© Rue de Sèvres 2018 - Rébéna |
Doit-on juger d’une adaptation au regard de l’œuvre adaptée ou
pour elle-même, se demanda-t-il ? Après un bref instant de réflexion, il
reposa le livre et la bande dessinée sur la table basse et se dit que
cet éternel dilemme était sans importance, car s’il était normal de
comparer les choses, encore devaient-elles être comparables !
Paresseux
mais consciencieux, il avait achevé une lecture laissée en suspens
depuis près de trente ans. Cet exercice eut le mérite de raviver
quelques images d'un été passé, de pages finalement abandonnées sur la
plage, d’une insupportable futilité intellectualisée et d’un
dilettantisme égocentrique aussi sadique que puéril ! De cela, il ne
retrouvait que peu de chose dans le travail de Frédéric Rébéna.
L’histoire était – malgré nombre de petits changements - globalement la
même. Toutefois, elle pâtissait de cet ascendant que le verbe prend
généralement sur l’image : lire un roman, c’est s’imaginer, lire une
bande dessinée, c’est regarder…
Dans le cas présent, les dialogues
apparaissent comme plaqués sur des cases, telles des balises permettant
la correspondance entre le roman et l'album, sans cependant faire
totalement sens avec le récit ! In fine, ne s’agissait-il pas d’une
succession de passages se prêtant au mieux à une transcription
graphique, de morceaux choisis et amendés uniquement dans le dessein de
s’émanciper d’une autrice par trop envahissante ? Tentative vaine et
inutile car, à l’évidence, il n’y avait pas de réelle volonté de rompre
avec le fil narratif originel, seulement de le mettre en images. À ce
propos, il remarqua que les physionomies épurées, l’ombrage aux traits
appuyés et une colorisation jouant du noir portaient l’esthétique de
Bonjour tristesse, mais passaient à côté des désirs et des névroses des
personnages.
S’arrêtant là, il se dit que son erreur fut de relire
Sagan, avant !
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