6. Nuit étoilée
© Glénat 2018 - Melanÿn & Vincent |
Dernier épisode d’un scénario initialement destiné à la télévision, Nuit
étoilée permet à Chimère de cicatriser ses blessures et de refermer
toutes les portes !
Il est désormais révolu le temps où cette gamine
vendait sa virginité aux enchères. Il faut dire que, de nos jours, faire
entrer une enfant dans un bordel, il n’y avait que Georges Lévis qui
avait osé, mais c’était avant ! Toutefois le registre de Melanÿn et
Christophe Pelinq est bien différent et le destin de la fillette se
tisse avec celui des grands hommes du moment et des affaires de
l'époque. Ainsi en est-il de la fin des rêves panaméens de Ferdinand de
Lesseps, des débuts du cinéma ou de la mort prématurée d’un peintre
maudit qui deviendra - quelques décennies plus tard - la figure
emblématique du postimpressionnisme. Si la vie de Chimère n’est que pure
fantaisie, elle a pour toile de fond le film de ce XIXe siècle qui tire
à sa fin.
Sur cette série aux dialogues denses et aux décors chargés,
Vincent réussit à apporter de la légèreté à un récit qui ne l’est pas.
Marqué par un trait anguleux semi-réaliste qui tourne toujours
imperceptiblement vers la caricature, ses planches permettent aux
séquences de s’enchaîner avec une aisance travaillée et à Morgil de
mettre joliment en couleurs le scabreux comme le sordide.
Autrefois
victime, hier coupable, la jeune tenancière de la Perle Pourpre trouve
aujourd’hui la force de pardonner et de tout effacer, comme si rien
n’avait existé… Un happy-end réjouissant et un tantinet facile, mais
après tout pourquoi Chimère n’aurait-elle pas droit, elle aussi, à sa
part de bonheur ?
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