, le trait semi-réaliste appuie habilement les premiers plans pour les faire ressortir d’un fond souvent de pure forme, concentrant ainsi l'attention sur l'important et laissant l'imagination se charger d'impressions...
Graphiquement maîtrisée et parfaitement écrite, cette variation immersive des Nymphéas noirs de Michel Bussi se suffit à elle-même et ne devrait pas laisser indifférents ceux qui s’y aventureront au risque d’être quelque peu troublés, lors du retour à la réalité !

MARSHAL BASS

#4. Yuma 

© Delcourt 2019 - Macan & Kordey
River Bass est en quête de rédemption et pour cela, il accepte de défier Thomas Powell, un politicien déchu, au pénitencier de Yuma. C’est comme se jeter dans un nid de serpents… pas évident d’en ressortir vivant !

Quatrième épisode pour ce marshal atypique auquel Darko Macan donne vie. Mû par une hargne à survivre et une rage de croire à des jours meilleurs, River Bass traverse un Far-West qui ne lui épargne rien. Si, par certains excès, un rapprochement pourrait être fait avec un illustre aîné chilien, le scénariste croate se contente de démontrer les turpitudes de l’âme humaine, même si aujourd’hui cela peut paraître quelque peu outrancier. À noter que sur ce quasi-huis clos carcéral, la violence, qu’elle soit physique ou psychologique, demeure dans des limites étrangement crédibles, comme quoi il est possible de s’habituer à (presque) tout ! 

Si cette série se base sur la psyché tourmentée de ses protagonistes de manière très typée, le dessin d’Igor Kordey participe pour beaucoup à cette spécificité. En sept cases par planches, il prend ses aises privilégiant les angles de vue qui mettent en valeur les physionomies, un geste, une expression. 

Sombre malgré le soleil qui plombe l’Arizona, Yuma traîne sa dose de sueur et de poussière et ne laisse que peu de doutes sur ce qu’a pu être la conquête des immensités de l’Ouest américain.