© Mosquito 2017 - Barbato & Roi |
Énigmatique, Ut s’inscrit dans la lignée de ces séries qui ne
laissent pas indifférent et pourrait - pour peu que le hasard y pourvoie
- devenir culte pour d’aucuns.
Cela a déjà été dit, mais
Histéria entérine définitivement le fait, Corrado Roi fait preuve d’une
maîtrise du noir et blanc qui frôle la perfection. La technicité
chirurgicale de son trait et la charge émotionnelle qui s'en dégage,
entraînent de concert le lecteur vers des horizons aussi déconcertants
qu’inusités. Il serait prétentieux de parler d’Art mais, par certains
aspects, nombre de planches tutoient le concept.
Cependant,
comment ne pas être réducteur ou caricatural avec ce pavé de plus de
six cents pages. Plus que des mots, ce sont des impressions confuses qui
subsistent, ainsi que le vague sentiment d’avoir fortuitement compris
l’essentiel. Ut est un cauchemar où le primal l’emporte sur la raison.
Là réside peut-être sa magie, car si le fil rouge demeure mystérieux, il
faut reconnaître cependant qu’un semblant de récit prend corps dans les
ruelles d’une ville fantomatique ou à l’intérieur d’une maison utérine.
Toutefois, savoir où Paola Barbato souhaite nous conduire relève de la
pure spéculation. Manifestement, Corrado Roi y a mis du sien, mais il
est évident aussi, connaissant l’importance que la scénariste italienne
accorde à la psychologie chaotique de ses personnages dans ses romans,
qu’il faille essayer de rechercher - dans cet univers "lovecraftien" -
quelles allégories.
Triptyque à l’esthétique troublante et à l’ambiguïté singulière, Ut est indéniablement l'une des révélations de l'année.
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