© Dupuis 2019 - Duval/& Cassegrain |
Giverny est un musée à ciel
ouvert qui cultive le souvenir de Claude Monet. Surgissant d’un passé
que d’aucuns voudraient oublier, la mort s’invite à nouveau dans ce
petit coin de Normandie, où le temps - suspendu dans quelques méandres –
devient une prison pour trois femmes. La première songe aux jours
perdus, la seconde désire donner un sens à son présent et la troisième
tente de se dessiner un avenir…
Transcrire
un roman, surtout à succès, demeure un exercice périlleux et prompt à
susciter les comparaisons, faussant ainsi toute analyse objective.
Avec
Les Nymphéas noirs Fred Duval propose une histoire intrigante autant
que prenante et subtilement découpée. Huis clos champêtre au milieu
d’une campagne artialisée par la présence omnipotente du chef de file de
l’Impressionnisme, il s’agit avant tout d’un récit policier qui n’est
pas sans rappeler par certains côtés Shutter Island. En miroir, la
partition graphique de Didier Cassegrain sait éviter les fantasmes
néo-impressionnistes. Dans des tonalités qui rappellent, sans les
copier, la signature des coreligionnaires du maître de Giverny, le
dessinateur de la turbulente jeunesse de Carmen Mc Callum dégage une
réelle esthétique. Sobre et efficace, le trait semi-réaliste appuie
habilement les premiers plans pour les faire ressortir d’un fond souvent
de pure forme, concentrant ainsi l'attention sur l'important et
laissant l'imagination se charger d'impressions...
Graphiquement
maîtrisée et parfaitement écrite, cette variation immersive des
Nymphéas noirs de Michel Bussi se suffit à elle-même et ne devrait pas
laisser indifférents ceux qui s’y aventureront au risque d’être quelque
peu troublés, lors du retour à la réalité !
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